Le Port

Monica Govindin : « La jeunesse réunionnaise ne demande qu’à s’engager dans la vie du pays »

Élection cantonale de dimanche prochain

12 mars 2003

À quatre jours de l’élection cantonale partielle du Port dans le 2ème canton, la campagne se poursuit sur le terrain. Pour les forces de progrès qui soutiennent la candidature de Monica Govindin, il s’agit de mobiliser la population pour qu’elle aille voter en masse. En effet, pour que la candidate des ’jeunes pour l’emploi’ soit élue dès dimanche prochain, il faut qu’elle obtienne non seulement la majorité absolue des suffrages exprimés mais également un nombre de voix supérieur à 25% des électeurs inscrits. ’Témoignages’ a posé trois questions à Monica sur le sens de sa campagne.

Vous avez déclaré dans un meeting que la question de l’avenir de l’île vous « interpelle personnellement, intimement ». Qu’est-ce qui vous en a fait prendre conscience ?
Je suis jeune. Je suis une jeune femme. Je suis diplômée. J’ai connu le chômage. J’ai vécu la mobilité. On m’a fait dire que j’étais contre la mobilité. Je suis contre une certaine forme de la mobilité. Celle de la galère. Celle où vous êtes laissé seul avec vous-même. Je suis revenue à La Réunion. J’ai pu obtenir, récemment, un contrat d’emploi-jeune. Je l’ai à peine commencé qu’on me dit que le système ne sera pas renouvelé. Le nouveau gouvernement a décidé de supprimer les emplois-jeunes. Nous sommes entre sept à neuf mille à qui le gouvernement va supprimer notre emploi. Je me suis alors engagée avec les jeunes.
Depuis des mois nous avons mené des combats, des discussions. Il y a eu des avancées. Mais la route est encore longue.

Vous n’êtes pas seuls dans ce combat…
Les emplois-jeunes ne représentent qu’une partie de cette belle jeunesse réunionnaise qui ne demande qu’à s’engager dans la vie de son pays. Nous sommes des milliers de jeunes sans travail. Nous sommes des milliers à être diplômés et sans travail. Nous sommes des milliers à avoir bac, bac +4, bac +5 et à ne pas pouvoir travailler.
Quand je pense à mon cas, quand je réfléchis à ma situation, je pense aussi aux autres jeunes sans travail. Qu’ils soient diplômés ou pas. Dans ma famille, je suis la troisième enfant. Mes deux aînés n’ont pas eu la chance de faire des études. Ils sont arrivés au niveau du collège ou du lycée et ils sont au chômage. Ils désespèrent, doutent. Avec ma mère, nous essayons de leur remonter le moral. Mais notre cas n’est pas isolé.

Le chômage des jeunes est une plaie que partagent toutes les familles de La Réunion. Pensez-vous pouvoir toucher et unir tout le monde ?
En regardant autour de moi, en interrogeant mes copains, mes copines, les jeunes qui se battent pour les emplois-jeunes, je suis arrivée à la conclusion terrifiante que dans chaque famille il y a au moins un chômeur. Dans chaque famille, qu’elle soit riche ou pauvre, de gauche ou de droite, il y a un chômeur. Le chômage frappe de plus en plus ceux qui ont des diplômes. Or, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir des diplômes.
Le chômage, la recherche désespérée d’un travail, la lecture quotidienne des petites annonces, la course au contrat emploi-jeune voire à un C.E.S. : est-ce cela notre avenir ?
Qui peut défendre l’idée que l’avenir des jeunes de La Réunion est dans les petits boulots ou le travail précaire ? Cette année le nombre de C.E.S., de C.E.C. sera en diminution. Comment feront-ils pour vivre ? Petit à petit, je me suis rendue comte que nous ne sommes pas tout seuls, qu’autour de nous il y en a d’autres qui souffrent et qui se battent.

Lettres de soutiens à Monica Govindin
- Réponse à un vieux contribuable
Dans "le JIR" du 27 février, un personnage plus que douteux quant à sa réelle motivation se pose en donneur de leçons à Mme Monica Govindin, jeune réunionnaise et militante associative qui depuis quelque temps déjà se bat pour la jeunesse de notre pays.
Nous, nous sommes un groupe de personnes du Sud, jeunes, retraités, chômeurs, travailleurs, qui, devant les propos honteux de ce monsieur, tenons à réagir et déplorons totalement l’attaque faite à Mme Govindin car nous estimons qu’à travers ces invectives cet individu méprise l’ensemble de la jeunesse.
Oui nous voulons continuer à travailler, oui nous voulons travailler, oui nous voulons que les choses s’améliorent, oui nous soutenons Monica Govindin dans sa bataille pour les emplois-jeunes.
Quant à vous, monsieur, que faites vous ou qu’avez-vous fait si ce n’est attiser avec rancœur une hostilité entre ceux qui ont un travail et ceux qui n’en ont pas ? C’est méprisable et irresponsable. Vous nous faites honte.
Monica, nous te connaissons, nous t’appelons Monica et tu nous réponds. Qui est-il, lui, pour t’appeler Monica ? Tout au plus un valet… Enfin, nous soutenons les propositions que tes amis et toi-même avez formulées pour les emplois-jeunes et les autres emplois précaires. Ce contribuable - qui se qualifie lui même de vieux… dans sa tête à n’en pas douter ! - devrait bien t’écouter avant de verser son venin sur la jeunesse.
Mais ne dit-on pas que la bave du crapaud n’atteint pas les ailes de la blanche colombe ?
À bon entendeur…
Henri et Jacques Bénard, Pierre Sophie et Éric Payet, « vieux contribuable » lui aussi.
- Pas de victoire sans combat
Chère Monica, les épreuves sont dures quand on ne les affronte pas.
Nous, un groupe de femmes de La Rivière Saint-Louis, te félicitons pour ta persévérance, ton optimisme et ta réussite et nous t’apportons tout notre soutien.
La lutte est dure, la lutte vaut la peine d’être vécue. Alors, que le combat continue. Nous sommes avec toi.
Un groupe de femmes de La Rivière Saint-Louis.
- Vive la jeunesse !
Monica, tu lutte pour libérer la jeunesse réunionnaise encore sous le joug des chefs conservateurs qui la privent de sa liberté. La jeunesse de Saint-Leu te félicite pour ton courage. Elle compte sur toi pour son avenir, demain. Ta victoire, le 16 mars, sera la défaite de la réaction réunionnaise et un grand pas en avant pour la jeunesse réunionnaise.
Nous sommes tous avec toi Monica et que vive la jeunesse !
Nathalie Dompy, communiste de Saint-Leu, militante au Port.

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