Toujours pas de changement pour les abandonnés

Mettons tout sur la table avant qu’il ne soit trop tard

15 octobre 2012, par Manuel Marchal

Au moment où le gouvernement fixe le cadre de sa politique, donnera-t-il un signe positif à La Réunion ? Annoncée trois semaines après le vote d’une loi destinée à corriger quelques aspects négatifs à la marge, une conférence sociale et économique pourrait se tenir sur notre île. Cette annonce est-elle de nature à rendre espoir à tous les abandonnés ?

Plus de 158.000 demandeurs d’emploi inscrit à Pôle Emploi ; 60% des jeunes au chômage ; plus de 25.000 familles privées de logement, plus de 120.000 illettrés… la liste est longue.

(photo d’archives Imaz Press Runion)

Cinq mois après l’alternance en France, la situation de La Réunion n’a pas changé.

Au lendemain des élections législatives, le Parti communiste réunionnais avait publié une déclaration dans laquelle il insistait sur la responsabilité de la nouvelle majorité parlementaire. L’urgence est telle dans notre pays que les actions du gouvernement doivent se traduire en signe de changement, disait en substance la déclaration.

Depuis l’entrée en fonction des députés, l’Outre-mer en général, et La Réunion en particulier, ont été concernés par des mesures du gouvernement.

(photo darchives M.M.)

Dans les semaines qui ont suivi l’élection des députés, il a été question de la répartition des postes pour la rentrée scolaire. L’année précédente et cette année, l’ancien gouvernement avait inscrit dans le budget une baisse des effectifs et des fermetures de classe. L’alternance devait être le moment de remettre en cause cette tendance. Mais le peu de postes attribués à La Réunion, une quinzaine, est loin de permettre une remise à niveau. C’était la déception, surtout avec 7 députés se disant dans la majorité.

Les premiers actes

À la mi-août, les maires découvrent que le nombre de contrats-aidés attribués par l’État ne leur permet pas de faire fonctionner les écoles dans de bonnes conditions. À La Réunion, le recours à des personnels précaires pour répondre à des besoins permanents est une des particularités de la fonction publique territoriale. Elle découle notamment de l’inégalité de traitement imposée par les gouvernements successifs, qui oblige les communes de La Réunion à verser sur leurs fonds propres une prime de vie chère de 35% à ses titulaires, sans que le pouvoir central ne prenne cette dépense en charge.

(photo darchives P.B.)

À l’heure des comptes, il manque au moins 2.000 contrats. Les 900 contrats supplémentaires annoncés par l’État ne sont pas suffisants. Ce sont donc des services en moins pour les jeunes et leurs familles, déception.

Le troisième rendez-vous était la loi contre la vie chère présentée par le gouvernement. Elle vient d’être votée. Si elle pourra permettre de corriger quelques effets négatifs à la marge, elle ne changera pas fondamentalement les choses. Et cela d’autant plus que ses promoteurs préviennent qu’un temps devra s’écouler avant que les mesures inscrites dans la loi puissent faire effet.

Proposition du PCR

Lors du débat parlementaire, Paul Vergès a été le seul à poser le problème de l’inégalité des revenus. Car si la vie est chère, elle l’est pour tout le monde. Comment alors expliquer que l’État décide de verser une prime pour acheter cette vie chère uniquement à ses agents, et ne l’étend pas à tous ceux dont il détermine les revenus : travailleurs payés au SMIC, allocataires de minima sociaux, retraités… ?

Force est de constater que cinq mois après l’arrivée du nouveau gouvernement, les signes du changement se font attendre.

À La Réunion, le Parti communiste réunionnais n’eut de cesse d’alerter sur la gravité de la situation. Le 11 juillet dernier, il fait part publiquement de sa proposition au gouvernement : la tenue d’une conférence sociale, économique et environnementale à La Réunion pour tracer une feuille de route jusqu’en 2017. Cette proposition est renouvelée le 22 août lors d’une conférence de presse réunissant une partie du Conseil de la Reconstruction, elle est accompagnée d’un courrier adressé au président de la République.

Si le PCR souhaite qu’une telle conférence soit organisée dans notre pays, c’est pour qu’un maximum de Réunionnais puisse s’en emparer. Plus large sera la concertation, et plus rassembleur sera le projet réunionnais qui pourra être négocié en direct ici à La Réunion avec Paris.

Le point de non-retour approche

Samedi, le "Journal de l’île" annonce qu’une conférence serait dans les tuyaux. Elle se déroulerait les 29 et 30 octobre à La Réunion. Elle serait précédée d’une rencontre du même type à Mayotte demain 16 octobre. Ce qui se passera demain dans l’île aux Parfums permettra d’avoir un aperçu de ce qui est prévu pour notre île deux semaines plus tard.

Si cette conférence se confirme, alors ce délai pourra être mis à profit pour veiller à ce qu’aucune question de fond ne soit éludée, en particulier les inégalités de revenus et la lutte contre le chômage.

Le moment est important, car nous approchons de la date à partir de laquelle il ne sera plus possible de redonner un espoir aux abandonnés. En février, La Réunion s’était embrasée et aujourd’hui, la situation est encore plus grave qu’en février.

Manuel Marchal


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