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Jean-Yves Langenier, Maire du Port
20 octobre 2007
“Témoignages” : Vous avez signé hier matin avec Fadela Amara, Secrétaire d’État à la Ville, une convention de rénovation urbaine qui marque une nouvelle étape dans la modernisation d’une ville qui, en un peu plus de 35 ans, est passé de la “misère urbaine” à un projet de “ville solaire”. Pouvez-vous évoquer ici les étapes de cette transformation, qui n’a pas d’égale à La Réunion ?
- Jean-Yves Langenier : Tout est parti d’une délibération du Conseil municipal, quelque 8 mois après l’élection de Paul Vergès à la tête de la municipalité du Port, en 1971. Cette délibération proclamait le “droit à la ville et au logement”. Dans le contexte de l’époque, le port avait le plus grand bidonville de l’île : dans le Cœur-Saignant vivaient plus de 3.000 habitants. À partir de cet acte a été lancé une politique de maîtrise foncière qui s’est prolongée dans la durée : depuis 30 ans, chaque fois que la mairie peut faire jouer son droit de préemption, elle réserve des terrains. Au bout d’un certain nombre d’années, cela a permis de lancer des opérations de logement, de type HLM : Maloya, Raymond Vergès, Léon de Lépervanche, Ariste Bolon, Cotur... Certains logements sociaux avaient vocation à être vendus mais cela a posé de nombreux problèmes juridiques et réglementaires, qui eux aussi ont été longs à résoudre... La Mairie a dû construire en Régie pas loin d’un millier de logements sociaux, dont un peu plus de la moitié a été vendue.
Au début, la Mairie a lancé ces constructions soit en régie, soit avec la société de HLM, présidée à l’époque par Pierre Lagourgue. Jacques Thibier était alors directeur de la SHLMR et il rappelle, dans le livre qui est paru récemment, comment Pierre Lagourgue a parfaitement joué le jeu et comment Le Port est devenu un “précurseur”. L’objectif était d’éradiquer l’insalubrité. La situation sanitaire était très précaire. Un pédiatre, élu dans la première équipe de Paul Vergès, avait fait une enquête, faisant apparaître que 90% des enfants souffrait de parasitoses ou poly-parasitose intestinale. Il n’y avait pas d’eau, pas d’électricité dans les kaz. Pendant les cyclones, les écoles étaient pleines de familles sinistrées. Une vaste campagne d’assainissement a été lancée.
La Ville a cherché assez tôt à associer les habitants à cette politique de l’amélioration de l’habitat. Pouvez-vous rappeler comment cette démarche a été instaurée ?
- Certaines années, alors que la SHLMR pouvait construire des logements dans toute l’île, il n’y avait que Le Port qui présentait un programme. Et parfois, nous récupérions la totalité ou quasi totalité de la programmation annuelle de la LBU ! Les autres maires n’étaient pas intéressés à faire du logement social. C’est ce qui a conduit le Port à avoir jusqu’à 67% de son parc locatif en logement social. A partir des années 80, c’est aussi au Port qu’a été lancée la première opération de Résorption de l’Habitat Insablubre (RHI), à Saint-Ange Doxile. Puis, il y a eu la première RHI de la Rivière des Galets. Actuellement, quatre opérations RHI sont en cours.
La méthode a été affinée au fil des années. La première opération d’envergure - réalisée par la SHLMR à la demande de la commune - a été l’éradication du Cœur-Saignant. Les familles ont été déplacées et relogées dans les cités Raymond Vergès et Léon de Lépervanche. Lorsqu’on regarde de quelle manière la cité a été aménagée et construite : il n’y a pas de route. À l’époque, aucune famille n’avait de voiture, cela correspondait au niveau de vie des gens. Les axes de pénétration ont été tracés plus tard mais à l’intérieur des cités, il n’y a pas de chemins. On retrouve encore des plaques de béton : c’était des espèces d’écailles qui servaient de protection sur la route du littoral, et qui ont été récupérées pour faire les allées.
