« Je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j’ai annoncé. Dans la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace. Au service de la Nation et des Français » : c’est par un post sur X adressé à Gabriel Attal que le président de la République a annoncé ce 9 novembre un changement à la tête du gouvernement.
Cette promotion du ministre de l’Education nationale fait suite à la démission la veille d’Elisabeth Borne, démission acceptée par le chef de l’État.

Elisabeth Borne était chargée de mettre en musique une politique de régression sociale. L’objectif a été atteint avec l’inscription dans la loi de plusieurs mesures ramenant la République plusieurs décennies en arrière. Depuis l’an dernier, le droit à une retraite digne dépend désormais de la capacité financière à compléter la pension du régime général par des assurances privées. La privatisation des retraites est donc actée. Ceux qui n’ont pas les moyens de confier une épargne à un fond de pension devront se contenter d’une retraite de misère. La loi sur l’immigration a également rappelé que cette politique est soutenue par l’extrême droite. En France, le Premier ministre est en première ligne pour assumer l’orientation politique d’un régime présidentiel où le chef de l’État a toujours le dernier mot. La locataire de Matignon a donc joué son rôle de fusible et conformément à la tradition de la 5e République, elle cède sa place à mi-mandat présidentiel.
Gabriel Attal aura donc comme priorité de mettre en œuvre un plan d’armement pluriannuel de plus de 400 milliards d’euros. La guerre en Ukraine a servi de prétexte à cette injection massive d’argent public pour les marchands d’armes.

Gabriel Attal est un pur produit du système construit depuis 2017 à la tête de la République. Il s’agit d’ailleurs pour le nouveau Premier ministre d’être fidèle à « l’esprit de 2017 », l’année de la première élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Chacun a pu constater le résultat de ces 6 années de politique. Pour les Réunionnais, la situation ne s’est pas améliorée. Le pays reste toujours sous-développé dans des domaines aussi stratégiques que l’emploi, l’énergie ou les transports. De plus, Paris n’a manifestement pas compris qu’un vent d’émancipation s’est levé dans les anciennes colonies intégrées à la République avec les victoires d’indépendantistes polynésiens et kanaks aux législatives et sénatoriales, et l’adoption par les exécutifs des départements dits « d’outre-mer » de l’Appel de Fort de France qui demande plus d’autonomie dans les décisions concernant les peuples de ces territoires. La réponse fut un comité interministériel outre-mer à Paris qui élabora une série de mesures sans que les représentants des peuples concernés ne soient conviés.
Paris persistera-t-il dans ces errements ?

M.M.