Face à la divergence, deux attitudes

• À Saint-Paul, Pierre Thiébaut rend ses délégations à la maire par fidélité au PCR
• À La Possession, la première adjointe veut garder ses délégations et combat le PCR

7 avril 2012

Hier, une adversaire du PCR a de nouveau attaqué son ancien parti par voie de presse. Elle estime normal qu’un premier adjoint puisse combattre les décisions de son maire tout en exerçant au nom de son maire des délégations. Au lieu de se cramponner au pouvoir, certains feraient mieux de s’inspirer de l’exemple de Pierre Thiébaut à Saint-Paul.

Dans la seconde circonscription, la conférence extraordinaire du Parti Communiste Réunionnais a confié aux maires du Port et de La Possession la responsabilité de mener la bataille aux législatives. Le PCR avait confié la même responsabilité dans la circonscription d’à côté, la 7e, aux maires de Saint-Paul et de Saint-Louis avec un bonus pour la députée sortante : la garantie d’être investie. Huguette Bello a refusé la décision de 1.500 délégués et elle a décidé de quitter le Parti Communiste Réunionnais. Plusieurs articles de presse ont ainsi révélé qu’elle travaille à l’organisation d’un mouvement politique qui présentera des candidats contre le PCR dans la seconde et la septième circonscription.
Cette décision a eu des conséquences. À Saint-Paul, les membres du Conseil municipal qui se disaient communistes ont décidé de combattre les décisions du PCR. Ne pouvant cautionner une telle dérive, Pierre Thiébaut, militant depuis la fondation du PCR, a décidé de rendre toutes ses délégations à la maire de Saint-Paul. Cette décision est annoncée publiquement par l’intéressé le 21 mars dernier lors du Conseil municipal de Saint-Paul (voir encadré).
Dans la seconde circonscription, la situation est très claire. Jean-Yves Langenier, maire du Port, est le candidat du PCR. Sa suppléante est Thérèse Rica, adjointe au maire de La Possession.
À La Possession et au Port, les élus du Conseil municipal élus en tant que communistes décident de rester fidèle à leur parti à quelques exceptions près. À La Possession, la première adjointe décide d’aller militer contre Thérèse Rica, sa collègue du Conseil municipal. Elle a fait le choix de soutenir les adversaires des décisions du PCR, le Parti de Roland Robert qui l’a fait première adjointe.
Il y a donc là manifestement une profonde divergence. Or, le premier adjoint est l’élu qui doit appliquer sans défaillir la politique du maire. Entre le premier magistrat et son premier adjoint, la condition de la confiance est la convergence. Mais si le premier adjoint est un adversaire des décisions du maire, alors les divergences sont trop profondes. L’honnêteté intellectuelle était donc de prendre la même décision que Pierre Thiébaut : la divergence d’un adjoint avec son maire ne lui permet plus d’assumer ses délégations, par conséquent il les rend.
Mais à La Possession, la première adjointe a une toute autre attitude : elle se cramponne au pouvoir. Le maire n’a donc d’autre décision à prendre que celle de retirer ses délégations à la première adjointe. C’était en effet la seule condition pour mettre fin à un scandale inacceptable qui décrédibilise la fonction d’élu auprès de la population.


Il a rendu ses délégations à Huguette Bello parce qu’il a choisi le Parti

La leçon de Pierre Thiébaut, ancien adjoint de La Possession

Le 21 mars dernier lors du Conseil municipal, Pierre Thiébaut avait pris la parole pour dire qu’il rend ses délégations d’adjoint à la maire de Saint-Paul. Cette décision, il l’a prise sur la base d’une divergence, car Pierre Thiébaut a décidé de rester fidèle au Parti Communiste Réunionnais en prenant part à la refondation de la section de Saint-Paul. Voici des extraits de son intervention :

« Après ma prise de position dans le conflit qui vous oppose au PCR il eut été impensable de ma part que je continue à conserver les prérogatives que vous m’avez accordées en 2008. C’eut été pour moi insolent à votre égard.
Je vous ai toujours respectée et à maintes reprises défendue ; en 1997 pour le choix du candidat à la députation dans la 2e circonscription et plus tard pour la désignation de notre tête de liste aux élections municipales Saint-Pauloises.
C’est avec conscience que j’ai accompli les tâches que vous m’avez confiées (…)

Je ne vais pas m’éterniser sur tout ce que j’ai pu faire d’autre pendant ces 4 années passées.
Mais je voudrais vous dire, Madame la Maire, que je ne me sens plus capable d’accomplir de telles tâches. Il me paraît logique, qu’il vous soit dorénavant désagréable d’avoir à travailler avec moi.
Par honnêteté intellectuelle vis-à-vis de vous je prends ce jour la décision de vous remettre toutes les délégations dont vous m’avez chargé il y a 4 ans.
C’est une partie de votre pouvoir que vous m’avez transmise j’ai l’honneur ce jour de vous la restituer.
Quant à mon statut de conseiller municipal que j’ai obtenu par le vote des citoyens Saint-Paulois, permettez que je le conserve. Lorsque je serai présent aux futurs conseils municipaux, sachez que ce ne sera pas dans le but de vous importuner ni de vous créer des problèmes, soyez-en certaine, la vie de ma commune m’interpellera toujours et vous me trouverez à vos côtés lorsqu’il s’agira de continuer l’œuvre que nous avons entamée ensemble : mettre Saint-Paul sur la voie du développement.

Madame la maire cette décision est mûrement réfléchie. Il y a peu, je vous avais averti de ma volonté de démissionner, de le faire. Mais aujourd’hui, pour moi, la situation est devenue intenable : dans ma vie j’ai toujours eu le courage de mes actes et j’ai l’habitude de les assumer jusqu’au bout.
La position que j’ai prise le samedi 17 mars 2012 me met dans l’obligation de me démettre de toutes les délégations reçues de vous. C’est ce que je fais aujourd’hui. »

Législatives 2012

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