Octroi de mer : la riposte est nulle !

29 janvier 2021, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Il y a le feu dans la maison et nous ne voyons aucune riposte à la hauteur de la catastrophe imminente. Les parlementaires qui vont valider la réforme, les présidents des collectivités et les acteurs économiques sont en train de prier pour qu’il n’y ait aucune « modification du régime ». Ils vivent sur un nuage, complètement hors sol. Le gouvernement intoxique les parlementaires qui, à leur tour, tentent de vendre cette marchandise à une population maintenue dans l’ignorance. Au passage, tout est fait pour exonérer le Président d’une Région qui dispose officiellement de la compétence en matière économique mais qui fait le mort.

Nous ne voyons aucune stratégie de communication pour informer honnêtement la population sur cette fiscalité spécifique, aucune plateforme politique de rassemblement. Par contre, le gouvernement a commandé des études qui lui permettent de définir des hypothèses de réformes. Le Président de l’Adir, Daniel Moreau, s’en est plaint publiquement des propositions jetées en public afin de préparer l’opinion à accepter la catastrophe. Industriel de l’agro-alimentaire, il ne tiendra pas longtemps à la grande concurrence.

Match TVA contre Octroi de Mer ?

La population ne sait pas que tout le secteur des services marchands est exonéré de la taxe d’octroi de mer. Le remplacement de l’octroi de mer par la TVA va impacter les coûts des services et augmenter les tarifs des prestations. Par exemple, sur votre facture d’eau et d’électricité, vous payez la TVA mais pas d’octroi de mer. Idem pour vos tickets de soins corporels, coiffure, transport etc. Il y a la TVA sur les produits de première nécessité. Même réduites à 9,5%, les recettes de la TVA actuelle sont supérieures à celles de l’Octroi de Mer. Alors, imaginez la folie d’aligner sur la TVA française à 21% !

Face à la doctrine libérale qui existe au sommet de l’Etat et de l’Union européenne, le rapport de force n’est pas en faveur des DOM. C’est une erreur de mettre notre sort entre les mains des ministres. Lors de leurs prochaines visites à La Réunion, s’ils ne sentent pas une forte résistance, ils retourneront à Paris satisfaits de voir des acteurs publics et privés consentants.

Ministre de la canne à sucre en France ?

Tirons les leçons de l’effondrement de la canne à sucre. Les acteurs de la filière ont cru au gouvernement. Nous avions un quota de production de 300 000 tonnes de sucre qu’on n’arrivait même pas à produire et un prix d’achat garanti largement supérieur au cours mondial. Cette double peau de protection a volé en éclat, en 2015, et donne raison à l’analyse du PCR qui dénonce l’accord scélérat de 1969. Car, on ne plante pas de canne à Paris.

En 2015, le gouvernement et son ministre de l’agriculture avaient soutenu la fin de ce dispositif protecteur. Ils n’ont même pas eu pitié de l’argument des RUP sur l’étroitesse du marché et du coût de production plus élevé. Qui aurait pu croire que notre petite production de sucre posait des problèmes aux multinationales qui, elles, alignent des millions de tonnes ? Aujourd’hui, l’Etat ne va plus subventionner le sucre. C’est la fin d’un modèle économique qui a ponctué notre histoire.

L’octroi de mer ne survivra pas l’accord du gouvernement avec l’Union européenne et la complicité de la Région. Plus que jamais, c’est l’union des Réunionnais et l’union des outre-mers qui pourront sauver les meubles de l’incendie.

Ary Yée Chong Tchi Kan

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