Pari lancé à Pierrot Dupuy.

19 février 2007

Entré fortuitement dans le blog de Pierrot Dupuy (“le petit journal”), j’en ai fait une lecture détaillée parce que nous gagnons toujours à confronter nos convictions à ceux qui ne les partagent pas. Les idées progressent par frictions et on a souvent partiellement tort de ne pas essayer de comprendre en quoi nos “adversaires” peuvent avoir partiellement raison.
Globalement ce blog est composé de deux catégories de critiques envers l’Alliance et la famille Vergès (car comme dans le feuilleton “Dallas”, sur ce site, c’est presque toujours l’ensemble de la famille qui est incriminé).
Je réserve la première catégorie aux critiques tellement outrancières qu’elles n’ont, à cause de leur excès même, guère d’intérêt. Qui pourrait prendre au sérieux des attaques aussi caricaturales et injustes que celles réduisant l’Alliance (rebaptisée pour la circonstance « l’allégeance »), à une société de cour ayant pour principale préoccupation de partager des privilèges entre proches. A en croire ce blog, on ne pourrait entrer à la Région qu’en faisant preuve d’une vénération béate que seuls peuvent entretenir d’apparents adultes se comportant, en définitive, comme de petits enfants.
Que dire encore des critiques comparant Paul Vergès à Staline (faut-il rappeler que Staline ce sont des centaines de milliers de fusillés, des pseudo-procès où les accusés se reprochaient eux-mêmes des maux imaginaires, les goulags...). On ne veut même pas céder à la facilité ni au mesquin plaisir que procurerait la critique de telles énormités. Gramsci, l’a dit, la vérité est toujours révolutionnaire. Toujours ! Mais il parlait de la vérité.

Un second groupe de critiques mérite, à mon sens, de prendre plus de temps pour y répondre. Ce sont celles contenues par exemple dans l’article “Sarko par-ci, Sarko par là”, faisant de Paul Vergès un traître aux valeurs de Gauche, un vendu au plus offrant, quelqu’un dont il est évident qu’il n’appellera pas à voter à Gauche. Pour ma part, je me demande, au contraire, comment quelqu’un qui a passé tant d’années à ce que nos enfants puissent bénéficier de plus d’égalité des chances sur la ligne de départ de la vie, pourrait ne pas s’opposer ouvertement à tout projet (fut-il celui de Sarkozy), diamétralement opposé à ses convictions ? Vraiment pourquoi ? Parce qu’il serait tombé, comme le suggère l’article de Pierrot Dupuy, sous le charme des flatteries du Ministre de l’Intérieur ? Croyez-vous vraiment que Paul Vergès se laisserait retourner par les louanges d’un Nicolas Sarkozy qui admire pêle-mêle les Américains et G.W. Bush, Steevy du loft, doc-gynéco le rappeur embourgeoisé... et toutes personnes susceptibles de lui rapporter des voix ? Qu’est-ce donc qui empêcherait Paul Vergès d’être à la fois l’artisan du développement de La Réunion et de reconnaître que des questions comme la fiscalité, la gestion des bénéfices et des dividendes des grandes entreprises, la santé des travailleurs, le service public, l’autonomie des universités, les logements sociaux... concernent tout autant les Français du Périgord que ceux du Var ou de La Réunion ? Or, sur ces points comme sur tant d’autres, les programmes de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal s’opposent terme à terme.
Plus que jamais, si on est pour Nicolas Sarkozy, on ne peut être pour Ségolène Royal et vice-versa. Voyez-vous notre Président de Région céder si facilement à la triple illusion : illusion d’abord selon laquelle le clivage gauche/droite n’aurait plus lieu d’être, illusion selon laquelle ensuite on pourrait y échapper, illusion enfin selon laquelle le mélange des principes de droite et de gauche serait possible ? Si vous en êtes si persuadé, je vous propose un petit pari : si Paul Vergès n’appelle pas à voter pour une ou un candidat de gauche, je ferai amende honorable sur votre blog, vous aurez tout loisir de vous moquer de moi et de dire « Non mais quel naïf vous faites ! » ; mais si inversement il appelle à voter à Gauche, vous reconnaîtrez votre erreur d’appréciation qui en faisait un allié objectif de la droite et peut-être même aurez-vous la courtoisie de bien vouloir vous excuser de ces pseudo-déclarations prophétiques. Pari tenu ?

Pascal Duret


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Messages

  • Beaucoup de bruits pour rien.... qu’avons nous à attendre de la position de Paul Vergès pour le vote prochain ?

    Si l’on reconnait son pouvoir d’influence sur la populace en difficulté qui constitue l’électorat le plus sensible aux volontés de progrès à la Réunion et on comprend bien pourquoi (CSP à bas revenus, en situation d’emplois précaires, ...), alors il faut reconnaître à Paul Vergès ce que la doctrine populaire concède à Panurges.

    Si l’on ne lui prête pas cette capacité de prescription, alors qu’un président de région négocie avec ses partenaires (Europe, Etat, autres collectivités, banques, ..) des accords de financement n’a rien de choquant d’autant que sa collectivité montre l’exemple de la volonté de collaboration en prenant à sa charge des dépenses qui ne lui incombent pas de par la loi.. Faut il pour cela dès lors, remarquer la volonté des parties au regard des proportions de financement que chacun ? Si l’on doit se sentir redevable de l’Etat ou plutôt, redevable des gens en place assumant des fonctions qui dépassent leur propre personne physique et moral aux convictions politiques individuelles et particulières, à qui devons nous à Bruxelles de nous accorder tant ???!!!

    Il faut donc ne pas accorder d’importance à ce qui n’en a pas.
    Savoir pour qui Paul Vergès n’a pas de sens, savoir ce que chacun des candidats propose pour la Réunion en a beaucoup plus.

    Mais le Réunionnais ne doit pas être dupe...les promesses, rappelons le, n’engage que ceux qui les croient...Dès lors, quelle personne doit, au vu de son expérience et de sa capacité à décoder un discours politique, "éclairer" ceux qui sont les croyants de ces élections ?

    Si Paul Vergès souhaite jouer ce rôle, si les partis qui composent l’Alliance souhaite jouer ce rôle, si les partisans de tel ou tel parti souhaitent jouer ce rôle, alors il faudra aussi assumer la responsabilité de l’absence d’évolutions de la Situation sociale réunionnaise et les constats d’échecs bien plus importants que les constats de progrès aux yeux des croyants.

    Le non croyant que je suis prend acte du jeu de dupe en cours.


Témoignages - 80e année


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