Une amende de 41 millions d’euros infligées à quatre compagnies pétrolières

Pas de diversion
Union de tous les Réunionnais

6 décembre 2008, par Manuel Marchal

Le Conseil de la Concurrence vient de sanctionner quatre compagnies pétrolières pour entente illicite sur la fourniture de carburant à Air France pour la ligne La Réunion-Paris. Ces 41 millions d’euros ont été obtenus par un verdict rendu au nom du peuple. Selon ce principe républicain, ils appartiennent donc au peuple et ne peuvent donc pas être utilisés pour des intérêts privés ou particuliers.

Mercredi, le Conseil de la Concurrence a rendu un verdict suite à une plainte d’Air France. Quatre compagnies pétrolières ont été condamnées pour entente illicite lors d’un appel d’offres pour la fourniture de carburants à Air France sur la ligne La Réunion-Paris. Selon l’enquête menée, ce procédé a permis à Esso, Total, Chevron et Shell de vendre 30% plus cher.

Les quatre pétroliers ont été condamnés à payer une amende dont le montant total s’élève à 41,1 millions d’euros. Le communiqué du Conseil de la Concurrence faisant état de la décision indique que « ces sommes seront recouvrées au bénéfice du Trésor public ».

Aussitôt cette décision prise, certains ont déjà voulu proposer une utilisation de cette somme. Un commentateur interrogé dans le journal télévisé propose d’affecter les 41 millions d’euros à la baisse des prix des billets d’avion. Un journaliste du "Quotidien" estime que ce « cadeau » du Conseil de la Concurrence pourrait être utilisé « pour faire baisser le prix de l’essence ». Lâcher de telles idées sur la place publique n’aboutit qu’à un seul objectif : détourner l’attention de l’opinion du problème de fond. Ce problème, ce sont les bénéfices exagérés des compagnies pétrolières sur le dos des Réunionnais.

L’argent appartient au peuple

En effet, écrire que le Trésor public doit être amputé d’une somme correspondant au montant d’une amende de 41 millions d’euros pour faire baisser les prix des carburants, c’est donner la possibilité aux pétroliers de conserver intactes leurs marges exorbitantes. Autrement dit, c’est prendre à tout le monde pour satisfaire les intérêts d’une catégorie.

Ceci est également vrai pour le prix des billets d’avion. La décision du Conseil de la Concurrence met justement le doigt sur le problème de fond : la responsabilité des pétroliers dans le prix élevé des billets d’avion. Quatre compagnies ont utilisé des pratiques illicites pour augmenter leurs marges, et cette hausse de leurs bénéfices n’a pu qu’être répercutée dans le prix payé par les voyageurs.

Il est bon de préciser que la décision du Conseil de la Concurrence a été rendue au nom du peuple. Les 41 millions d’euros appartiennent donc au peuple. Toute proposition qui tendrait à réclamer l’utilisation de cette somme pour des intérêts privés ou particuliers est contraire à l’esprit de la République. Et ne serait que diversion.

Le résultat de la mobilisation en Guyane, et celui de la décision du Conseil de la Concurrence pour La Réunion, ouvrent une porte pour que tous les acteurs politiques, économiques et associatifs se concertent avec l’Etat dans le but de revendiquer la transparence sur la formation des prix des carburants, et le respect du consommateur par l’application d’un juste prix.

La vérité ne peut que triompher

En Guyane, la diversion n’a pas fonctionné. Malgré les invectives, toutes les tentatives pour diviser le mouvement et culpabiliser les manifestants en braquant les feux de l’actualité essentiellement sur les conséquences économiques de la mobilisation, l’union n’a jamais été fissurée. La population, les transporteurs, les entreprises et les élus ont tous parlé d’une même voix pour revendiquer une baisse de 50 centimes, sans toucher aux recettes des collectivités. Cette revendication a été satisfaite, les pétroliers ont dû céder.

Il est donc essentiel de sortir de toute attitude irresponsable face à un problème de fond. Partager les informations et les solutions, bannir les invectives et unité d’action : tels sont les moyens de lutte pour obliger les pétroliers et l’Etat à tenir un langage de vérité.

Manuel Marchal


En Guyane, les services de l’Etat ont déjà estimé les conséquences économiques des barrages. Et à La Réunion ?

Le 25 novembre dernier, les élus du Conseil régional ont demandé à l’unanimité au préfet qu’il mobilise les services de l’Etat pour donner une estimation des conséquences économiques provoquées par le mouvement des transporteurs.
Nul doute que cette demande ne pourra qu’être satisfaite dans de brefs délais. En effet, les outils pour réaliser cette mission existent à La Réunion et en Guyane. Or, en Guyane, l’estimation des pertes dues à 11 jours de conflit est déjà là. Rappelons qu’à La Réunion, les barrages avaient bloqué l’économie pendant 5 jours.
« Chaque jour de blocage a engendré une perte de 13 millions d’euros pour l’économie guyanaise, selon le préfet, citant une évaluation de l’Institut d’émission des Départements d’Outre-mer », écrit une dépêche Reuters parue dans "Le Monde". Implanté en Guyane, l’IEDOM est un service de l’Etat qui existe également à La Réunion.


50 centimes de baisse pour tous les Guyanais

La signature d’un protocole d’accord qui avait été proposé par les élus guyanais à l’Etat mercredi a abouti, hier matin, à la levée des barrages routiers qui marquent la fin du mouvement pour la baisse des prix des carburants en Guyane. La revendication est satisfaite : 50 centimes de baisse sans que les Guyanais n’aient rien à payer.
Rappelons qu’au 1er décembre, l’Etat avait imposé aux pétroliers une baisse de 30 centimes, soit quasiment 20%.
L’accord autorise le préfet à signer un arrêté concrétisant lundi prochain une baisse de 20 centimes supplémentaire sur le litre de carburant à la pompe. Cependant, la baisse supplémentaire sur le carburant exigée par les manifestants n’est pas encore effective.
Le Conseil général de la Guyane, en signant le protocole d’accord, s’engage à attribuer une aide de 5 millions d’euros versée par l’Etat sur trois mois à la société pétrolière, afin de permettre cette baisse de 20 centimes manquante.
En effet, « pour prendre en compte les conséquences de cette sortie de crise sur les budgets des collectivités », l’Etat s’engage « à débloquer une enveloppe exceptionnelle de 10 millions d’euros de crédits d’investissements sur le fonds exceptionnel d’investissement », dont « 5 millions d’euros pour le seul Conseil général », précise le document signé jeudi soir à Cayenne.
Toutefois, les pétroliers n’ont pas donné leur accord pour cette solution qui reste subordonnée « à la capacité du Conseil général à obtenir de la SARA cet effort supplémentaire qu’elle a refusé au ministre il y a une semaine », a déclaré jeudi soir Yves Jégo, sur les ondes de RFO.
Aujourd’hui, la Région Guyane et le Conseil général réunissent leurs élus en session extraordinaire afin que chaque assemblée valide cet accord.

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