Notre candidat : La Réunion

4 avril 2007

Pour l’Alliance, l’avenir de La Réunion est au centre des débats de l’élection présidentielle. Chômage intolérable, pénurie de logements, illettrisme massif, problèmes de déplacements... : autant de défis considérables à relever avec comme perspective inéluctable La Réunion du million d’habitants dans moins de 20 ans : voici brièvement rappelés les enjeux spécifiquement réunionnais.
Dans sa démarche, l’Alliance place au centre des préoccupations de ce scrutin ces défis réunionnais. Pour y faire face et sortir La Réunion de la crise, elle propose des réponses formulées dans un document. Intitulé ’Propositions pour la nouvelle étape du Développement de La Réunion’, il est adressé à tous les candidats à l’élection présidentielle, à l’exception des deux représentants de l’extrême droite.
C’est en fonction de la position de chaque prétendant à l’Elysée sur ces propositions que l’Alliance appelle les Réunionnais à se déterminer. Ce n’est donc pas un appel à voter en fonction d’un programme proposé par un candidat ou par rapport à sa sensibilité politique. C’est au contraire l’accord ou pas avec la plate-forme de propositions réunionnaises qui doit déterminer le choix des Réunionnais les 22 avril et 5 mai prochains.
Autrement dit : ’notre candidat, ce sont nos propositions’. Pour les Réunionnais, l’élection présidentielle doit signifier le triomphe des ’Propositions pour la nouvelle étape du Développement de La Réunion’. Cette victoire sera un pas important pour le rassemblement d’une très large majorité des Réunionnais autour d’un projet sur lequel devra s’être prononcé tout aspirant à la plus haute responsabilité de la République. Ce rassemblement sur l’essentiel, allant au-delà des sensibilités politiques de chacun, pourra alors créer un rapport de force suffisant pour que le prochain chef de l’État s’engage à respecter son engagement à soutenir les propositions réunionnaises pour répondre aux défis réunionnais. Telle peut être résumée la démarche de l’Alliance.
Ce document, adressé à 10 candidats à la Présidentielle, ’Témoignages’ en commence aujourd’hui la publication.

Des défis sans précédent

D’ici 2030, la population de La Réunion achèvera sa transition démographique et connaîtra un fort accroissement (+25% environ) pour atteindre le million d’habitants. En même temps que la structure de la population en sera profondément modifiée, la population active, qui est actuellement de 300.000 personnes (dont 30% de chômeurs), s’accroîtra de près de 50% pour atteindre le nombre de 440.000.
Si rien ne devait changer dans la société actuelle, ces chiffres sont lourds de menaces pour la cohésion sociale d’une île comptant déjà près de 100.000 chômeurs, 120.000 illettrés, plus de 75.000 foyers - correspondant à plus de 190.000 personnes - assujettis au RMI, 400.000 personnes concernées par la CMU. Enfin, les prochaines décennies verront plusieurs dizaines de milliers de personnes accéder à l’âge de la retraite. Faute du nombre d’annuités de cotisations requis, conséquences de la permanence d’un chômage de masse, de la précarité de l’emploi et des contrats aidés, elles relèveront des minima vieillesse et seront confrontées à la misère.

La progression démographique amplifie les défis à tous les niveaux.

L’urbanisation croissante, l’urgence de la réponse à apporter à l’importante demande de logements sociaux, la spéculation foncière et locative, la dégradation de l’environnement exigeront d’importants efforts en matière d’aménagement rationnel du territoire, de mobilisation des ressources et de gestion économe de l’eau, de préservation du milieu naturel et du littoral, de traitements des déchets. De même, les risques sanitaires, comme l’a montré, en 2005, l’épidémie de chikungunya, font peser de réelles menaces sur la santé publique et exigent une vigilance constante.

L’accroissement de la population, les besoins en logements et en emplois qui en découlent exigent que soit réglée la question des déplacements, or, la croissance continue du parc automobile (330.000 véhicules actuellement, et 30.000 immatriculations supplémentaires par an) exige des investissements importants et une réelle alternative au « tout automobile pour éviter le “coma circulatoire” » de notre réseau de communication encore insuffisant et inadapté.

Les changements climatiques renforcent les risques naturels en induisant des phénomènes météorologiques extrêmes, accrus par la géomorphologie de l’île (débordements de ravines, inondations, cyclones, éboulements, glissements de terrain) dont Diwa et Gamède ont donné un dramatique aperçu en 2006 et 2007. Ils bouleversent nos habitudes et nous obligent à développer une culture de la prévention et d’adaptation aux risques liés à ces phénomènes climatiques extrêmes. Enfin, ils placent la question de l’énergie au centre des préoccupations et des problématiques du développement durable.

Dans ce contexte de croissance des besoins, l’adhésion de nouveaux États membres à l’Union Européenne (27 États depuis 2007, pour une population totale de 500 millions d’habitants) restreindra probablement, pour les Régions Ultrapériphériques (RUP) de l’Union Européenne, les possibilités d’augmentation des fonds structurels au cours des prochaines périodes, au moment même où les ressources financières des collectivités locales sont soumises à de fortes contraintes (impact de la décentralisation, échéance de la réforme de l’octroi de mer en 2014).

Enfin, les effets de la mondialisation se feront sentir sur notre petite économie insulaire et vulnérable, tant au niveau de l’agriculture et de l’économie sucrière (fin du règlement sucrier actuel en 2013) que des échanges commerciaux (impact des Accords de Partenariat Economiques à compter de 2008).
Les années qui viennent sont donc, pour La Réunion et ses habitants, celles de tous les risques, tant du fait des dangers à affronter que des défis à relever. Les effets combinés de la progression démographique, des changements climatiques et de la mondialisation sur notre société et notre économie ne nous laissent aucun sursis. Ces défis sont sans précédent, et les moyens d’y faire face ne se représenteront sans doute pas avant longtemps.

C’est aux Réunionnais qu’échoit la responsabilité d’élaborer des solutions aux problèmes spécifiques que doit affronter La Réunion, en ce début du 21ème siècle, en tant que département français, RUP de l’Union Européenne et île de l’Océan Indien.

L’Alliance entend ainsi contribuer à l’expression d’une parole réunionnaise forte, pour agir et non subir, notamment à l’occasion du débat public ouvert dans le cadre de l’élection présidentielle.

C’est dans cet esprit que l’Alliance s’adresse à tous les habitants de La Réunion.

Les propositions que nous formulons s’articulent à différents niveaux :

• au préalable, la consolidation du “socle de développement” par le respect des engagements contractuels pluriannuels ;
• sur cette base, des mesures urgentes et prioritaires doivent être prises, pour faire face à la situation sociale et aux préoccupations immédiates de la population ;
• ces mesures doivent contribuer à la mise en œuvre d’un plan de développement global, construisant La Réunion du million d’habitants.


Paroles de Réunionnais

Joé Bédier, responsable de la section PCR de Saint-André

« Un ensemble de propositions cohérentes pour l’épanouissement des Réunionnais »

« En cette période d’élection présidentielle, j’approuve la démarche de l’Alliance qui consiste à avancer des propositions pour La Réunion. Car je suis convaincu que les candidats à la Présidentielle n’auraient pas porté autant d’attention à nos problèmes locaux et n’auraient pas élaboré un tel plan de développement, qui touche tous les domaines, que ce soit l’environnement, le déplacement, l’emploi, la santé, etc... De la plateforme de l’Alliance, je retiens des propositions essentielles pour l’emploi. Que ce soit la construction de routes, le développement de l’agriculture, finalement, tout est lié à l’emploi. Et lorsque le problème de l’emploi est réglé, les autres se résolvent systématiquement, comme l’accès à un logement. La plateforme est un ensemble de propositions cohérentes pour l’épanouissement des Réunionnais. Les grands travaux, si les financements se concrétisent, ce n’est pas du blabla, ces sont des milliers d’emplois créés, directs et indirects. Nous avons déjà l’exemple de la route des Tamarins devant nous. On a entendu beaucoup de critiques à ce sujet, dire que ça n’était pas la priorité pour La Réunion. Aujourd’hui, la polémique est retombée, car on constate que les grands travaux créent des emplois. Les Réunionnais doivent prendre du recul, pour comprendre que les projets (comme la Maison de la Civilisation) vont dans le sens général du développement.
En ce qui concerne la région Est, nous avons toujours été des sinistrés. L’Est a accumulé un grand retard, mais je suis persuadé que cela va bientôt cesser. On a souvent joué sur les peurs de la population : l’Histoire coloniale, l’indépendance, mais les gens ont aujourd’hui en majorité compris qu’il ne faut plus rester dans la politique politicienne, qu’ils peuvent faire des choix. Encore une fois, l’Est est pénalisée puisqu’elle n’a pas accès au tram-train. La CIREST a voté à l’unanimité contre le tram-train, alors qu’il n’y a pas mieux comme contribution au développement durable.
Le message que je veux adresser aux Réunionnais, c’est qu’aujourd’hui, il ne faut plus être passionné, mais savoir prendre du recul. Il n’y a plus de place pour la politique politicienne. Que l’on soit à droite ou à gauche, peu importe. Si un parti est capable de faire de bonnes propositions, alors pourquoi ne pas approuver ? On ne doit pas avoir honte. Moi-même, militant du PCR, si un autre parti que le mien venait demain à avancer de bonnes propositions pour La Réunion, je ne vois pas pourquoi je ne les soutiendrai pas. »

E.P.


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