Visite du secrétaire d’État à l’Outre-Mer

Minatchy invite Estrosi à venir toucher un bout de canne

1er octobre 2007, par Edith Poulbassia

Les agriculteurs sont surpris. Pour sa première visite à la Réunion, en pleine campagne sucrière, le secrétaire d’État à l’Outre-Mer n’a pas prévu de les rencontrer. Les sujets de discussion ne manque pourtant pas. Loi-programme, retraite des agriculteurs, APE (accords de partenariat économique). Les planteurs rappellent que l’agriculture fait partie intégrante de l’économie réunionnaise.

Trois visites ministérielles en un mois de récolte. Michèle Alliot-Marie ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des collectivités locales, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, tous deux se sont donné la peine de se rendre sur des exploitations. Christian Estrosi, secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, responsable de l’économie sur l’ensemble des DOM-TOM ne fera pas de même. Il se limite à l’usine de Bois-Rouge à Saint-André et au CERF à la Bretagne. Ces lieux-ci n’ont pourtant pas le plus besoin d’un échange avec Christian Estrosi. Jean-Yves Minatchy l’invite donc à profiter de son passage dans l’Est pour « toucher un bout de canne » à Sainte-Suzanne, ou Saint-André, en présence des planteurs. « Sans eux, l’usine, le CERF existeraient-ils ? Pourquoi ne pas commencer par le commencement ? Rencontrer les planteurs sur leurs exploitations ? », demande le Président de la Chambre d’Agriculture. « Ce n’est ni l’usine de Bois-Rouge, ni le CERF qui ont subi directement la sécheresse, le cyclone Gamède, la mauvaise campagne sucrière », ajoute t-il.

« Nous voulons être traités comme les autres secteurs économiques »

L’oubli des planteurs dans le programme de visite du secrétaire d’État souligne une fois de plus le manque de considération pour ce secteur d’activité. D’ailleurs, Jean-Yves Minatchy le regrette, « la loi-programme ne propose rien pour le secteur agricole, alors que cette loi vise le développement économique en prenant en compte le contexte local de chaque département ». L’agriculture c’est pourtant un chiffre d’affaires qui progresse de 3,1% par an (dans l’hexagone, c’est le contraire), un tiers des chefs d’entreprise, 100.000 personnes qui vivent de ce secteur d’activité, 14 structures qui en dépendent. Les planteurs attendent des décisions pour préserver ce secteur et lui donner les moyens de se développer. D’abord en réduisant les charges considérables qui pèsent sur les planteurs. Exemple cité par Jean-Yves Mintachy, la taxe sur le foncier. « L’État a supprimé la taxe sur le foncier bâti, alors que c’est le foncier non bâti qui pénalise l’agriculture. » Ensuite, les retraites. « Le Président de la République a reconnu qu’il fallait revaloriser les retraites des agriculteurs. Aujourd’hui, la moyenne est de 350 euros par mois. Nous demandons 1000 euros par mois. Ce qui permettrait de libérer les terres pour les jeunes », estime le planteur. Enfin, les APE avec les pays ACP (Afrique Caraïbe Pacifique). « Les accords de partenariat économique n’ont rien à voir avec les conventions successives que l’Union Européenne a signé avec ces pays depuis 1964. Les pays ACP échangent entre eux depuis longtemps, ils ont la capacité de nous concurrencer. Ces accords doivent être signés entre les ACP et les pays de l’Europe continentale. La Réunion doit y être exclue ». Ces accords devraient s’appliquer en janvier 2008.

Edith Poulbassia


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus