Avant le dernier référendum sur l’indépendance

Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes majoritaires au gouvernement

19 février 2021

Les indépendantistes ont remporté le 17 février la majorité au gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie, pour la première fois depuis l’accord de Nouméa de 1998, avant un troisième référendum sur l’indépendance d’ici 2022. Pour l’heure, aucun accord a été trouvé sur le nom d’un président.

Convoqués par le haut-commissaire de la République, les membres de l’exécutif ont élu un président mais l’élection, à la majorité absolue, n’a pas abouti. Une nouvelle tentative devrait se tenir le 22 février. D’ici l’élection d’un président, le gouvernement sortant continue d’expédier les affaires courantes.

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a déclaré que "l’Etat reste déterminé au dialogue, quelle que soit la composition politique du gouvernement calédonien", dans un communiqué de presse.

Toutefois, ce dernier a appelé à l’élection rapide d’un président. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué "la formation du gouvernement sera l’occasion de reprendre le dialogue plus largement sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Le travail autour des conséquences du +oui+ et du +non+" à l’indépendance, à l’issue du Conseil des ministres.

Ce dernier a indiqué qu’un "éventuel troisième référendum sera engagé prochainement avec l’ensemble des acteurs politiques calédoniens". Or les 16 gouvernements calédoniens qui se sont succédé depuis l’accord de Nouméa en 1998, ont été présidés par des personnalités non indépendantistes.

Pourtant cet accord organise la décolonisation de l’archipel par étapes. Cette situation conduit à l’impasse la communauté kanak partisan de l’indépendance. Les indépendantistes, dont un des leaders, Roch Wamytan, préside déjà le Congrès, entrent au gouvernement à un moment crucial alors que l’accord de Nouméa touche à sa fin.

En effet, d’ici 2022, un troisième et ultime référendum sur l’indépendance devrait être organisé. Les deux premiers, le 4 novembre 2018 et le 4 octobre 2020, ont été gagnés par les partisans de la France, mais leur score reste stable 56,7% à 53,3%.

A partir du 4 avril, un tiers des élus du Congrès au minimum (18) peut demander l’organisation du troisième référendum. Le FLNKS a annoncé qu’il le ferait, alors que les non-indépendantistes souhaitent une "solution négociée". Les discussions avec Sébastien Lecornu sont actuellement au point mort.

Selon un scrutin de listes par les 54 élus du Congrès (assemblée délibérante), l’élection d’un nouveau gouvernement intervient après la chute le 2 février du précédent pouvoir exécutif à majorité loyaliste.

Les indépendantistes sont parvenus à remporter l’élection grâce à une alliance avec un petit parti charnière, l’Eveil océanien (EO), dont les trois élus ont voté pour la liste Union Calédonienne-FLNKS. Cette liste a obtenu 3 "ministres", alors que l’autre liste nationaliste, celle de l’Union nationale pour l’indépendance-FLNKS (UNI-FLNKS), a également obtenu trois membres du gouvernement.

De leurs côtés, les non indépendantistes, divisés, étaient répartis sur deux listes : la coalition majoritaire, l’Avenir en Confiance (AEC), qui a décroché quatre portefeuilles ; et Calédonie ensemble, parti de centre droit, en obtient un seul.

Lors de l’élection, l’UC-FLNKS espérait remporter un siège de plus, pour permettre à la formation politique l’Eveil Océanien d’entrer au gouvernement. "Les loyalistes ont décidé de nous écarter de la route, c’est une manoeuvre politicienne pour essayer de nous déstabiliser", a réagi Milakulo Tukumuli, leader de l’Eveil océanien.

En effet, la voix de l’élue du Parti travailliste, petite formation indépendantiste, et celle d’un loyaliste de l’AEC en faveur de la liste UNI-FLNKS, ont freiné l’avancée des indépendantistes.

Pour sa part, Virginie Ruffenach, chef du groupe AEC au Congrès, a estimé que "la Nouvelle-Calédonie est ingouvernable. Il convient de revoir les institutions, en particulier ce gouvernement".

Pour l’élection du président, les deux branches du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste), l’Union Calédonienne et l’Union nationale pour l’indépendance, ont chacune présenté un candidat : Samuel Hnepeune (UC-FLNKS) et Louis Mapou (UNI-FLNKS).

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