Nouvelle ligne de défense après les révélations de Paul Vergès et l’article de Mediapart

NRL : la Région Réunion « contrainte de signaler » des tentatives de corruption ?

3 octobre 2015, par Manuel Marchal

Coup de théâtre dans l’affaire des marchés de la nouvelle route du littoral : la Région Réunion a écrit publiquement jeudi que des tentatives de corruption ont eu lieu et qu’elle a été « contrainte de signaler ces manœuvres au Procureur de la République ». C’est un changement total de la ligne de défense de la collectivité présidée par Didier Robert, qui prétendait que l’enquête préliminaire était une procédure normale. Cette révélation deux ans après des faits supposés relance toutes les spéculations. En cherchant à donner le change à un article de Mediapart annoncé par Paul Vergès, la Région Réunion a ouvert une boîte de Pandore. Jusqu’où ira cette affaire ?

Vers un chantier à l’arrêt ? C’est la Région Réunion qui a elle-même rapproché l’affaire de son dénouement.

Le 25 août dernier, Paul Vergès donnait une dimension politique à l’enquête préliminaire sur les marchés de la nouvelle route du littoral. La Réunion allait connaître son plus grand scandale politico-financier, avec la presse parisienne qui allait s’emparer de l’affaire. Quant à l’union de la droite aux régionales, elle allait exploser à cause du silence de Didier Robert. Les soutiens du président sortant allaient-ils durer quand le scandale allait être dévoilé ? Nous allons sans doute être bientôt fixés grâce à une initiative venant de la Région Réunion elle-même.

Qui a donc « contraint » la Région ?

Le 24 septembre dernier, mois d’un mois après la conférence de presse de Paul Vergès, Mediapart a publié un article faisant le point sur l’affaire. D’après notre confrère, ce n’est pas un lot secondaire mais l’ensemble des marchés qui fait l’objet des recherches des enquêteurs. Mediapart annonçait aussi des investigations sur des suspicions de flux financiers à destination de pays étrangers en citant les Seychelles.
Une semaine plus tard, la Région Réunion a cru bon de rendre public une demande de droit de réponse qui aurait été adressée à Mediapart.

Outre un rappel de la thèse du « marché secondaire », le document de la Région Réunion comprend une information très intéressante. « A l’approche du choix final, l’un des opérateurs a multiplié des manœuvres visant à influencer les décisions de la collectivité, abordant élus, agents et conseils de la Région, laquelle a été contrainte de signaler ces manœuvres au Procureur de la République (signalement du 11 octobre 2013) ».

C’est l’aveu qu’elle a été « contrainte de signaler » des tentatives de corruption qui ont eu lieu. Le choix des mots n’est pas innocent, car « contrainte » ne veut pas dire « spontanément ». Par ailleurs, il est surprenant d’apprendre qu’à la Région Réunion, de simples agents peuvent « influencer » des décisions aussi importantes.

Plainte ou pas plainte ?

Cette ligne de défense donne à l’affaire une toute autre tournure. Il est clair que la Région Réunion doit maintenant se mettre à table. Autrement dit, qui, selon Didier Robert, a voulu corrompre qui ? Il est d’autre part intéressant de savoir si la Région Réunion a été plus loin qu’un simple signalement. Car une question se pose automatiquement. Compte-tenu du volume considérable d’argent public en jeu, plus d’un milliard d’euros, la Région Réunion a-t-elle déposé une plainte auprès du procureur contre « un opérateur » qu’elle suspecte d’avoir si mal agi ? Si oui, quelles ont été les suites ? Si non, pourquoi ? Vérité ou intox ?

On peut mesurer le rôle important de l’initiative de Paul Vergès. En donnant une dimension politique à ce dossier, il a obligé la Région Réunion à sortir de son immobilisme avec le résultat que tout le monde peut aujourd’hui constater. Manifestement, l’étau se resserre sur les protagonistes de cette affaire.

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