Fin de la visite du président de la République en Martinique et en Guadeloupe

Martiniquais et Guadeloupéens invités à proposer un projet alternatif de société

29 juin 2009, par Manuel Marchal

Face à une situation actuelle qui ne peut plus durer, les Martiniquais et les Guadeloupéens sont invités à faire des propositions. C’est le principal enseignement du premier voyage officiel du président de la République après son discours devant le Congrès des députés et sénateurs.

Jeudi et vendredi derniers, le président de la République s’est rendu en Martinique puis en Guadeloupe. Ce sont deux pays qui ont connu au début de l’année une grève générale qui a duré plus d’un mois. La visite s’est donc déroulée dans un contexte social tendu.
De cet événement, il est possible de retenir deux choses.
Tout d’abord, le président de la République tente d’aller au-devant des préoccupation des populations des Antilles en évoquant la construction d’un « nouveau projet de société ». Lors de sa rencontre avec les responsables des États généraux de Martinique, Nicolas Sarkozy avait rappelé plusieurs fois que le statu quo est impossible, car le taux de chômage de plus de 22% que connaît ce pays est la « description » d’un modèle qui ne marche plus. Le président de la République lance donc l’idée de faire remonter les propositions dans le cadre des États généraux, comme le formule son appel aux Guadeloupéens : « Que ceux qui ont un projet alternatif de société pour la Guadeloupe l’exposent ! ».

Choisir un destin dans la République

Ensuite, le président de la République a fait un acte de reconnaissance de l’identité politique des Martiniquais et des Guadeloupéens en leur indiquant qu’ils peuvent faire des propositions d’évolution institutionnelle. Il renvoie les Antillais à la possibilité de choisir leur destin dans le cadre de la République, précisant que toute proposition sera validée en dernier ressort par les électeurs. En Martinique et en Guadeloupe, Nicolas Sarkozy a confirmé les discours tenus par Jacques Chirac à Madiana et à Champ-Fleuri, quand ce dernier avait déjà indiqué que tout était possible dans le cadre de la Constitution. Aux Guadeloupéens, il a affirmé que « les articles 73 et 74 de notre Constitution sont très souples. Ils permettent d’envisager divers degrés d’autonomie, ainsi qu’une organisation politique adaptée au contexte insulaire ».
Mais c’est la première fois que les Antillais entendent un président de la République leur dire de prendre leurs responsabilités.

Des propositions combattues durant des décennies

Il s’avère que face aux réalités concrètes, et devant l’impasse dans laquelle se trouvent la Martinique et la Guadeloupe, le président de la République expose des propositions combattues à La Réunion pendant des décennies. C’est par exemple sa description de l’autonomie en Martinique et l’annonce d’un référendum, avec un débat où doivent être bannies « la caricature et les fausses informations destinées à provoquer des peurs irrationnelles dans la population ». C’est en Guadeloupe des pistes de réflexions, comme par exemple : « pourquoi ne pas imaginer, finalement, un nouvel équilibre entre une collectivité unique regroupant conseils régional et général, un Etat déconcentré, doté de pouvoirs accrus au niveau local, et une nouvelle organisation économique puissante, dédiée à la promotion du développement endogène ? ».
Ces deux discours d’un président de la République montrent combien du temps et de l’énergie ont été perdus à La Réunion pendant de trop nombreuses années. Ceux qui jusqu’à présent s’opposaient à tout progrès utilisaient la peur pour tenter de maintenir un vivier électoral, mais ne proposaient rien pour régler les problèmes fondamentaux : taux de chômage supérieur à 25%, 120.000 illettrés, plus de 25.000 familles sur liste d’attente d’un logement social, la vie trop chère… Ces tenant de l’immobilisme n’ont toujours aucun projet alternatif.

Un projet réunionnais alternatif déjà validé

Si les États généraux de l’Outre-mer sont une démarche destinée à solliciter des propositions en vue de déboucher sur un projet, en ce qui concerne La Réunion, le projet alternatif a déjà été validé lors de la présidentielle par la classe politique française. C’est la plate-forme de l’Alliance proposée par le président de l’Alliance à tous les candidats à la présidentielle. Ce document est donc déposé depuis deux ans, il est un programme consensuel, qui fait la synthèse de toutes les discussions à La Réunion à ce moment là.
Si on avait pris ce document pour faire l’étude de sa faisabilité, il devenait le projet de La Réunion, et aussi le projet du gouvernement et le projet de la France. Cette étude de faisabilité aurait débouché sur la nécessité de moyens institutionnels supplémentaires pour son application.
Ce projet alternatif ne pourrait-il pas constituer une base de travail pour aller au-devant des préoccupations de Réunionnais, une contribution à verser aux États généraux ?

Manuel Marchal

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