Mémoire vivante

19 octobre 2012

17 Octobre 1961 : réprimant une manifestation de travailleurs algériens, la police, menée par le Préfet de police Maurice Papon - qui agît dit-on pistolet au poing - assassine près de 300 personnes. Un épisode de la guerre d’Algérie finissante, que l’histoire retiendra sous un vocable d’une macabre ironie les « noyades par balles ». La suite la plus connue de ces évènements est celle d’un oubli d’Etat, d’une dissimulation et d’un déni, pas mêmes troublés par la comparution devant le justice de M. Papon. Jugé pour sa participation au régime de Vichy, il ne fut pas inquiété pour les « noyades par balles », ni d’ailleurs pour les morts de la station « Charonne », en 1962, massacre de militants opposés à la guerre d’Algérie commis, là encore, sous son autorité. A La Réunion, le 17 Octobre 1961 eut des effets considérables : engagé dans la lutte pour l’Autonomie, le PCR soutenait activement le combat du peuple algérien. Pour briser le mur du silence, « Témoignages » publia dans ses pages des articles de « l’Humanité » et du « Monde ». Un acte qui valut à Paul Vergès, deux ans plus tard, une injuste condamnation… à laquelle ce dernier répliqua par une clandestinité qui devait durer plus de deux années.

Noyades coloniales

Ainsi, loin du Maghreb, loin de la France alors que l’information était verrouillée et les moyens de transports réduits, les Réunionnais démontraient qu’une solidarité et même une continuité des luttes pouvaient être construites. Aujourd’hui, le Parti en reconstruction interroge sa mémoire ; et c’est naturellement qu’il se tourne vers ce crime colonial commis en plein Paris et ses répercussions ici. Mais ne devons-nous pas utiliser ce recours au passé pour construire les combats du présent ? Chaque semaine ou presque, d’autres noyades, tout aussi imputables à une politique qui reste autoritaire et marquée par le colonialisme ont lieu, à quelques encablure de La Réunion. Ce sont les dramatiques naufrages de kwassa-kwassa, qui ont englouti depuis 1995 des centaines de femmes et d’hommes, victimes de la barrière légale instaurée par la France à la libre-circulation entre Anjouan et Mayotte. Le PCR est la seule organisation qui, régulièrement, fait part de son indignation. Mais ne pourrions-nous pas intensifier la critique de la politique menée par le Gouvernement français à Mayotte… et ainsi, donner à la mémoire de nos engagements passés, le retentissement d’un engagement réaffirmé auprès des peuples écrasés ?
 

 Geoffroy Géraud Legros 


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