Une cheville ouvrière du classement au Patrimoine mondial s’en va

Parc national : 17 arrivent, 1 part

1er mars 2011, par Céline Tabou

L’ancien directeur scientifique du dossier Patrimoine mondial, René Robert, a démissionné en octobre dernier de ses fonctions. Le géographe souhaite dénoncer le manque de gestion et de valorisation du label.

René Robert faisait partie de l’équipe depuis le lancement de la Mission Parc en 2003, et de la mise en place du dossier pour l’UNESCO dès 2005 pour lequel il a été chargé de mission pour le soutien scientifique. La démission de René Robert a été évincée par l’arrivée d’une vingtaine d’agents assermentés par le Parc national.

Les Réunionnais mis de côté

En effet, l’arrivée des 17 agents, dont 1 Réunionnais, a mis en évidence les paradoxes de Daniel Gonthier. Prompt à faire une pétition pour embaucher une Réunionnaise à la tête du parc, il n’hésite pas à faire venir une quinzaine de jeunes de France au lieu d’embaucher sur place parmi les 55% de jeunes Réunionnais sans emploi.

Cette décision aurait-elle été une des raisons du départ de René Robert ? D’ailleurs, celui-ci regrette que les Réunionnais, notamment les lycéens, collégiens et écoliers, ne s’approprient pas leur patrimoine, il dénonce le manque de structures visant à promouvoir le parc dans les différents établissements scolaires de l’île.

Un désaccord avec Daniel Gonthier ?

« Je suis quelqu’un d’entier, ou on va dans un schéma ou on n’y va pas », a déclaré René Robert au “Journal de l’île de La Réunion”. Le scientifique verrait-il l’arrivée des nouveaux agents d’un mauvais œil, ou l’utilisation politique dont est fait le Parc national ? « J’ai ressenti la nécessité de tourner la page, ce qui m’intéresse, c’est construire », a-t-il ajouté. Daniel Gonthier ne voudrait-il pas faire avancer le Parc national ? Oublierait-il la dimension administrative et scientifique de ce label international ?

Souvent dénoncé par les porteurs de la candidature du Parc national, Marie-Pierre Hoarau et Philippe Berne avaient prévu à plusieurs reprises la nécessité de conserver ce patrimoine à travers une gestion sans faille sur le plan scientifique, culturel et administratif. Il semblerait, aux dires de René Robert, que des dysfonctionnements pourraient faire perdre à La Réunion son label, et surtout son potentiel touristique : « deux notions dans le dossier UNESCO. La dimension scientifique et la gestion de ce Bien. Si on possède quelque chose de magnifique, qu’on ne gère pas ou que l’on ne sait pas gérer, on va à l’échec. Fêter la victoire, c’est bien, mais après ? ». Pour conclure, René Robert a déclaré au “JIR” : « On a mis le label dans une vitrine et moi avec. Je me lance un nouveau défi ».

Céline Tabou


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