Célébration du 70e anniversaire de l’abolition du statut colonial et la présentation des propositions contenues dans le rapport de Victorin Lurel : le sénateur invité du journal télévisé d’Antenne Réunion

Paul Vergès : « respectez-nous à La Réunion »

16 mars 2016, par Manuel Marchal

La célébration du 70e anniversaire de l’abolition du statut colonial et la présentation des propositions contenues dans le rapport de Victorin Lurel pour l’égalité réelle étaient à l’ordre du jour d’un entretien de Paul Vergès hier soir dans le journal télévisé d’Antenne Réunion. Le sénateur insiste sur l’importance d’informer les Réunionnais sur le projet du gouvernement.

Paul Vergès, sénateur de La Réunion.

Hier à Paris, Victorin Lurel a présenté son rapport sur l’égalité réelle dans les outre-mer lors d’une conférence de presse tenue aux côtés de George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, et de Ericka Bareigts, secrétaire d’État chargée de l’Égalité réelle.

Ses 35 propositions et 75 recommandations correspondent à un « Big bang social et économique » dans les Outre-mer. 70 ans après le vote de la loi du 19 mars, ce rapport propose de tout remettre à plat en se donnant comme objectif d’atteindre l’égalité réelle avec la France d’ici 25 ans. Il préconise également des plans de développement donnant une vision à 40 ans.

Big bang économique et social

La réforme institutionnelle est évoquée, avec une réflexion sur l’article 73 de la Constitution. Le rapport de Victorin Lurel propose également de réfléchir sur la sur-rémunération. Il préconise un complément temporaire de retraite pour qu’aucun retraité ait un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Une telle mesure toucherait 42 % des retraités à La Réunion. Victorin Lurel recommande également une évaluation de toutes les dépenses de l’État pour procéder à leur redéploiement. Sur le plan économique, le document avance également l’idée d’une exonération totale des cotisations sociales et fiscales des entreprises.

Entre la présentation de ce rapport, son évaluation par le gouvernement et la présentation du projet de loi au Parlement, le délai sera très court. Au mois de juillet, c’est-à-dire dans 4 mois, les parlementaires devront voter le texte qui sera issu de ce rapport. C’est dans ce contexte que Paul Vergès, sénateur de La Réunion, était invité du journal télévisé du soir d’Antenne Réunion. Le cadre initial était la célébration du 70e anniversaire du vote de la loi du 19 mars 1946, mais le sénateur a été également interrogé sur le rapport de Victorin Lurel.

Le rêve de Raymond Vergès et Aimé Césaire

Concernant le vote de la loi du 19 mars 1946, Paul Vergès a rappelé que c’était la première fois, avec Raymond Vergès, Léon de Lépervanche et Aimé Césaire, que les colonisés ont obtenu par la volonté de leurs électeurs l’abolition du régime colonial et l’égalité avec les citoyens français. C’est un grand rêve pour Raymond Vergès comme pour Aimé Césaire. Obtenir l’abolition de ce régime colonial, c’était pour eux un boulevard qui s’ouvrait avec la promesse de l’égalité. Malheureusement, Raymond Vergès et Aimé Césaire sont morts, sans que leur rêve se soit réalisé.

Bilan catastrophique

Cette date du 19 mars et historique. C’est pourquoi Paul Vergès demande que tous les ans, ce jour soit célébré comme celui de l’abolition du régime colonial et de l’égalité avec les citoyens français.

« Le cœur de la réforme c’était l’égalité. Nous l’avons eue seulement 50 ans après », a souligné Paul Vergès. La conséquence, c’est un bilan catastrophique. 30 % de chômage à La Réunion, cela équivaut à 11 millions de chômeurs en France. La moitié de la population en dessus du seuil de pauvreté, c’est comme si la France avait 30 millions de pauvres.

L’élu communiste estime donc que la déception est considérable, et souligne que la situation tellement grave que le gouvernement français dit qu’il faut un autre régime.

Le gouvernement en train d’organiser l’autonomie

Il se souvient que dans les années qui ont suivi le vote de la loi, tout son esprit était nié dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi les communistes ont repris l’essentiel de l’esprit de cette loi en réclamant l’autonomie. Mais le refus d’appliquer la loi n’a pas cessé. Ce fut la fraude électorale, les morts, la répression. « Notre revendication d’autonomie m’a amené devant la Cour de sureté de l’État », rappelle Paul Vergès.

Aujourd’hui, le gouvernement est en train d’organiser l’autonomie de l’outre-mer, sera-t-elle progressiste comme nous le souhaitons ou serons-nous déçus comme après 1946, dit en substance Paul Vergès.

Respecter le contrat signé avec les fonctionnaires

Au sujet du rapport Lurel, Paul Vergès appelle à informer les Réunionnais. Le conseil des ministres risque d’examiner le projet de loi sur l’égalité réelle au mois de mars. Tout est remis en cause, notamment la sur-rémunération. Le sénateur rappelle que la sur-rémunération est un élément de l’inégalité des revenus, « mais vous ne pouvez pas rompre un contrat signé avec les fonctionnaires », souligne Paul Vergès, le gouvernement doit donc chercher un acte équitable en concertation avec les syndicats et les responsables politiques. Sur ce dossier, les Réunionnais doivent être force de proposition.

La crise de la canne à sucre

Le sénateur a rappelé l’imminence de là la crise de la canne à sucre, avec la fin des quotas l’année prochaine. C’est la menace mortelle pour les planteurs et les ouvriers des deux dernières usines sucrière.

« Je défendrai en tant que parlementaire les travailleurs, les planteurs et les entreprises de La Réunion », a dit avec force Paul Vergès, il défendra les Réunionnais dans leur droit.

« J’ai une carrière militante. Au cœur de nos revendications, le mot d’ordre de Laurent : nous ne sommes pas plus, nous ne sommes pas moins que les Français, respectez-nous à La Réunion », conclut-il.

M.M.

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  • Le 19 mars est certainement une date historique pour 4 des départements d’outre mer de la République , la Réunion , la Guyane , la Martinique et la Guadeloupe , et il me parait normal que cette date soit commémorée par les habitants de ces quatre départements .Mais je ne suis pas sûr qu’il soit nécessaire de leur donner un jour férié de plus pour cette commémoration .

    Celle ci pourrait consister à rendre obligatoire une lecture de la loi dans les établissements scolaires et universitaires qu’ils soient publics ou privés , et un rappel de cette loi dans la presse écrite et audiovisuelle et à donner à tous les salariés deux heures pour aller participer aux actions de commémorations officielles qui seraient organisées ce jour là . A cet effet il serait judicieux que les chefs lieux des quatre département d’outre mer concernés dispose d’une place spéciale ou serait érigée une stèle pour la commémoration de cette journée . On peut envisager la même chose dans les chefs lieux d’arrondissement, et les communes pourront si elles le souhaitent organiser une manifestation spéciale pour ce jour là .

    On peut bien entendu prévoir d’autres choses , mais pas forcément de donner une journée de travail , que tout le monde prendra sans vraiment comprendre le sens de ce jour férié supplémentaire . Et au lieu de commémorer cette journée historique on aura créé un jour chômé de plus .

    Bravo quand même à monsieur Paul Verges pour avoir proposé une loi pour cette commémoration . Je pense que les parlementaires l’accepteront , mais peut être qu’ils estimeront comme moi que cette commémoration pourrait se faire sans jour férié . On pourrait d’ailleurs faire la même chose pour d’autres jours destinés à la commémoration . Il n’est pas nécessaire de donner une journée de travail pour appliquer le devoir de mémoire pour certaines dates .


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