Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > Politique > Actualités politiques

Paris doit faire confiance et respecter les choix des peuples des anciennes colonies

Les décisions prises par des ministres de l’autre bout du monde ont conduit à la crise actuelle

lundi 23 octobre 2023, par Manuel Marchal


Après le premier CIOM du 18 juillet 2023, Paris a accumulé les échecs dans les anciennes colonies. Le déjeuner du 20 octobre à l’Elysée était le cadre choisi par Paris pour faire s’exprimer les élus de ces territoires. Mais les décisions seront prises à huis clos par quelques ministres basés à Paris, à l’autre bout du monde. Cette méthode constamment reproduite depuis plus de 70 ans a abouti à la crise générale à La Réunion. Quand Paris comprendra-t-il que son rôle est d’accompagner les choix des peuples des anciennes colonies, et pas de réfléchir et de décider à leur place.


Pour les anciennes colonies intégrées à la République, le gouvernement précise sa méthode. 2022 a vu se confirmer la montée d’un vent d’émancipation dans ces territoires. Aux législatives, les indépendantistes ont triomphé en Polynésie. Ce fut suivi par l’élection d’un indépendantiste polynésien à la tête de la Délégation des Outre-mer à l’Assemblée nationale, vivement saluée par le FLNKS et le PCR. Ce fut également l’Appel de Fort de France, où des présidents de collectivités demandaient à Paris d’accorder plus de responsabilités.
Après une rencontre en septembre 2022 d’une cinquantaine d’élus d’anciennes colonies avec le président de la République où rien ne fut acté par des décisions écrites, la réponse de Paris a été la suivante : plusieurs ministres se sont réunis dans la capitale française et ont annoncé 72 mesures le 18 juillet dernier. Bien entendu, le contenu ne pouvait correspondre aux attentes.

Paris continue d’accumuler les échecs

Plusieurs événements symboliques ont ensuite eu lieu. Une ministre originaire de Kanaky Nouvelle-Calédonie et anti-indépendantiste a été battue aux élections sénatoriales de septembre 2022, alors que dans le même temps, le FLNKS remportait un des deux sièges attribués à ce pays. Or, le pouvoir parisien n’a jamais fait mystère de sa volonté de maintenir l’administration française sur la Kanaky Nouvelle-Calédonie.
Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, les délégués de la Polynésie se sont exprimés pour rappeler que le pays était sur la liste des territoires à décoloniser selon l’ONU. Au moment où les Polynésiens furent invités à prendre la parole, l’ambassadeur de Paris quitta la salle….
A Mayotte, alors qu’une importante et violente opération de répression visant une catégorie de la population est en cours depuis plusieurs mois, l’insécurité et les barrages de route sont toujours là. A ce problème s’ajoute un rationnement de l’eau compte tenu de l’incapacité de Paris à garantir à tous les Mahorais un accès quotidien à cette ressource nécessaire à la vie.

Paris veut garder l’initiative et la décision

C’est dans ce contexte que Paris déploie l’acte 2 de son opération : convoquer une soixantaine d’élus et les préfets à l’Élysée pour déjeuner avec le président de la République et des ministres.
C’est dans ce format que les élus sont invités à s’exprimer. Comme il fallait s’y attendre, aucune décision n’a été prise lors de ce repas. Elles le seront plus tard, à l’occasion d’une nouvelle réunion de ministres à huis clos dans un bureau parisien. De là sortira une mise à jour des 72 mesures du CIOM première version…
Ainsi Paris gère les anciennes colonies intégrées à la République. Cette méthode constamment reproduite depuis plus de 70 ans a abouti à la crise générale à La Réunion.

Paris doit accompagner les choix des peuples des anciennes colonies

Il est en effet évident que si des mesures doivent être prises, elles doivent émaner des personnes concernées, c’est-à-dire des peuples qui vivent dans ces anciennes colonies.
C’est à ces peuples de prendre leurs responsabilités et d’élaborer chacun leur propre projet de développement. A charge ensuite au pouvoir parisien d’accompagner ces projets pour qu’ils puissent réussir. Ceci peut passer par un changement du cadre légal, voire de la Constitution, si les propositions du projet de développement ne peuvent s’appliquer dans le cadre actuel.
Cela suppose confiance et respect de la part du pouvoir parisien.
En 2023, Paris est-il prêt à franchir le pas ?

M.M.


Un message, un commentaire ?

signaler contenu

Plan


Facebook Twitter Linkedin Google plus