Voilà le résultat du sabotage du développement de La Réunion :

• 1 ouvrier du BTP sur 5 au chômage
• 1 jeune travailleur du BTP sur 3 au chômage
• 44% de chômeurs en plus dans le BTP

8 juillet 2010, par Manuel Marchal

Dans une étude publiée mardi, le CARIF-OREF donne un coup de projecteur sur un secteur économique sinistré, le BTP. Voici à peine deux ans, le BTP était le fer de lance de notre économie. Mais il a sombré dans la crise à la suite de décisions politiques provoquant un effondrement général. Le refus du tram-train, le report de la route du Littoral et les conséquences de la politique du gouvernement amplifient cette crise.

Le 18 janvier 2007, Paul Vergès, président de la Région, signe avec Dominique de Villepin, Premier ministre, le protocole de financement de deux grands chantiers indispensables à La Réunion du million d’habitants : la première tranche du tram-train et la nouvelle route du Littoral. L’instant est tellement important que toute la population est informée. La signature a lieu en effet en direct devant les caméras de télévision.
Grâce à ce document, ce sont plus de deux milliards d’euros d’investissements qui sont assurés pour le pays, et cela deux ans avant le terme d’un autre grand chantier, celui de la route des Tamarins.
Quelques mois plus tard, lorsque se déclenche la crise financière aux Etats-Unis, puis que cette dernière devient une crise économique mondiale, le protocole signé à Matignon prend encore plus d’importance. Il est en effet l’assurance d’un Plan de relance de plus de 2 milliards d’euros pour La Réunion. À ce moment, le BTP est le fer de lance de notre économie.

Le CARIF-OREF constate que les effectifs salariés dans le BTP ont fortement diminué l’an passé. Dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emploi dans ce secteur a cru de 44%, passant de 12.800 à 18.400.

Casser la dynamique du Protocole de Matignon

Depuis l’arrivée à la Direction de la Région de Paul Vergès en 1998, les effectifs ne cessent de croître. En 2004, une nouvelle impulsion est donnée dans le sillage du démarrage du chantier de la route des Tamarins. Une dynamique est enclenchée, elle fait franchir largement le barre des 20.000 salariés dans le BTP. C’est dans cette période de progrès qu’a lieu la signature du Protocole de Matignon.
Mais à peine quatre mois plus tard, en mai 2007, Didier Robert prend une décision qui est un signal : l’arrêt du projet de la rocade du Tampon. Alors que le chantier était financé, prêt à démarrer, le maire du Tampon décide de donner un coup de pied dans un investissement de 100 millions d’euros.
Ce choix est stratégique. Car prévoyant que le chantier du tram-train ne démarrerait pas immédiatement après celui de la route des Tamarins, la Région et ses partenaires avaient prévu une série de grands travaux pour faire la soudure entre la construction de ces deux grandes infrastructures. Il s’agissait notamment de la rocade du Tampon, de la déviation de Grand-Bois, du Pôle Océan de Saint-Denis, du Zénith intercommunal prévu à Saint-Denis sur le territoire de la CINOR.

1,6 milliard d’euros d’investissements refusés

Le rejet de la rocade est un signal. C’est à partir de là que les opposants de la ligne du développement ne vont pas s’embarrasser de scrupules pour stopper les chantiers devant faire la liaison entre la fin de celui de la route des Tamarins et le début de celui du tram-train. C’est le "trou d’air" assuré pour le BTP. À cela s’ajoute la volonté affichée par le gouvernement de remettre en cause la défiscalisation dans le logement et les investissements. Cette annonce intervient au moment où sont supprimés le Pôle Océan et le Zénith. Du coup, les investisseurs extérieurs préfèrent placer leurs capitaux ailleurs qu’à La Réunion. Ce sont 1 milliard d’euros qui sont remis en cause pour notre pays, auxquels s’ajoutent plusieurs centaines de millions d’euros de commande publique annulées par les élus opposés à la ligne du développement.
En 2009, le résultat de ces décisions politiques produit pleinement son effet. Le chiffre d’affaires du BTP diminue de 32%, soit une chute de plus de 400 millions d’euros. Cette diminution de l’activité a des conséquences sur l’emploi. Les effectifs ont diminué de 18%, et ce sont les ouvriers et les jeunes qui sont les plus touchés. Un jeune ouvrier du BTP sur trois a perdu son emploi l’an dernier. Au final, la dynamique du développement mise en place depuis 1998 a été cassée, et pour longtemps, car l’objectif de la nouvelle Direction de la Région n’est pas la relance, mais le maintien du chômage qui constitue le vivier d’une clientèle électorale. Car comment expliquer autrement la décision de supprimer un investissement de 1,6 milliard d’euros, le tram-train, et de reporter le début du chantier de la nouvelle route du Littoral ?

Manuel Marchal

Sur la base de la dynamique enclenchée depuis 1998, de nombreux jeunes ont décidé de se former aux métiers du BTP. La stratégie des opposants au développement va provoquer un afflux massif de jeunes sans emploi, car le BTP est en crise.
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