Pour la réalisation d’une plate-forme commune

Paul Vergès appelle au rassemblement

30 juillet 2013

De retour d’une mission à Paris, le sénateur Paul Vergès a rencontré hier la presse. Face à la gravité de la situation illustrée par les mouvements autour du RSTA, le parlementaire appelle les Réunionnais à se rassembler pour parler d’une même voix à François Chérèque et au président de la République qui seront prochainement en visite dans notre île.

Paul Vergès : « Réunissons-nous le plus possible, personne n’est obligé d’accepter le programme de l’autre, mais pourquoi ne pas extraire ce qui peut être intégré dans la plate-forme commune ? »

Après un bref compte-rendu de ces deux réunions avec les parlementaires des Outre-mer et Victorin Lurel (voir encadré), Paul Vergès est revenu sur la question qui a dominé l’actualité ces derniers jours : comment un gouvernement peut-il supprimer le RSTA sans dire la solution de remplacement. COSPAR pareil ?

Sur la grève de la faim de Samuel Mouen qui venait de se terminer, et sur les événements qu’elle a déclenchés, le sénateur souligne « extrêmement important qu’il y ait eu cela et que cela ait duré aussi longtemps ». « Samuel Mouen a saisi le moment de faire le geste qui fédère tout le monde », poursuit Paul Vergès. Force est de constater qu’il y a eu une manifestation avec des convergences, et tout l’arc en ciel politique. « Cela montre l’extrême gravité de la situation » , ajoute le cofondateur du PCR. D’où les propositions faites par le ministre des Outre-mer. Dans un communiqué, Victorin Lurel demande à l’ancien secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qu’il puisse s’occuper ici de la grande pauvreté. Dans 15 semaines, le président de la République sera en visite à La Réunion. Cela explique que sortant de ses discours énervés, Victorin Lurel cherche des solutions, dit en substance Paul Vergès.

Convergence

Pour le sénateur, l’évolution de la situation pose des rendez-vous concrets. Car « François Chérèque ne viendra pas dans le vide » . Pendant le mouvement autour de la grève de la faim, les syndicats se sont rencontrés à la salle polyvalente de la mairie de Saint-Denis. Ils ne se sont pas mêlés aux autres, et ils ont fait des propositions. D’autres ont fait des lettres ouvertes au préfet avec des suggestions. Les jeunes ont fait des propositions. Paul Vergès dit aussi que les élus font des propositions très acceptables.

Il lance donc un appel à rapprocher les points de vue. Pourquoi ne pas choisir d’aller vers la plate-forme commune ? Pourquoi refuser la position des autres alors qu’elle converge vers la sienne ?

Le sénateur constate qu’il faut prendre acte qu’il y a une réflexion silencieuse des parlementaires socialistes : « pourquoi ne feraient-ils pas des propositions ? »

Au mouvement pour la défense du RSTA, Victorin Lurel opère un « renvoi habile » en déclarant en substance, « dites à M. Chérèque ce que vous proposez » . Dans ces conditions, « on ne peut pas avoir 7 députés, tous de la majorité, qui ne parlent pas » , indique Paul Vergès, « le gouvernement leur offre des raisons de discuter  ».

Si par exemple il y a accord avec des éléments de la plate-forme des syndicats, « pourquoi ne dirait-on pas, sur la base du plus petit dénominateur commun, voilà La Réunion qui parle ? »

Car la visite de François Chérèque annonce celle de François Hollande dans 15 semaines au plus tard.

Une plate-forme minimum

Pour Paul Vergès, un tel événement est à comparer à la venue de François Mitterrand pour l’égalité sociale en 1988.

C’est pourquoi le sénateur réitère son appel au rassemblement. « Réunissons-nous le plus possible, personne n’est obligé d’accepter le programme de l’autre, mais pourquoi ne pas extraire ce qui peut être intégré dans la plate-forme commune ? » Au-delà de la manifestation en soutien à Samuel Mouen, pourquoi ne pas dire : « nous sommes prêts à nous unir, sur la grande pauvreté, à proposer cette plate-forme minimum »  ? Pour Paul Vergès, cette plate-forme existe, « alors rassemblons-nous et faisons le d’une façon correcte » .

En conclusion, « démontrons aux Réunionnais que l’on doit s’unir d’une façon absolue. Voilà la leçon que l’on doit apporter à François Chérèque puis au président de la République » .

M.M.

Hausse des salaires et suppression du RSTA

Le gouvernement a annoncé une revalorisation du point d’indice des fonctionnaires de catégorie C. C’est vu comme un geste très positif du gouvernement, certains font même remarquer qu’il est d’autant plus positif qu’il est gratuit car dans la Fonction publique d’Etat, la proportion d’agent de catégorie C est faible, contrairement aux autres fonctions publiques, remarque Paul Vergès.

