Chômage, grèves, manifestations

Nécessite de rompre avec 70 ans de néo-colonialisme

14 avril 2016

70 ans après l’abolition du statut colonial, La Réunion est touchée par un chômage de masse, le dialogue social est impossible et les grèves se multiplient. Le système mis en place depuis 70 ans est à bout, il est nécessaire d’en changer. À Mayotte, il n’y a pas eu besoin de 70 ans pour s’en rendre compte. 5 ans après la transformation de cette île en département, c’est l’explosion sociale.

Le problème numéro un à La Réunion, c’est le chômage.

Quand les Réunionnais choisissent en 1945 de confier la direction de la majorité des Mairies et celle du Conseil général au CRADS, ils font le choix de la rupture avec le régime colonial. Ils confirment cette volonté lors des élections législatives du 21 octobre 1945 en élisant Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, deux candidats du CRADS, députés. Près d’un siècle après la fin de l’esclavage, La Réunion était toujours plongée dans la misère et les inégalités. Le mouvement social portait la revendication de Réunion département français. C’était pour lui le moyen le plus rapide de sauver des vies et de donner un espoir. L’application immédiate des lois sociales devaient faire reculer la misère. Le 19 mars 1946, les deux députés ont obtenu satisfaction. L’Assemblée constituante a voté à l’unanimité l’abolition du statut colonial, la transformation de La Réunion en département. La loi dit également que l’égalité doit s’appliquer au 1er janvier 1947. Le refus des gouvernements qui se sont succédé de respecter cette dernière disposition est à l’origine de la crise actuelle.

Refus du développement de La Réunion

Paris a refusé le droit de La Réunion à se développer pour préserver les intérêts des bénéficiaires du système colonial qui venait d’être supprimé. Puisque la fin du statut colonial signifiait la fin de l’exploitation la plus violente de tous les travailleurs, un autre système a été mis en place pour que les sociétés françaises puissent continuer à contrôler l’économie réunionnaise pour en tirer profit. C’était l’institutionnalisation de l’inégalité, ce qui allait à l’encontre de la loi promulguée le 19 mars 1946.

La base n’est plus l’exploitation mais les transferts publics. La manne apportée par la sur-rémunération a notamment permis l’implantation à La Réunion d’un mode de consommation à l’occidentale, avec des produits fabriqués en Europe.

Le choix de supprimer le chemin de fer a encore aggravé la situation, car La Réunion ne produit pas de voiture et encore moins de pétrole. Cette stratégie a maintenu la dépendance de La Réunion vis-à-vis de l’extérieur. Les entreprises basées en France ont pu ainsi utiliser ces transferts publics qui sont devenus des bénéfices privés ensuite rapatriés vers l’Europe.

La puissance de ce système néo-colonial a balayé les capitalistes locaux. Désormais, les plus importantes sociétés sont dans les mains d’intérêts extérieurs, même l’industrie sucrière a fini par être cédée à une coopérative de planteurs de betteraves.

Chômage de masse

La conséquence la plus dramatique a été la ruine de l’économie réunionnaise, au moment où l’île connaissait sa transition démographique passant de 250.000 habitants en 1946 à 850.000 70 ans plus tard.

Le chômage de masse s’est développé. Il a rejeté la moitié de la population sous le seuil de pauvreté. Il rend le dialogue social impossible. La pression du chômage est si importante qu’elle favorise l’intransigeance du patronat, comme le montrent les négociations salariales dans le BTP.

Ce néo-colonialisme porte en lui les germes de l’explosion sociale. À Mayotte, il n’a fallu que 5 ans pour que cette explosion arrive. C’est en effet le même système qui y est appliqué. Depuis deux semaines, Mayotte est touchée par une grève générale, car les syndicats et les élus demandent l’égalité. Le gouvernement n’a aucune solution, et des scènes d’émeutes secouent l’île.

70 ans après l’abolition du régime colonial, la cohésion de la société réunionnaise est menacée. La rupture avec le système néo-colonial est de plus en plus urgente.

A la Une de l’actu19 mars

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Messages

  • Quand on est devant une bombe à retardement il faut la désamorcer au plus vite . Dire que l’explosion sociale est imminente ne suffira pas pour éviter le drame , il faut aussi prendre des mesures d’urgence pour réduire les risques d’explosion à partout où il est possible de le faire .

    L’Etat peut instituer un Etat d’urgence lorsqu’il est frappé par le terrorisme fanatique . Pourquoi les collectivités territoriales , communes , départements et régions ne pourraient -ils pas, dans leur domaine de compétence ,décréter eux aussi l’Etat d’urgence ?

    C’est vrai que la première chose que devrait faire l’Etat face à la situation explosive dans laquelle se trouve l’île de la Réunion devrait être d’élargir les compétences des collectivités pour leur permettre de prendre des mesures efficaces .Et l’une mesures urgentes qu’il pourrait prendre serait de donner aux Réunionnais les mêmes droits qu’aux Guyanais et aux Antillais, celui d’adapter les textes législatifs en vigueur pour faire face aux nécessité sociales . Cette possibilité d’adaptation qui est est prévue par l’article 73 de la constitution a été interdite expressément à l’île de la Réunion par le vote d’un amendement proposé en catimini par un élu réunionnais (qui se reconnaitra même si cela lui ferait honte avec le recul ), créant ainsi une inégalité de droit des citoyens au sein même de la loi fondamentale qu’est la constitution .

    Il faudrait donc rétablir l’égalité de droit de tous les réunionnais avec autres citoyens d’outre mer, en supprimant l’alinéa 5 de l’article 73 de notre constitution et, les élus départementaux et régionaux de l’île de la réunion pourront se réunir en congrès pour déterminer eux mêmes comment désamorcer la bombe de l’explosion sociale qui menace .

    Mais comme il faut un certain temps pour modifier la constitution , ils pourraient déjà faire un recensement de toutes les mesures qu’ils seraient possible de prendre dans le cadre législatif actuel pour apaiser la situation , par exemple augmenter les fonds de l’aide sociale , élargir les possibilités d’aides aux entreprises en difficulté, accorder des garanties d’emprunt pour des restructurations ou des modernisations d’entreprises débouchant sur des augmentation de l’effectif, encourager l’embauche des jeunes partout où c’est possible , mettre en place ou augmenter les moyens de lutter contre la délinquance, la consommation de stupéfiant , mais également instituer un dialogue à chaque fois que c’est possible pour écouter les doléances de ceux qui sont en difficultés. Et bien entendu réitérer à chaque occasion leur souhait de voir l’alinéa 5 de l’article 73 de la constitution jusqu’à ce que cette demande soit prise en considération . Il suffirait que les assemblées régionales , départementales et locales votent si possible à l’unanimité ou presque à chaque séance une motion demandant au Président de la République de faire modifier la constitution en ce sens pour que cette revendication soit enfin écoutée ."Vox populi vox dei" même quand elle est exprimée par les élus eux mêmes , si non ce n’est pas la peine de dire que nous vivons en démocratie .


Témoignages - 80e année


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