L’UMP de Didier Robert dans la logique de la politique néo-coloniale

Par la main-mise d’Air France sur Air Austral, une brillante entreprise réunionnaise mise au service d’intérêts extérieurs

19 avril 2012

Ce que le président de la Région — élu grâce à des dirigeants socialistes — est en train de préparer en essayant de changer la direction et la stratégie d’Air Austral se situe dans la ligne de la politique anti-réunionnaise mise en place depuis plusieurs années dans le domaine économique de La Réunion. C’est le cas par exemple avec notre filière canne-sucre et avec notre commerce, mis sous la domination et le profit de détenteurs de capitaux extérieurs.

Les attaques que subit actuellement la compagnie Air Austral de la part des autorités parisiennes avec la complicité de leur collaborateur "péi", Didier Robert, sont une nouvelle mise en cause du patrimoine réunionnais. Et il est très important de prendre conscience de la gravité de ce processus actuellement en cours, car il s’est déjà produit dans bien d’autres secteurs de notre économie, avec des dégâts considérables sur notre société.
Prenons le cas de notre filière canne-sucre. Depuis deux siècles, cette branche de notre économie, mise en place peu après la colonisation du pays avec le soutien des systèmes esclavagiste et engagiste, a fortement marqué notre vie économique, sociale, culturelle ainsi que notre régime foncier.
Certes, elle a avant tout profité aux maîtres, aux usiniers, aux grands propriétaires et autres nantis de la filière, qui ont surexploité les journaliers agricoles, les ouvriers des usines, les colons et autres petits planteurs. Mais grâce aux luttes de classes menées par tous ces travailleurs avec le soutien de leurs organisations syndicales et politiques, le partage des richesses produites s’est parfois amélioré et La Réunion a acquis un haut niveau de maîtrise technique en agriculture comme en industrie.

Téréos a mis la main dessus

Cependant, qu’est devenu récemment le potentiel que représentent ces avancées en vue d’un développement agricole et industriel durable ? Qui détient aujourd’hui ce capital produit par des dizaines de générations de Réunionnais ? Et qui en profite ? Eh bien, tout simplement les nouveaux maîtres et propriétaires de notre filière canne-sucre, à savoir une grande société multinationale et avant tout betteravière, dont le siège est en France.
Désormais, les travailleurs de nos usines sucrières, les planteurs et les cadres de la filière canne de La Réunion sont commandés par les patrons d’une société extérieure à notre pays, qui accumulent leurs bénéfices grâce au travail des Réunionnais. Cette illustration du système néo-colonial en place s’appelle Téréos, qui a mis la main sur notre canne à sucre et sur les personnes qui portent les atouts de cette filière…

Qui commande notre commerce ?

Prenons un autre exemple de ce système injuste, totalement opposé à un développement durable, solidaire et responsable de notre pays. Il s’agit du système commercial.
En effet, celui-ci est entièrement dominé par le monopole de la grande distribution. Et l’ensemble de la population — riche ou pauvre — passe de plus en plus par les guichets des grandes surfaces dans l’ensemble de nos communes.
Certes, les Réunionnais ont essayé de résister à cette domination néo-coloniale de nos marchés, qui profite avant tout à des grandes sociétés extérieures. Et des noms de Réunionnais ont figuré dans le monde de la grande distribution.
Mais le réseau du commerce mis en place par les capitalistes dominants qui se trouvent surtout en Europe fait que ce sont principalement ces derniers qui le commandent et encaissent les bénéfices.
C’est d’ailleurs le même phénomène dans le monde de l’automobile. Et là aussi, c’est une des raisons pour lesquelles le collaborateur de ces profiteurs qui le financent, Didier Robert, a cassé le grand projet réunionnais de tram-train.