Maires et conseillers généraux auront donc un effort à faire, dans un budget où le gouvernement diminuera leur subvention.

Le sénateur rappelle que l’emploi public représente 32% des salariés à La Réunion, et parmi eux un grand nombre d’agents en catégorie C. « Cette décision va amener un petit complément de pouvoir d’achat des fonctionnaires de catégorie C. Comment expliquer ce geste et que d’un autre côté on enlève le RSTA et le COSPAR ? »

Débat télévisé avec Victorin Lurel ?

Lundi dernier, Paul Vergès était invité au ministère des Outre-mer à Paris, avec les autres sénateurs et députés des outre-mer. Après avoir rencontré à part Thierry Robert, Victorin Lurel a fait un exposé relativement long, complété par celui d’un de ses collaborateurs. En conséquence, l’échange avec les parlementaires ne dura qu’une demi-heure. Cela suffit à ministre des Outre-mer pour montrer publiquement son agacement sur la manière dont il estime être traité par les responsables politiques et les médias de La Réunion.

Le lendemain, une seconde réunion avait lieu avec un intergroupe composé des sénateurs et de quelques députés. Cette fois, le ton a été plus vif. Paul Vergès pense que Victorin Lurel se sent blessé « par ce qu’il considère comme une attitude réunionnaise vis-à-vis de lui » , et les intentions qu’on lui prête de faire jouer la préférence antillaise dans des arbitrages relatifs aux Outre-mer.

Le ministre s’est aussi plaint de ne pas être défendu à La Réunion, et il a fait la proposition que lors de son prochain séjour dans notre île, il réglera ce problème publiquement à la télévision en acceptant n’importe quel contradicteur. « Je suis votre contradicteur et je répondrai à vos affirmations par des faits et tous les Réunionnais seront juges » , lui a répondu Paul Vergès.

Pas de rencontre avec le Commissaire à l’Agriculture

Paul Vergès est revenu sur la visite aujourd’hui et demain du Commissaire à l’agriculture, Dacian Ciolos, en provenance de Mayotte.

Le sénateur rappelle que la France est membre de l’Union européenne. Dacian Ciolos va donc examiner des décisions capitales pour La Réunion sur le quota sucrier dont il est prévu la suppression en 2017, et sur les fonds qui viennent soutenir l’agriculture. Le Commissaire européen a également compétence sur les mesures qui touchent à l’autosuffisance alimentaire.

Mais le séjour de Dacian Ciolos ne prévoit aucune rencontre avec les députés et les sénateurs, précise Paul Vergès. Le rôle des parlementaires consiste à suivre la délégation, ajoute-t-il. « Comme il a décidé d’ignorer les parlementaires, je l’ignorerai » , dit Paul Vergès qui conclut : « je n’irai à aucune de ses rencontres, et je serai dans la crainte de ses décisions » .

Proposition d’une commission d’enquête

Le gouvernement va apporter un supplément de 500.000 aux emplois aidés. Combien pour La Réunion ? Peut-être 5.000 emplois d’avenir dans ce quota. Va-t-on vers une distribution d’emplois aidés à quelques mois des municipales ?

Paul Vergès a dit à Victorin Lurel que ce sont 5.000 emplois financés pour 3 ans. Or, La Réunion fait face à la progression démographique ce qui va amplifier le déficit de service d’aide à la personne alors que de nombreux jeunes sont au chômage.

Le parlementaire propose de faire un conseil d’administration des financeurs, des associations bénéficiaires et de se donner trois ans pour organiser la pérennité de l’emploi.

Il a conseillé aussi à Victorin Lurel que pour ne pas nourrir les procès d’intention, il est important de rappeler que la situation à La Réunion n’a rien à voir avec les Antilles, le Pacifique et Océanie. D’où la proposition d’une commission d’enquête sur les régions en fonction de leurs spécificités. Par exemple une étude sur La Réunion et Mayotte d’une part, une sur les Antilles d’autre part, et le Pacifique.

11 milliards d’êtres humains en 2100

La conférence de presse de Paul Vergès a souligné l’importance d’une découverte en démographie qui rompt un principe admis depuis plusieurs années. La population est passée de 2,5 milliards en 1950, à 7 milliards aujourd’hui puis à 9 milliards en 2050. Jusqu’à présent, il était convenu un arrêt de la transition démographique, mais elle ne s’arrêtera pas et la population du monde atteindra 11 milliards en 2100. A ce moment, la population du Nigeria sera plus importante que celle des Etats-Unis. Ce sera un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité.
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