Les installations électriques consistaient en des compteurs extérieurs, regroupés sur un mur ; le compteur d’eau était collectif. Tout cela a été fait pour réduire les coûts, parce qu’à l’époque, les prestations étaient très faibles. Mais pour les familles, c’était un progrès immense. Elles quittaient un bidonville et ces nouvelles cités leur a apporté un réel bien-être. A un moment donné, les ministres venaient au Port visiter les cités Raymond-Vergès et Léon de Lépervanche : parce qu’elles étaient ce qu’il y avait de mieux adapté pour l’époque. Cette première opération a été exemplaire et très réussie. Mais les normes ont changé et la vie aussi. Aujourd’hui, les familles ont des véhicules...
Quels ont été les points forts de la démarche qui a ensuite conduit les responsables portois à engager les opérations de RHI ?
- Au fur et à mesure, nous avons affiné en engageant le dialogue avec les habitants. Lors des deux premières opérations ou même lors de la réalisation de la cité Ariste Bolon, les pratiques usuelles n’étaient pas à la concertation. Avec le temps, les points forts de notre démarche ont été la concertation et le partenariat.
On a vu la nécessité de déployer la concertation dans les opérations de RHI. Des exigences nouvelles ont surgi dans certains quartiers et la méthode a été améliorée. Aujourd’hui, il y a en amont un dialogue aussi poussé que possible avec les familles. Parfois, le cadre est très contraint, par l’espace par exemple. Autant que faire se peut, nous discutons avec les familles et nous ne nous heurtons pas à des oppositions. Il a pu y en avoir, mais elles n’ont pas duré dans le temps. Les difficultés ont été surmontées par le dialogue. C’est le lot de toutes les RHI : on ne passe pas en force, on utilise la concertation. Cela nécessite beaucoup de compétence et d’énergie de la part des personnes qui interviennent pour le compte de la Mairie dans ces opérations, mais on arrive à des solutions de compromis acceptables pour tous.
Est-ce que vous parvenez à des résultats satisfaisants en termes de densification urbaine ?
- Tout à fait. Les quatre opérations RHI concernent 1.360 familles. Nous allons réaliser 1.700 logements. Donc il y a une certaine densification, mais pas à outrance. A la Rivière des Galets, vers le rond-point des jacquiers, un petit immeuble à droite totalise pas loin de 25 logements. A la butte Citronnelle : des immeubles sont réalisés. Cela permet aux familles relogées de dé-cohabiter, en même temps que nous accueillons de nouvelles familles au Port.
Sur d’autres opérations, comme le mail de l’Océan ou le projet “Ville et Port”, nous pourrons densifier de façon plus conséquente. Nous sommes dans une démarche d’ouverture de l’offre de logements. Sur le plan sociologique, nous allons rechercher un équilibre, pour pouvoir offrir à de jeunes Portois qui ont une promotion sociale, des logements qui correspondent à leur attente et à leur capacité. C’est aussi du devoir de la ville. Si l’on regarde ce qui se fait dans le centre-ville actuellement, bon nombre d’opérations sont le fait de privés. Ils voient la ville se transformer et de nouveaux investisseurs viennent, d’autant que nous avons mis en place des dispositifs incitatifs.
Quelles sont les grandes lignes de la Convention que vous avez signée hier matin au nom de la ville du Port ?
- Pour ce qui concerne le Port, la Convention de rénovation urbaine inclut le quartier des cités Lépervanche et Vergès (que certains appellent ZAC 1), plus la Voie Triomphale, où 203 logements et des espaces publics sont concernés. Nous devions résoudre des problèmes d’aménagement pour mieux intégrer ces cités dans la ville et surmonter l’enclavement que j’évoquais tout à l’heure.
