Au moment où la crise connaît une brusque accélération

Paul Vergès appelle à la concertation pour des propositions réunionnaises

1er septembre 2012, par Céline Tabou

Lors d’une conférence de presse hier au siège de L’Alliance, le sénateur Paul Vergès, cofondateur du PCR et président de l’Alliance, a expliqué que « face aux mouvements politique, économique et social, on est arrivé à un point de combinaison des contradictions qui peuvent déboucher sur une aggravation de la crise avec toutes les conséquences que l’on peut avoir ». La sortie de l’impasse passe par le dépassement des intérêts particuliers. La concertation est urgente, pour aller sur des propositions réunionnaises acceptées par tous.

Ce dernier a évoqué « l’élargissement de la crise qui touche tous les secteurs d’activité » de l’économie réunionnaise. Cette aggravation est exacerbée par « l’absence de solutions et l’accélération de son évolution ».
Paul Vergès a également expliqué que les réponses données par le gouvernement et les collectivités territoriales ne répondaient pas à la crise que connaît La Réunion. Celles-ci sont « insuffisantes et inadaptées », parce que « les responsables politiques montrent une absence totale d’analyse globale de la situation à La Réunion. C’est une analyse insuffisante ou même inexistante » qui a pour conséquence un « manque de perspective et de stratégie » pour l’île.

« Des réponses insuffisantes et inadaptées »

Face aux « difficultés accrues qui vont arriver », il existe des solutions à prendre, car « au-delà des aspects immédiats, il y a une sous-estimation des facteurs globaux », tels que les changements climatiques et ses conséquences, la crise économique et internationale qui persiste depuis 2008 et dont « on ne voit pas le bout », mais aussi le problème de l’eau.
« L’alerte a été donnée à La Réunion par les spécialistes et sur le plan politique, le Parti communiste réunionnais. Sur ce plan, il y a un abandon des efforts » par les collectivités, tant Région que Département.
Paul Vergès a tenu à alerter l’opinion et les responsables politiques sur les conséquences des sécheresses aller entraîner une grave crise dans le domaine agricole avec des « problèmes pour les maraîchers qui vont être très grave », à cela s’ajoute des « problèmes de pollution », comme le Lagon de Saint-Leu pollué suite à des « insuffisances dans le traitement des eaux usées ».
Parmi les autres sujets de préoccupation, la hausse démographique qui reste le défi majeur de La Réunion, « c’est un phénomène unique en France parce qu’un département qui est passé de 250.000 habitants en 1946 à près de 850.000 aujourd’hui et 900.000 d’ici la fin du mandat de François Hollande », il s’agit d’un élément fondamental à prendre en considération, a expliqué Paul Vergès. En effet, cette hausse démographique pourra entraîner « une hausse du chômage, une augmentation des allocataires des minimas sociaux, cela doit être pris en considération au-delà des problèmes immédiats. Il y aura une rupture », s’il n’y a pas de stratégie structurelle, a-t-il indiqué.

L’énergie, un problème central à La Réunion

« Le problème fondamental à La Réunion est l’énergie, si cela n’est pas réglé, il n’y aura pas de développement durable possible », a averti Paul Vergès. Ce dernier a rappelé l’étonnement de Lionel Jospin lorsque l’autonomie énergétique de La Réunion avait été évoquée au siège de l’UNESCO en 1999. Le Premier ministre avait alors demandé une expertise et compris qu’il était « possible de lancer l’autonomie énergétique à La Réunion ».
La politique menée dans ce but aurait permis à la France, grâce aux réalisations à La Réunion, de montrer sa capacité à répondre aux urgences mondiales et aux besoins des populations des îles. « Mais le monde politique réunionnais en a décidé autrement, cela coûtera extrêmement cher », a indiqué Paul Vergès.
Cela se traduit aujourd’hui dans la problématique des prix des carburants qui montre l’absence de concertation et d’analyse globale de la situation à La Réunion par les responsables politiques.
En effet, en l’absence de convergences entre tous les acteurs concernés par les carburants, des transporteurs aux agriculteurs, une cacophonie s’est créée et des divisions sont mises en avant.
Pourtant, il est clair que « les perspectives seront la hausse constante des prix des carburants », due entre autres à la rareté du pétrole et de la hausse de la demande. Malgré cette échéance inévitable, chaque corps de professionnels a tenu à prendre position individuellement et proposer ses propres solutions, qui peuvent s’opposer à celle faite par les autres corps de métier. D’où le conflit et les difficultés qu’il entraîne.
« Il faut une concertation afin de définir les points de vue, proposer des solutions » et mettre sur la table une analyse globale de la situation des carburants à La Réunion, afin de créer « une plate-forme commune, sinon on arrivera à un affrontement », a expliqué le président de L’Alliance. Ce dernier a conclu en rappelant qu’aujourd’hui « nous arrivons à la combinaison de tous les secteurs, qui doit déboucher sur une solution, car le temps est compté ».

Céline Tabou

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