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Manifestation contre le racisme à Gillot
8 juillet 2006
Une soixantaine de représentants d’association, de militants culturels et de personnalités ont réservé hier matin à Gillot un accueil chaud à Marine Le Pen et à Huguette Fatna - l’alibi du Front National - avec des slogans comme ’rasis déor !’, ’éradiquons le Marinus albopictus’. Derrière ces slogans, c’est un véritable discours anti-raciste et un appel à la vigilance que les organisateurs de la manifestation revendiquent.
Dès 8h30 hier matin, des dizaines de militants attendaient le pied ferme Marine Le Pen à Gillot pour lui signifier que ses idées sont franchement indésirables dans notre île. On pouvait reconnaître parmi eux Ghislaine Bessière de Rasine Kaf, Eddy Babet et Sofi Rotbard de Art Sénik, Jean-Paul Mélade de la Ligue des droits de l’Homme, Laurent Médéa de KRK, Lanzistisman, la FSU, Nasion Kaf, Ankraké, et plusieurs autres mouvements.
La presse bousculée par les forces de l’ordre
Marine Le Pen, flanquée d’une Huguette Fatna à ses côtés, débarqua de son avion et se retrouva face aux manifestants. Après quelques secondes de surprise qui se lisait sur son visage, elle s’est réfugiée dans un sourire jaune jusqu’à ce qu’elle gagne un taxi. Exercice pour le moins rendu difficile par les manifestants qui lui ont, de façon très ferme, signifié qu’elle et ses idées sont indésirables sur le territoire réunionnais.
On pouvait s’attendre à ce que dans une démocratie, la presse puisse sereinement couvrir un événement sans être inquiétée par ceux-là mêmes qui sont censés garantir l’ordre public. Mais ce sont justement les forces de l’ordre qui ont bousculé des journalistes pourtant ostensiblement munis de caméras ou autres appareils photos. Déplorable attitude, indigne d’une démocratie, avec un goût particulièrement amer quand la manifestation concerne le Front National...
En tout état de cause, les organisateurs appellent le plus grand nombre à manifester leur hostilité contre le racisme devant l’hôtel Le Créolia aujourd’hui à 9 heures où Marine Le Pen tient un séminaire de formation des cadres réunionnais du FN.
Younous Ahamed
o Laurent Médéa de KRK
"Tout domoun la u lo minm réaksion, minm slogan"
"Mi panss ke tou sinpleman, la pa mobilizé inta domoun. Par kont, domoun lété là, la mèt in atmosfèr èk in lanbianss tré danss. Kan Marine Le Pen la aparu, la u in monté, in nafèr kaziman biolojik, domoun té indinié. Tout domoun la u lo minm réaksion, minm slogan. Sa la surpri bann Marine Le Pen. Sé po saminm èl la ri jone. Moin mi té atann pa sa. La venu dé trip domoun. Épi navé lo madam Fatna. La foul manifèstan in moman doné la byin konpri kèl lé in noir alibi. Kann banna la débarké, la débark an star. Lé flik té oblizé nir antour zot. Mi trouv sé in laksion pozitiv. Ni apèl ankor bann rénioné nir demin (NDRL - aujourd’hui) 9h dovan lotèl kréolia sinndi po in rasanbléman kont lo rasism".
o Ghislaine Bessière de l’association Lanzistisman
"... une véritable réflexion à mener ensemble"
"Nous étions à Gillot pour manifester contre Le Pen, contre ses idées. Malgré tout, on peut considérer qu’il y a eu une bonne mobilisation. Nous étions tous conscients que la venue de Marine Le Pen à La Réunion constitue un danger. Surtout, savoir que des Réunionnais participent à cet endoctrinement, c’est un problème.
Au-delà de la mobilisation contre le FN, nous avons un combat à construire, une véritable réflexion à mener ensemble pour que La Réunion reste à tout jamais une société plurielle où le sens de l’unité demeure notre fil conducteur".
o Ida Latchimy (militante anti-raciste)
"Elle n’a rien à faire ici"
"En tant que cafrine descendante d’esclave, je ne peux accepter que les idées du Front National soient développées à La Réunion. Marine Le Pen n’a rien à faire ici. Le Président de son parti a dit qu’il y avait trop de Noirs en équipe de France. Ici c’est toute La Réunion qui est Noire, Blanche, Jaune, de toutes les couleurs. Il faut que Madame Le Pen quitte La Réunion".
o Monique Couderc (CGTR)
"La Réunion ne peut accepter la xénophobie"
"Il était important que des associations et des syndicats se regroupent en collectif pour dire que La Réunion ne peut accepter que l’on vienne structurer la pensée raciste et xénophobe. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Marine Le Pen vient former des cadres du FN à la meilleure façon de développer et d’installer une politique raciste. La Réunion, île plurielle et multiculturelle, n’a rien à faire de tels personnages. Il faudrait aussi que les personnes qui, localement, se reconnaissent dans les prises de positions du FN, se remettent en cause. Leur implication politique est hors normes et honteuse dans une île multiculturelle".
o Ghislaine Bessière de l’association Lanzistisman
"Tir malol dann zot zyé"
"Le racisme ne passera pas à La Réunion. Nous sommes plusieurs associations à le dire. C’est important dans une île aux origines multiples et aux ancêtres issus de toutes les civilisations. La présence de Marine Le Pen dans l’île nous interpelle d’autant plus qu’elle vient former des personnes vivant à La Réunion. I fo vréman bann la i tir malol dann zot zyé. Nous ne les laisserons pas faire, le combat continue. Nous n’accepterons pas que l’on vienne infiltrer à La Réunion qu’il y a des gens indésirables. Ce sont les personnes qui prétendent cela qui sont indésirables".
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