La Région pour un service de Prophylaxie à La Réunion le plus vite possible...

... mais sous certaines conditions

12 octobre 2006

Dans un communiqué, la Région a voulu répondre dans les meilleurs délais à la demande du Préfet, au sujet de la création du GIP (Groupement d’Intérêt Public) ’Service de Prophylaxie de La Réunion’. Mais pour la collectivité, trois conditions subordonnent son adhésion.

Il convient de préciser que bien que cela ne soit pas de ses compétences, la Région a tenu à apporter quelques éléments de réflexion pour la création effective et efficace de ce service absolument nécessaire pur La Réunion.
Dans un communiqué, elle affirme qu’elle "a toujours souligné l’urgence de la mise en place d’un véritable service de prophylaxie efficace et pérenne à La Réunion, compte tenu du danger de propagation du chikungunya, mais également d’autres maladies émergentes qui pourraient survenir".
C’est dans cet esprit qu’une motion a été présentée lors de la dernière Assemblée plénière du Conseil régional le 23 août dernier, signée à l’unanimité des membres présents.
Par correspondance en date du 5 septembre 2006, le Préfet de La Réunion a transmis à La Région un projet de statut pour un GIP (Groupement d’Intérêt Public) dénommé “Service de Prophylaxie de La Réunion”. Afin d’installer cette instance avant l’arrivée de l’été austral, le Préfet requiert l’avis de la Région pour adhérer à ce GIP.
La Commission permanente réunie ce 10 octobre 2006 soutient l’initiative de mettre en place rapidement un GIP “Service de Prophylaxie de La Réunion”. Toutefois, pour les élus, si cette initiative est une réponse à l’urgence, elle doit revêtir un caractère provisoire ; car dans l’état actuel des propositions, elle ne représente pas un véritable service de prophylaxie dont la création et la mise en place est indispensable très rapidement.

Trois conditions

Les élus de la Commission permanente ont émis un avis favorable à l’adhésion de la Région qui, au regard de la situation exceptionnelle, "interviendra hors de son champ de compétences pour une durée maximale de 2 ans au GIP qui sera constitué sous réserve que certaines observations et modifications soient apportées d’une part au projet de convention constitutive du GIP, et d’autre part à la proposition de contribution des membres à la date de création du GIP".
Pour la Région, l’adhésion est subordonnée par 3 conditions.
Tout d’abord la "modification de l’appellation de la dénomination par GIP "Renforcement du Service de Prophylaxie de La Réunion" car celui-ci ne doit pas se substituer au service de prophylaxie relevant de la compétence de l’État et /ou du Département (si transfert)".
Ensuite, "la précision selon laquelle l’article 72 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux responsabilités locales stipule que “la définition des mesures de lutte contre les maladies transmises par l’intermédiaire d’insectes relève de la compétence de l’État”". Enfin, "l’inclusion d’une clause indiquant que les adhérents pourront, après un préavis de 6 mois, quitter le groupement". Cela peut paraître des questions de détails, mais chaque mot a son importance et les décisions en découlent. Il s’agit donc bien de se mettre d’accord sur les termes de cet accord.

Pérenniser les emplois aidés

S’agissant des moyens mis à disposition du GIP, la Commission permanente de la Région rappelle que la mobilisation des associations "emplois verts" début 2006 avait été rendue nécessaire en l’absence d’un véritable service de prophylaxie et n’est donc pas amenée à se pérenniser. Aussi, la Région ne saurait s’inscrire dans un dispositif pérenne avec du personnel permanent et interviendra prioritairement dans le cadre de ses compétences.
Les élus rappellent également leur souhait que les personnels recrutés en emplois aidés, engagés sur le terrain dans les travaux de démoustication et ayant ainsi acquis une expérience, soient prioritairement pris en compte pour favoriser leur possible intégration de manière durable au sein du service de prophylaxie.
À titre transitoire, et si la situation le nécessite, les élus proposent de maintenir la possibilité de redéployer les associations “emplois-verts” en activité pour participer à la lutte anti-vectorielle aux côtés des moyens mobilisés par l’État et sous la coordination de la DRASS, et cela, dans les mêmes conditions que lors de la dernière crise épidémique. Cette mobilisation s’effectuera sous réserve de l’accord des associations qui emploient le personnel en contrats aidés ainsi que les encadrants.


Projet de mobilisation communautaire pour l’utilisation des moustiquaires

Par ailleurs, les élus de la Commission permanente ont donné leur accord pour engager les 216.000 euros attribués à la Région par l’ARF, afin de mener un projet de fabrication et /ou de distribution de moustiquaires comprenant :

- une opération pilote de fabrication de moustiquaires et protection des habitations

- en complément aux moustiquaires qui seront fabriquées localement, l’achat de 15.000 moustiquaires qui seront mises à disposition gratuitement des associations pour les distribuer aux personnes les plus vulnérables (et les installer si nécessaire ).

- l’attribution d’une aide aux associations participant à la mise en œuvre de cette action.
Avec ce projet, il s’agit pour la Région : d’obtenir un changement dans le comportement des individus, des familles et des institutions publiques, par une réappropriation de l’utilisation de moustiquaires dans le mode de vie des habitants de l’île ; d’impliquer des personnes menant une action solidaire économique et sociale pour la fabrication et la distribution de moustiquaires à La Réunion ; de mener une véritable action qui s’inscrive sur le long terme, dans le souci d’un développement durable ; de mettre en œuvre une politique répondant à l’esprit de la solidarité nationale et aux préconisations de l’OMS.

Commentaires

La presse s’est étonnée de la "timidité" de la collectivité territoriale, pour ne pas dire du "frein" qu’elle serait en train d’actionner devant le projet de ce service de prophylaxie. Sans faire injure à nos confrères, il faut quand même rappeler que la Région s’est impliquée, par le passé, et continue de s’impliquer dans la lutte contre le chikungunya. A son initiative, embauche de 850 emplois verts, son implication dans la recherche avec une cellule locale et nationale, la création du groupe pluri-disciplinaire rassemblant tous les acteurs de la lutte contre le chikungunya (associations, scientifiques, collectivités...), l’organisation de l’opération contre le chik avec les artistes réunionnais, la médiatisation sur le plan national d’une opération de sensibilisation des responsables nationaux... etc...
Voilà entre autres ce dont auraient pu se souvenir nos confrères. Mais l’oubli semble être le quotidien de certains, où un événement chasse l’autre.
En attendant, ni timidité ni frein, la Région au contraire pose les questions essentielles pour établir un service de prophylaxie pérenne. N’est-ce pas le principal ?

A.I.C.


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