Réservé à Air France

En ce qui concerne Air Austral, c’est le même processus que le président de la Région et ses ami(e)s de l’UMP en France veulent mettre en cours. Voilà une entreprise réunionnaise, aux capitaux réunionnais et en grande partie publics, dirigée par des Réunionnais, qui a pris en quelques années une dimension internationale grâce à ses dirigeants et à son personnel (plus d’un millier de personnes).
Cette compagnie aérienne réunionnaise a facilité le désenclavement de La Réunion, développé nos relations avec les pays voisins, avec la France, l’Europe et d’autres continents. Malgré la forte augmentation des prix des carburants, qui a touché de très nombreuses compagnies dans notre région et dans le monde (y compris Air France – KLM), à Air Austral, il n’y a pas eu de plan social envisagé, avec des licenciements comme ailleurs. La direction a préféré suspendre les lignes déficitaires (Thaïlande, Nouvelle-Calédonie, Australie) et décidé d’accentuer les liaisons avec la France. Mais le pouvoir en place a dit : non !, ceci est réservé à Air France… !

Un fleuron réunionnais attaqué

Voilà le fond du problème. Pour des raisons de profits à augmenter du côté d’une compagnie extérieure comme Air France basée à Paris, tout est fait pour attaquer politiquement et économiquement ce fleuron réunionnais qu’est Air Austral.
Une campagne de presse est organisée contre la compagnie réunionnaise. Le président du Conseil de surveillance, Didier Robert, fait annuler les projets du Directoire en termes de suspension des liaisons déficitaires ; ce qui aggrave le déficit. Un complot est mis en place pour empêcher les prêts demandés par Air Austral afin de développer ses activités et Didier Robert va en France, d’où l’on apprend qu’Air France va prendre le contrôle de la compagnie réunionnaise.
C’est un comble ! Alors qu’Air Austral avait acquis son indépendance financière, Didier Robert rétablit la dépendance et la soumission par rapport à Air France. Exactement comme le monde agricole est soumis à Téréos et le monde commercial aux monopoles de la grande distribution. C’est un retour en arrière de plusieurs décennies.

Se soulever contre cette dépossession

Nous devons être conscients de la gravité des conséquences d’une telle politique. Car elle affaiblit notre économie et aggrave les inégalités sociales.
Nous devons également être conscients du mépris que cela représente envers le peuple réunionnais et envers son droit à la responsabilité. Au moment où Sarkozy déclare que c’est aux Réunionnais de prendre la direction de leur pays, son représentant décide de faire venir des personnes de l’extérieur pour prendre la direction d’une des principales entreprises réunionnaises à la place des Réunionnais.
Enfin, dans cette affaire, nous devons prendre conscience de la lourde responsabilité de certains dirigeants socialistes "péi", qui ont refusé de confier la direction de la Région à une large majorité constituée par l’Alliance, le PCR et le PS. C’est cela qui a entraîné la casse du tram-train et de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, avec aujourd’hui le complot contre Air Austral.
Voilà pourquoi, ce dimanche, nous devons profiter de l’élection présidentielle pour nous soulever contre la dépossession des Réunionnais de leur pays en votant massivement pour le contrat de développement signé par François Hollande avec les Réunionnais par l’intermédiaire du PCR.

Correspondant

A la Une de l’actuAir AustralTrainDidier Robert

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Messages

  • nous dévons dénoncé avec force si cette nomination téléguide par le gouvernement ump avec la complicité de robert doit permettre a air france de mettre la main sur air austral .

  • "societe exterieure a notre pays" ! Curieuse reflexion quand on sait que tereos est une societe francaise, Air France egalement, et c’ est encore le cas pour la grande distribution. Notre ile a besoin d investisseurs " exterieurs" surtout si ils sont francais. " D une ile au monde"ne pourra se faire sans les capitaux "exterieures" a moins de viser un modele de developpement que je ne souhaite vraiment pas pour món ile.....

  • Je ne fais pas de politique. Mais force est de constater que depuis le changement de majorité à la tête de la Région Réunion, les affaires économiques du pays ne cessent de s’écrouler. A se demander si cette majorité n’avait pas pour seule mission (ou/et ambition) : de mettre l’île encore plus dans le trouble, dans le chaos. Il me semble qu’on est en train de mettre les réunionnais dans une désespérance en "créant" les conflits et autre chômage. Et ces "créateurs" sont hélas des politiques faisant le contraire de ce pourquoi, ils ont été élus. Quel gâchis !


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