De plus, les réseaux ont vieilli, il faut tout refaire, que ce soit l’eau, l’assainissement, le réseau pluvial ou le réseau électrique. Les normes de l’époque sont dépassées et le bâti a vieilli : il y a beaucoup, beaucoup à refaire. C’est une grosse opération, qui va permettre de transformer tout le quartier et lui redonner sa vraie place dans la ville. Il faut revoir l’aménagement des espaces publics, les voiries... et intervenir sur le bâti. En budget prévisionnel, c’est une opération de 69 millions d’euros, tout confondu (ou 452 millions de francs). L’ANRU apporte 12.151.997 euros et l’Etat presque autant (12.051.988 euros), à quoi s’ajoutent la LBU et d’autres participations (ville, TCO, Région-Département). Le bailleur SHLMR apporte 23 millions d’euros pour les constructions à venir.
Le Conseil municipal s’est engagé récemment dans un programme d’utilisation optimale des Energies renouvelables, pour faire du Port une “Ville solaire”. Quels seront les moyens mis en œuvre pour réaliser cette part essentielle dans la rénovation urbaine ?
- Pour le logement locatif, ce sera aux bailleurs à faire l’effort. Mais je suis partisan de faire adopter une réglementation thermique pour la ville. Nous allons devoir en arriver à ce type de mesure, qui est déjà imposé en France. Ce n’est pas le cas dans les DOM, et du coup, les constructeurs font quelquefois n’importe quoi. Après, ce sont des problèmes à n’en plus finir pour les familles : quand le logement est mal ventilé, les matériaux inadaptés... Certaines peintures peuvent faire écran, d’autres non. Il existe un référentiel (PERENNE) et je pense qu’il est plus que temps d’inscrire ce référentiel dans tous les documents d’urbanisme, à commencer par le PLU. Il doit devenir la règle pour tous les bâtisseurs. C’est une question que nous avons abordée dans un des ateliers de la réunion préparatoire au Grenelle de l’Environnement. J’ai rappelé cette nécessité dans une réunion avec le Préfet.
Dans notre Convention avec l’ANRU, nous pouvons prendre les devants et faire appliquer les bonnes décisions : normes PERENNE pour le confort thermique, chauffe-eau solaire... Ces derniers sont très bien financés et ils peuvent être généralisés, en maisons de ville ou en maisons individuelles. Nous pouvons aussi décider d’installer des wc double détente, pour économiser l’eau. Le Port compte 12.000 à 13.000 foyers : si seulement la moitié de l’eau utilisée dans les cuvettes pouvait être économisée, ce serait déjà très conséquent. Nous devons intégrer le fait que nous sommes dans une période de transition énergétique. L’énergie fossile va devenir de plus en plus chère. Nous sommes entrés dans une phase d’augmentation structurelle du prix du pétrole et du charbon. Donc, il nous faut aller vers plus d’énergies renouvelables. Ce n’est pas forcément la Ville qui va mettre tous les moyens : ce sera à nous d’inciter nos partenaires à utiliser les moyens disponibles. Ce type d’opération nécessite un partenariat très fort et nous allons mobiliser tout le monde.
Quel objectif voulez-vous atteindre, avec ce projet de “ville solaire” ?
- La ville a signé une Convention avec l’ARER et trois groupes de travail sont en train de décliner toutes les orientations du projet de ville-solaire. Nous allons y associer la population. Cette démarche peut sensibiliser un panel très large. Nous en sommes au stade de la programmation. Il y a eu un vote au Conseil municipal et la signature à la Région le 3 octobre avec l’ARER, dont le Président est Paul Vergès. Dans une programmation sur trois ans, nous allons voir quelles actions mener ensemble dans le cadre de ce projet, mais il faudra sans doute beaucoup plus que trois ans... Le port a fait le premier pas. Je pense, j’espère, que nous n’avons fait qu’ouvrir la voie sur laquelle s’engageront bientôt inévitablement les autres communes.
Propos recueillis par P. David
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