Ne reproduisons pas le modèle des subprimes à La Réunion !

18 décembre 2008

Didier Robert, Maire du Tampon, vient d’importer à La Réunion le « crédit sur gage » à travers l’installation sur sa commune du crédit municipal de Bordeaux. Il pense ainsi pouvoir résoudre le problème du pouvoir d’achat des Réunionnais. Lorsqu’on analyse la crise actuelle, on s’aperçoit que c’est ce « modèle pourri », qui reposait sur l’endettement des ménages, qui s’est effondré avec la crise des subprimes aux Etats-Unis. Crise qui s’est ensuite propagée à travers le monde et qui continue aujourd’hui à faire des dégâts.

La commune du Tampon mise sur le prêt sur gage pour pallier la baisse du pouvoir d’achat de ses administrés.
Lorsqu’on analyse le partage du PIB (= richesse créée par la société), on constate que la part des salaires diminue d’année en année. On a un partage inégal des richesses. Rappelons que 52% de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de 700 euros par moins). Ce n’est donc pas le crédit qui va résoudre le problème structurel du pouvoir d’achat dans notre société.
Le denier bulletin de l’IEDOM fait ressortir une progression du chômage et de la précarisation sur notre île. En effet, le chômage n’a cessé d’augmenter : +11% sur un an, soit 6.080 demandeurs d’emploi de plus. Les prévisions pour l’année à venir sont également très pessimistes. On estime entre 3.000 et 4.000 suppressions d’emplois rien que dans le secteur du BTP pour 2009.
De même, on assiste à une précarisation des emplois. Le nombre d’emplois durables (contrats dont la durée est supérieure à 6 mois) a chuté de 19,6%, tandis que les offres d’emplois occasionnels (contrats inférieurs à un mois) ont augmenté de 19,4%. L’enquête fait aussi ressortir une progression du nombre de bénéficiaires du RMI (Revenu Minimum d’Insertion) à La Réunion avec un total de 73.766 allocataires.

Endetter les ménages Réunionnais ne va pas régler le problème

Le fait d’accorder des crédits sur gage et d’endetter davantage les ménages réunionnais va-t-il régler leurs problèmes ?
Faisons un bref rappel de l’origine de la crise économique que nous traversons aujourd’hui. Cette crise a débuté aux Etats-Unis par les crédits hypothécaires comparables au crédit sur gage (aux Etats-Unis, les banques ont gagé les biens immobiliers des ménages). Quand les ménages n’ont plus les moyens de vivre du fait d’un partage inégal des richesses, on leur accorde des crédits. On crée donc un public qui vit au-dessus des ses moyens, c’est-à-dire de ses capacités réelles.
Le peu d’argent que les ménages perçoivent sert pour payer leurs dettes, en d’autres termes, pour alimenter les richesses des autres (banquiers, patrons...) jusqu’au moment où le ménage est asphyxié et devient insolvable. C’est à ce moment que le prêteur (banque) saisit le bien gagé ou hypothéqué afin de rembourser les liquidités (la somme empruntée). C’est ce modèle économique qui s’est effondré et a entraîné l’une des plus graves crises de l’histoire que nous connaissons actuellement.

On reproduit le modèle des “subprimes américains” à petite échelle

Aujourd’hui, on reproduit le même modèle au Tampon avec le crédit municipal, à savoir « si vous n’avez pas d’argent, mettez tous vos biens en gage. Et si vous êtes dans l’impossibilité de régler vos dettes, nous allons saisir vos biens puisqu’ils sont gagés ». On reproduit donc ce système qualifié de « système d’actifs pourris » par Gorges W. Bush lui-même. C’est le modèle des subprimes américains, mais à petite échelle.
Face à la crise actuelle, il ne s’agit pas de reproduire à La Réunion un modèle qui s’est effondré et qui a mis à la rue des centaines de milliers de familles. Un modèle qui reposait sur un partage inégal des richesses, un modèle où les ménages continuent de s’endetter pour vivre... Il faut au contraire rassembler tous les Réunionnais autour de l’intérêt général du pays.
Pour régler le problème du pouvoir d’achat des ménages, il faut avant tout leur fournir des emplois avec un salaire décent qui leur permettrait de subvenir à leur besoin par leur travail.

ER.V

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