M. Virapoullé handicape le débat sur la santé

8 décembre 2007

M. Jean-Paul Virapoullé vient de lancer une offensive contre la majoration appliquée sur le prix des médicaments outre-mer. Pour le moment, rien n’est arrêté. Une précédente expérience appelle à la prudence : la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer imposait un prix du livre identique dans les DOM comme en Métropole. La réalité (frais d’approche, stockage) n’a pas permis la mise en application du dispositif. En visite à La Réunion, la Ministre de la Santé. Mme Roselyne Bachelot, a fait sur le sujet des déclarations prudentes.
On peut s’interroger et se demander si l’opération n’est pas un coup de bluff. Car, au final, les Réunionnais seront assujettis à la franchise médicale.
Or, il n’y a pas que les médicaments qui sont surévalués à La Réunion. Les honoraires médicaux et les frais hospitaliers y sont aussi plus élevés qu’en Métropole. Il aurait donc fallu non pas se focaliser sur la seule question du prix des médicaments mais tout mettre sur la table.
Dans une « contribution sur l’emploi dans les secteurs de la santé, du médico-social et du social », adoptée le 30 novembre 2004, le CESR note : « la mission de service public en matière de santé, déléguée tant au niveau du privé que du public, mérite que soit menée une harmonisation au niveau des rémunérations ». L’initiative de M. Virapoullé n’intègre pas cette préoccupation. La contribution du CESR constate une densité des professions de santé insuffisante à La Réunion par rapport à la Métropole. Pour l’ensemble des médecins, la densité dans notre île est de 219 pour 100.000 habitants contre 321 en Métropole. On observe le même phénomène dans les autres professions de la santé (pharmaciens, chirurgiens-dentistes, kinésithérapeutes, infirmiers...) Cette offre de soin insuffisante génère un coût supplémentaire pour l’Assurance Maladie : l’insuffisance de moyens en transports collectifs oblige en effet à recourir au transport par ambulance qui est remboursé par la CGSS.
En instaurant une franchise médicale, le gouvernement tente de réduire le déficit de la sécurité sociale. Le rapport sur l’évaluation du dispositif d’exonérations de charges sociales spécifiques à l’outre-mer, rendu public en juillet 2006, souligne la faiblesse du taux de recouvrement des cotisations. L’accumulation des dettes met en cause l’efficacité même du dispositif. Cumulée, la dette martiniquaise équivaut à une année pleine d’exonérations dans ce département. Parmi les débiteurs, le rapport souligne la présence des "collectivités publiques" dont l’Etat mais aussi les hôpitaux.
L’initiative de M. Virapoullé consiste à dresser un rideau de fumée et permet d’éviter que l’on ne débat pas d’une série d’autres questions. En somme, elle ne permet pas d’ouvrir un débat sur la mise en œuvre d’une politique efficace de santé à La Réunion.

Pierre Vergès


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus