Une délégation du PCR aux côtés des dockers en grève

« Nou lé contan voir a ou, té fé lontan »

22 juin 2012

Emmenés par Fabrice Hoarau, des représentants du Parti communiste réunionnais se sont rendus au Port-Est, afin de faire part aux grévistes de la solidarité des communistes envers les travailleurs en lutte.

Une délégation du Parti communiste réunionnais, composée de Fabrice Hoarau, Jean-Max Hoarau et Geoffroy Géraud-Legros, s’est rendue hier à la rencontre des dockers en grève sur le site du port-Est. Un échange qui a permis de recueillir les expériences et les sentiments des travailleurs, indispensable dans la perspective d’une reconstruction du Parti autour de ses fondamentaux.

« Les dockers, fer de lance des combats réunionnais »

Au nom du Parti communiste réunionnais, Fabrice Hoarau a délivré un message de solidarité et de fraternité aux salariés réunis pour partager un cari cuisiné sur feu de bois et quelques boissons fraîches. L’heure était à la satisfaction et à la détente : après plusieurs jours de lutte, les dockers venaient d’obtenir gain de cause… et continuaient le combat afin d’obtenir le paiement des jours de grève.
« Les dockers ont toujours été à l’avant-garde des luttes à La Réunion. Ils ont toujours été le fer de lance du combat politique, pour une Réunion réunionnaise et pour une société plus juste. Ils étaient les travailleurs les plus exploités ; ils ont montré qu’en combattant, on pouvait vivre mieux. Ils ont montré aussi que la domination des monopoles n’est pas une fatalité. La lutte paie, et les dockers ont réussi à créer une alternative aux entreprises tentaculaires de la manutention. C’est ce type d’expérience que le Parti doit retrouver et cultiver, pour sa refondation sur des bases militantes ».

« Nou voi pu tro a zot »

Traditionnellement politisés, les travailleurs des ports et docks ont fait part à leurs interlocuteurs de leur image du Parti communiste. « J’ai toujours été communiste », déclare l’un, travailleur âgé d’une quarantaine d’années. « Le Parti a toujours défendu les travailleurs, les pauvres. Mais franche vérité, nou té voi pu tro a zot, ces derniers temps », regrette-t-il, rappelant l’époque où « il y avait toujours un camarade du Parti avec son porte-voix, pour aider à la lutte. Et le journal “Témoignages” était là pour donner l’information et pour parler des combats. I fo zot i revyin dans les luttes ».

Ce qu’on doit aux militants

« Kosa larivé ? » demande un autre docker, plus âgé. « Dan’ tan navé l’éducation populaire, la fête “Témoignages”, un mouvement de jeunesse et des activités pour les marmay dans les « pionniers ». Zordi n’a pu rien. Il ne faut pas oublier tout cela, tous les militants qui ont donné leur vie pour le Parti. Il faut savoir d’où on vient et ce que l’on doit aux militants ».
Le premier interlocuteur reprend : « on a vraiment besoin d’un Parti communiste. Les gens souffrent, et si personne ne se bat pour eux, ils plongent. Et ils écoutent n’importe qui leur faire des promesses ». « Nou lé contan voir a ou. Té fé lontan », conclut un troisième travailleur, à l’adresse de Fabrice Hoarau.

Correspondant 

Humeur

Leur morale et la nôtre

Rien de plus tordu, par les temps qui courent, que la dénonciation des « privilèges ». Autrefois pointé contre les rentes, les prérogatives des possédants, les abus des fonctionnaires, ce thème est aujourd’hui de plus en plus employé contre les intérêts du plus grand nombre. Il n’est plus une grève, plus un mouvement social, plus une lutte pour l’amélioration de la vie quotidienne qui ne soit dénoncé par les puissants — les véritables privilégiés — comme la défense, forcément archaïque ou illégitime, d’un privilège.

Le privilège, lit-on à longueur de lignes et entend-on à longueur d’émissions radio et télé, ce n’est donc ni la plus-value des spéculateurs, ni les parachutes dorés et les retraites-chapeaux des dirigeants d’entreprises. Les privilégiés, nous explique-t-on, ce sont les bénéficiaires de la retraite à 60 ans, les fonctionnaires, les travailleurs qui ont conquis des revenus et une vie matérielle décents par des décennies de luttes. Au final, le message est clair : les vrais avantages des vrais riches vont de soi et ne méritent même pas d’être interrogés.

Les salariés des classes moyennes et des classes populaires, et même les chômeurs, sont en revanche suspectés de voler le pain qu’ils mangent. Omniprésente en France depuis le tournant libéral pris par les médias dans les années 1970-80, cette propagande n’est pas étrangère aux faiseurs d’opinion réunionnais. On pouvait ainsi lire hier, dans un quotidien de notre pays, un petit article au titre volontairement croustillant : « Enquête sur le salaire des dockers ». Le revenu de ces travailleurs en grève depuis dix jours, serait, nous dit le journaliste, un « tabou », secret bien gardé que, bien entendu, nos justiciers de la plume se font fort d’élucider et même, disent-ils, de "briser".

Remarquons que ce désir de transparence vis-à-vis du revenu des travailleurs est nettement moins aiguisé, par exemple, lorsqu’il s’agit des bénéfices de grandes entreprises. Ainsi, dans cette affaire, notre confrère ne mène pas « l’enquête » sur les salaires des patrons de la SGM. Dommage.

On penserait, pourtant, que les citoyens seraient au moins autant intéressés par cette information ou par d’autres du même genre. Par exemple, par les bénéfices réels engrangés par les grands acteurs économiques de notre pays, ou- sujet passionnant, mais bien mal exploré- par la répartition des revenus au sein des grandes entreprises de presse réunionnaise...

Certes, nous répondra-t-on, le quotidien dont il s’agit ici est fortement marqué à droite. Il n’empêche qu’il revendique haut et fort son « impartialité », que ses dirigeants et sa rédaction opposent volontiers au parti-pris à gauche que revendique “Témoignages” depuis sa création. Et bien soit : à l’heure où l’on parle de « reconstruction », sachons affirmer que nous préférons notre point de vue en faveur du monde du travail, des ouvriers, des planteurs, des fonctionnaires, des chômeurs — en un mot, du plus grand nombre — à « l’objectivité » de nos confrères, objectivité qui s’arrête devant les barrières qu’élèvent les vrais privilèges. Sachons affirmer, en résumé, que nous préférons à leur morale, la nôtre.

 Geoffroy Géraud Legros 

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