L’heure est au bilan, et là où la gauche se présente unie, force est de constater qu’elle résiste au candidat de la majorité présidentielle, et, mieux, elle est placée en tête des suffrages. Ces élections sont terminées. Mais vont-elles régler les problèmes des Réunionnais : celui de l’emploi notamment ? Comment donner du travail à ces milliers de chômeurs d’aujourd’hui et... de demain ? Une des inquiétudes de Paul Vergès.

« Une certaine constante dans le vote réunionnais »

Élie Hoarau a commencé l’analyse de ce second tour des Législatives. Il pose « un regard global » et note « une certaine constante dans le vote réunionnais ». Ce vote « confirme celui la Présidentielle. Une contradiction de plus avec ce qui s’est passé en France », remarque-t-il. Il existe, et ce n’est un secret pour personne, des problèmes spécifiques à notre île comme le chômage, le pouvoir d’achat. Sans oublier la préservation des acquis sociaux.

« Nous avons pris une part importante dans les victoires des candidats du PS »

Il se félicite aussi que l’accord passé entre le PCR et le PS ait été couronné de succès. Deux députés en 2003 et aujourd’hui trois. Les militants du PCR ont reporté sans aucune faille leur voix sur le candidat socialiste. « Nous avons pris une part importante dans les victoires des candidats du PS », explique-t-il. Puis, il est revenu brièvement sur la troisième circonscription. « Le report des voix n’a pas été systématique », indique-t-il. Pour l’avenir, il demande « un peu plus de rigueur ». Car un protocole a été signé entre les deux tours entre le PCR et le PS.

Un test pour les maires en place !

Autre constat d’Elie Hoarau toujours à propos de cette élection. Elle a quasiment partout ressemblé à des Municipales avant l’heure. Un test pour les maires en place qui craignent pour le poste d’élu ? Les Municipales pour la fin de cette année ou pour la prochaine ? La rumeur circule à ce sujet. En tout cas, Elie Hoarau est « satisfait des résultats ».

« L’homme des missions impossibles »

Au tour de Paul Vergès, « l’homme des missions impossibles », de réagir.
Il rappelle qu’au soir du premier tour des Législatives, l’UMP a raflé de nombreux sièges de députés. Par contre, pour ce second tour, la vague bleue prévue par les “météorologues” de l’UMP n’a pas eu lieu. « L’électorat a réagi et la gauche a contre-attaqué pour remporter une soixantaine de sièges de députés », relève le fondateur du PCR. Une avancée pour le PS, mine de rien. Même si l’UMP reste fortement majoritaire à l’Assemblée nationale « avec un nombre de sièges en baisse ».

La marque d’un refus d’une politique

Dans l’Outre-mer, la majorité présidentielle enregistre un échec comme pour les Européennes, les Régionales, la Présidentielle. Sans doute la marque du refus d’une politique qui ne tient pas assez compte des problèmes sociaux des DOM. Une nouvelle sanction donc.

Aller au fond des choses

Paul Vergès a ensuite porté son attention sur La Réunion. Avec un rappel du nombre de chômeurs dans l’île : 100.000 aujourd’hui et 140.000 de plus en 2030 ? Ce chiffre de 240.000 pour 1 million d’habitants donne froid dans le dos. Mais ce n’est pas une fatalité. Des mesures concrètes doivent être prises dans l’immédiat pour l’emploi du plus grand nombre d’entre celles et ceux qui sont privés d’emploi. Paul Vergès ouvre une parenthèse sur le plan national où le débat a tourné essentiellement autour de la TVA sociale, la franchise médicale, la réforme du RMI. De nouvelles mesures impopulaires. Pour lui, « les problèmes restent sans solution et sont en train de s’aggraver. Les élus doivent aller au fond des choses et non surfer ». Le Président de la République s’était employé à créer les conditions d’une “vague bleue”. Mais, les cafouillages du gouvernement et les alarmes qu’ils ont suscitées, ont eu des conséquences inattendues. On connaît la suite. On ferme ici la parenthèse.

« Une municipalisation des élections »

Paul Vergès confirme à son tour que ces élections législatives sont en fait des Municipales avancées. « Une municipalisation des élections, donc un scrutin divisé en 24 communes ». Dans certains cas, cette municipalisation a permis de conforter - de justesse parfois - l’assise de certains maires. Des premiers magistrats qui doivent se pencher davantage sur les problèmes quotidiens rencontrés par leurs administrés. Et, inévitablement, le problème de l’emploi a été soulevé. Ces maires ont-ils des perspectives à offrir pour leur procurer les emplois demandés ?

Des reports sans faille

Ce second tour ne correspond pas seulement à l’addition des voix du PCR à celles du PS. Cela va bien au-delà de ce consta : « nous nous sommes unifiés pour dynamiser l’addition de ces voix ». Il cite la cinquième circonscription où les voix de Pierre Vergès, candidat PCR, ont amplement participé à la victoire de Jean-Claude Fruteau. Comme l’a fait Élie Hoarau pour celle de Patrick Lebreton.

Tampon élément essentiel de cette circonscription

L’exception qui ne confirme pas cette règle se trouve dans la troisième circonscription où Didier Robert a devancé Paul Vergès qui rappelle que, sur les 7 communes que compte cette circonscription, le PCR n’en dirige aucune. C’est la raison pour laquelle il était volontaire pour « aller à cette bataille » qu’on lui présentait comme une « mission impossible ». Autre donnée, la commune du Tampon représente à elle seule « 34% des voix de l’UMP sur l’ensemble de l’île ». Cette ville représente « l’élément essentiel de cette circonscription ». Dans les 6 autres communes détenues par l’UMP, ce parti n’arrive pas à creuser l’écart face au PCR. À méditer.

Parlant d’Isabelle Lauret, sa suppléante, Paul Vergès a souligné la qualité de son engagement ainsi que le travail de tous les militants qui ont permis de « sauvegarder l’essentiel des bases pour l’avenir » qui passe par les Municipales.

Jean-Fabrice Nativel

Ils ont dit ...

Paul Vergès : « Comment penser à un développement de La Réunion pour rendre au travailleur toute sa dignité ? ». D’où la nécessité d’une politique de solidarité immédiate. « Les efforts d’union posent le problème d’une vision de l’avenir ». Il a demandé une fois encore qu’on veuille bien lui expliquer la différence entre la droite et la gauche car « certains font la politique de droite habillée en rose ! ».

Élie Hoarau : « Nous préconisons l’union dès le premier tour. Le PS en a décidé autrement ». « Et la leçon à retirer est que le rassemblement doit être le plus large possible ».

Pour une énième fois, des journalistes s’inquiètent de l’âge de Paul Vergès. Il a entendu des discours de jeunes bien éloignés de la réalité. « Ils vieillissent dans la tête plus tôt que prévu ». Et d’enfoncer le clou : « Je ne me suis jamais senti aussi jeune et je souhaite à mes adversaires la même longévité politique ».

J.-F. N.