Les interventions à l’assemblée générale de l’Alliance

Pascal Basse (M.R.C.) : « Les enjeux des européennes sont gigantesques »

27 mai 2004

Le Mouvement républicain et citoyen (MRC) s’inscrit totalement dans la dynamique des forces de progrès constituée par l’Alliance, qui a mis Raffarin K.O. debout aux dernières régionales.
Souvenez vous : le 28 mars dernier, à 20 heures, heure locale, La Réunion donne le signal du réveil des forces de progrès. Deux heures plus tard, toute la métropole (ou presque) était repeinte aux couleurs des forces populaires. Plus tard dans la nuit, nos amis antillais et guyanais nous rejoignaient et fermaient le bal. La boucle était bouclée, la bouche de Raffarin aussi d’ailleurs.
Nous avons gagné une bataille. D’autres nous attendent : Raffarin n’est que l’instrument d’une politique libérale qui dépasse largement notre territoire. Sa politique de casse sociale, d’attaque systématique des acquis sociaux et du service public, tout cela ne fait que répondre à ce que les libéraux attendent de l’Europe.
Dans le projet de Constitution européenne élaboré par Giscard (et qui risque d’être rapidement soumis aux parlementaires européens), l’article III propose la mise en place d’une "libre concurrence non faussée". Qu’est-ce que cela veut dire ? Que l’État n’a plus à intervenir dans un marché où tout sera soumis à la libre concurrence, à la loi du marché, c’est à dire à la loi du plus fort ! Finies les aides aux secteurs économiques en difficulté, terminés les solidarités nationales, l’État-providence...

Ces dispositions nous concernent directement à La Réunion. La Politique agricole commune (PAC), celle-là même qui permet à l’Union européenne de protéger nos productions de canne et celles des bananes des Antilles également de la concurrence des produits des pays du Tiers-monde à main d’œuvre bon marché (pays ACP), cette PAC risque de voler en éclats si l’on n’y prend garde ! Au-delà des dégâts économiques, c’est toute la cohésion sociale de notre île qui serait déstabilisée par une telle catastrophe.
Le projet de Constitution européenne évoque aussi le remplacement du terme de “services publics” par celui de “services d’intérêt général”. Quelles différences ? La qualité et la quantité des prestations offertes au public. Car, au nom de la “libre concurrence non faussée”, l’École, la santé, l’énergie, la Sécurité sociale, la Poste, les chemins de fer pourraient être privatisés. Pourquoi ? Parce que l’École publique et gratuite fausse la concurrence avec l’École privée et payante. Parce que l’énergie bon marché fournie par l’entreprise publique EDF/GDF empêche la concurrence privée de se développer. Parce que la Sécurité sociale est un frein au développement des assurances maladies et des fonds de pensions auxquels seuls les plus aisés d’entre nous auront accès...

Vous comprenez que les enjeux des prochaines élections européennes sont gigantesques. Les défis à relever pour l’Outre-mer vont nous engager pour plusieurs décennies. Pour toutes ces raisons, le MRC réclame un référendum sur l’adoption de la future Constitution européenne ; le peuple doit être consulté sur un sujet de cette importance. Il faut s’exprimer massivement et dire que nous ne voulons pas de cette Europe là, que nous voulons une Europe sociale, une Europe des peuples.
Revenons aux prochaines échéances européennes. Nous concevons fort bien que le fait d’être pris pour un sot par un imbécile puisse procurer un réel plaisir intellectuel. Pour autant, il faut se méfier des imbéciles car certains sont tellement bêtes qu’ils sont persuadés d’être intelligents et capables à eux seuls - et en ne représentant qu’eux-mêmes - de défendre les intérêts de l’ensemble de l’Outre-mer.
Clémenceau disait à propos de la guerre qu’elle était une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires. Nous pourrions ajouter que la défense des intérêts de l’ensemble de l’Outre-mer est une chose trop sérieuse pour la laisser à l’UMP et aux seuls socialistes de La Réunion. À bon entendeur...


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus