Contrat avec le candidat Hollande : le PCR a rempli sa part, le gouvernement pas encore

Paul Vergès souligne que les prochains mois seront décisifs

6 septembre 2013, par Manuel Marchal

Au dernier trimestre 2013 ou au plus tard au premier trimestre 2014, une décision sera prise vis-à-vis du soutien au gouvernement. Le PCR a respecté la part de son contrat en plaçant François Hollande largement en tête à La Réunion. Mais les engagements pris en réponse aux propositions du PCR, et réaffirmé à Saint-Louis par le candidat Hollande ne sont pas encore tenus par le président, alors que 40% de son mandat est déjà consommé. Si le gouvernement ne prend pas de décision positive d’ici mars au plus tard, alors le PCR prendra acte.

Lors de l’élection présidentielle, le PCR n’a pas eu la même attitude que le Front de Gauche en France. Ce dernier avait soutenu son candidat au premier tour, avant de se rallier à François Hollande au second tour avec pour seul objectif de battre Nicolas Sarkozy. Autrement dit, ils ont fait le choix d’éliminer.

Pour sa part, le PCR a eu une approche différente. Il a participé à la désignation du candidat socialiste en organisant la victoire de François Hollande à La Réunion, alors que Martine Aubry était la candidate soutenue par la plupart des dirigeants de la Fédération PS. Puis, le PCR a adressé à tous les candidats se disant de l’alternance ses propositions. François Hollande a alors affirmé son soutien à ses mesures lors d’une rencontre avec Paul Vergès et Élie Hoarau à son état-major de campagne. Quelques jours plus tard lors de sa venue à La Réunion, le candidat Hollande a dit publiquement son soutien à de grands projets tels que l’autonomie énergétique, l’autosuffisance alimentaire et le tram-train. Il a aussi soutenu les propositions pour l’emploi et la responsabilité du PCR lors de ce discours prononcé au Gol le 1er avril 2012.

Pour sa part, le PCR s’engageait à soutenir la candidature de François Hollande dès le premier tour. Le contrat était scellé.

Le moment d’agir

Lors de la présidentielle, le soutien du PCR a placé François Hollande loin devant : majorité absolue dès le premier tour, et plus de 71% des voix au second. C’est au Port, commune dirigée par le PCR, que le candidat Hollande réalisa son meilleur score avec 81% des suffrages. Sans contestation possible, le PCR a rempli sa part du contrat.

François Hollande est arrivé à la présidence en mai 2012. À ce jour, 40% du mandat a été consommé, et force est de constater que le partenaire du PCR n’a pas encore honoré sa part de contrat. C’est ce que rappelle Paul Vergès.

Le sénateur souligne que dans les mois qui viennent, le gouvernement va prendre des décisions qui détermineront sa politique budgétaire. Mais à ce jour, « où sont les grands chantiers, où sont les énergies renouvelables, où est l’ouverture de La Réunion sur sa région » , interroge-t-il.

Autrement dit, le moment de la décision est venu.

Les derniers chiffres publiés par l’INSEE sont là pour rappeler l’impasse dans laquelle se trouve le pays. C’est la conséquence d’une crise structurelle qui affecte tous les secteurs depuis deux-tiers de siècle, précise Paul Vergès. Il ajoute que la fondation du PCR en 1959 visait déjà à combattre cette crise amplifiée par les décisions des gouvernements de différentes tendances politiques qui se succédaient à Paris. La crise a atteint un niveau tel qu’au-delà du PCR, des responsables politiques ont depuis longtemps affirmé que la départementalisation est arrivée au bout de ses limites. Malgré l’égalité sociale, la grande pauvreté, le chômage, le mal-logement et l’illettrisme sont toujours là.

Des atouts

Le dernier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014 seront décisifs, indique le sénateur de La Réunion. « Nous disons au gouvernement, saisissons la chance. La part de la jeunesse est décisive », et les politiques menées ont « déjà ruiné deux générations ». « Nous avons un atout que notre environnement n’a pas, c’est la scolarisation de l’école à l’université », ajoute en substance Paul Vergès. Et à la différence des Antilles, La Réunion est au cœur d’une région où la francophonie a encore une carte importante à jouer.

Madagascar a 23 millions d’habitants aujourd’hui, et 50 millions dans une vingtaine d’années. La Grande île a une imprégnation francophone, bien que la langue maternelle ne soit pas le français.

Tout cela a été expliqué lors de rencontres de Paul Vergès avec des représentants du gouvernement. À chaque fois, ces derniers ont estimé que ces atouts étaient des points stratégiques. Mais l’application tarde à venir. Et Paul Vergès de conclure en rappelant que lors de sa première visite à La Réunion, le ministre des Outre-mer avait dit que l’État allait respecter le protocole de Matignon 2. Rappelons que signé entre Didier Robert et le précédent gouvernement, cet accord prévoyait la suppression du tram-train. Le soutien à Matignon 2 n’est-il pas un correctif des engagements pris par l’actuel président de la République ?

Manuel Marchal

Au départ, l’inégalité

Lors de la conférence de presse, Paul Vergès revient sur la loi du 19 mars 1946, qui prévoyait l’égalité au 1er janvier 1947. Mais à la date convenue, le gouvernement a décidé d’intégrer tous les fonctionnaires du cadre local sur la base du traitement métropolitain majoré du supplément colonial. Il introduisit alors l’inégalité dès le départ, car l’unité de traitement dans la fonction publique était rompue. Cette décision a déterminé les deux-tiers de siècle qui ont suivi.
Municipales : les députés doivent dire la vérité

À aucun moment, La Réunion n’a eu une représentation parlementaire aussi pléthorique d’une part, et d’une telle tendance d’autre part : 7 députés, tous de la majorité présidentielle.

Presque tous sont candidats aux élections municipales. « Ils ont voté la loi sur le cumul des mandats. Ils savent qu’il y a incompatibilité », prévient Paul Vergès. En 2017, il ne sera plus possible d’être maire et député. Or, le mandat des maires élus l’année prochaine finira en 2020.

Les députés déjà maires et candidats à leur succession, où les députés aspirant à être maires, doivent donc dire quel mandat ils choisiront d’accomplir s’ils sont élus.

Sont notamment concernés Bello à Saint-Paul, Lebreton à Saint-Joseph, ou Vlody au Tampon s’il est élu maire.
Retraites : une loi inapplicable pour l’écrasante majorité


Paul Vergès appelle là aussi à dire la vérité : la loi sur la retraite ne s’appliquera pas pour l’écrasante majorité des Réunionnais. Que peut changer une variation de la durée des cotisations pour les chômeurs ? De toute façon, à 41 ans ou à 43 ans, ils n’auront jamais une retraite pleine. Ce sera aussi le lot de la majorité des salariés du privé, compte-tenu de la précarité du travail à La Réunion.

Par ailleurs, demande Paul Vergès, cette loi menace-t-elle le régime particulier des fonctionnaires pour qui trois ans de travail valent quatre années de cotisation ? Ce projet remettra-t-il en cause le supplément de 35% versé uniquement aux retraités de la fonction publique d’État ?
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