Le plus grand chantier routier de l’Union européenne ne se terminera pas lors de son inauguration au mois de juin prochain. Le président de la Région a lancé hier une nouvelle phase dans la valorisation de la route des Tamarins. Paul Vergès a planté hier le premier arbre du plan de végétalisation qui concerne cette infrastructure. D’ici un an, 550.000 arbres seront plantés, dont 500.000 au cours des cinq prochains mois, pour un budget d’environ 14 millions d’euros. Cela fera de cet itinéraire la route la plus ombragée de l’Union européenne, et inscrit pleinement ce chantier du siècle dans une démarche de développement durable. Cette politique se décline en trois phases.
C’est dans l’immédiat la réponse à un besoin de mobilité de la population. L’accroissement de la population vers le million d’habitants va entrainer une urbanisation des zones de moyennes altitude. Dans l’Ouest, la route des Tamarins est l’outil qui va permettre de structurer l’aménagement de la région, mais elle n’est que le début de la route circulaire à mi-pente qui reliera d’ici 15 ans Cambourg aux Lianes (voir encadré).

S’approprier une responsabilité collective

La deuxième phase a été lancée hier par Paul Vergès et les participants à la première plantation. Un tamarins et un bois rouge ont installé leurs racines près de l’ouvrage d’art de la ravine de La Saline. Au total, 550.000 arbres d’essences locales vivront le long des 33 kilomètres de la route.
C’est « la réhabilitation de ce qui a été détruit », indique Paul Vergès. Le président de la Région précise que quand les compte-rendu des premiers navigateurs qui ont abordé notre île relate que l’Ouest était un paysage de savane, marqué par la présence de tamarins. Ces arbres centenaires ont été détruits, par exemple pour élargir la route nationale à Saint-Gilles. La replantation restituera la vision de La Réunion qu’avait ces premiers habitants.
Cette végétalisation vise également à susciter auprès de la population un élan de responsabilité. Le président de la Région a invité les représentants des communes de Saint-Paul et de Trois-Bassins à amener les écoliers à s’approprier cette opération en venant planter des arbres. Cette dynamique vise à inciter le plus grand nombre de Réunionnais à venir planter un arbre dont chacun sera responsable. Et puisque la vie d’un arbre dépasse celle d’un être humain, « il n’y a pas de geste plus responsable que de créer quelque chose qui dépasse les limites de sa vie », ajoute Paul Vergès qui insiste sur l’appropriation d’une responsabilité collective. Le président du Conseil régional souhaite que l’élan qui sera créé à l’occasion de cette opération se prolonge lorsqu’il sera question de végétaliser les abords de la route circulaire de moyenne altitude.

La source d’énergie du parc automobile de 2025

La troisième phase est la contribution de la route des Tamarins à l’autonomie énergétique pour 2025. Rappelant que 80% des émissions de gaz à effet de serre sont le fait de la production d’électricité et des transports, le président de la Région indique que la route des Tamarins sera couverte de centrales photovoltaïques. L’électricité produite servira à alimenter en énergie les voitures électriques qui remplaceront d’ici 2025 les véhicules à essence sur les routes de La Réunion.
Cela donnera à nos visiteurs l’illustration que La Réunion s’est engagée sur la voie du développement durable. Et lorsque Nicolas Sarkozy viendra inaugurer la route des Tamarins en juin prochain, ce sera l’occasion de dire au président de la République : « voilà ce que les Réunionnais peuvent faire quand ils sont habités par une vision claire de leur avenir », conclut Paul Vergès.

Manuel Marchal

« Nous avons du travail pour les 15 ans à venir »

Lors de son intervention, Paul Vergès a souligné que l’augmentation de la population jusqu’à un million d’habitants allait favoriser l’urbanisation des zones de moyennes altitude pour échapper à un littoral surpeuplé.
Le réseau routier est un héritage de la société de plantation, où les besoins en mobilité étaient très peu important. Cela explique pourquoi l’axe routier principal se situe le long du littoral, et qu’à partir des bas partent des liaisons vers les hauts.
Mais avec la transformation de la société de plantation en société de services, les besoins en mobilité ont considérablement augmenté. Or, pour aller d’un point à un autre de l’île, un habitant des hauts est obligé de descendre sur le littoral, puis ensuite de remonter s’il doit se rendre dans un autre quartier situé en zone de moyenne altitude.
Avec le tram-train et la nouvelle route du littoral, le prochain grand chantier est le prolongement de la route des Tamarins par une route de moyenne altitude qui devra relier Cambourg aux Lianes. Réaliser cette route avant que La Réunion n’atteigne le million d’habitants est une condition du développement durable de notre pays. Cela veut dire que « nous avons du travail pour les 15 ans à venir », ajoute le président de la Région.

À propos du financement

Paul Vergès a rappelé que le financement de la route des Tamarins est assuré à 85% par les fonds propres de la Région, et à 15% par l’Union européenne.