Déclaration du Parti communiste réunionnais

PCR : « 20 décembre 2022 : Mettre fin à un système mortifère »

19 décembre 2022, par Parti Communiste Réunionnais

A l’occasion de la commémoration du 174e anniversaire de l’Abolition de l’esclavage à La Réunion, le Parti communiste réunionnais a diffusé une déclaration dont voici le contenu.

Les célébrations de la commémoration de l’Abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848, ont commencé à La Réunion et dureront encore plusieurs jours. A cette occasion, le Parti Communiste Réunionnais adresse à toute la population ses vœux de succès et porte quelques réflexions sur ce moment de fraternité et d’unité.

1-Avant tout, nous avons une longue pensée pour nos ancêtres victimes de l’Esclavage durant près de 2 siècles. Il suffit de lire le Code Noir pour constater qu’il s’agissait d’un Code pour des Blancs afin de mieux sévir contre des Noirs, qualifiés dans le texte de “meuble”. Il a été rédigé par Colbert, Ministre de la France. L’Esclavage a été aboli le 20 décembre 1848, pour La Réunion. Cette date est réputée, célébrée, fériée et chômée. Par la suite, la lutte a permis de faire reconnaître l’Esclavage « crime contre l’humanité ». Le travail de mémoire et de clarification doit continuer pour la reconnaissance de la dignité réunionnaise. Le PCR continue d’apporter sa contribution.

2-En effet, le PCR rappelle que, officiellement, depuis 174 ans, tous les habitants de La Réunion sont considérés, selon la loi, comme des êtres humains, libres et égaux en droits. Or, cette affirmation fait fi de l’héritage de classes sociales qui perdure.

L’Abolition a eu lieu sous la pression de deux phénomènes. Tout d’abord l’existence à La Réunion d’un conflit permanent entre les royaumes créés à l’intérieur de l’île principalement par des Malgaches qui refusaient l’esclavage, et les milices défendant les plantations et l’ordre colonial sur le littoral. Ensuite, le développement industriel faisait du salariat un système économique encore plus profitable que l’esclavage pour la classe dominante. Les anciens esclaves furent alors réduits à la plus grande misère en étant remplacés par d’autres immigrés pour servir les anciens esclavagistes, c’était le prix à payer pour la Liberté.

Le PCR souligne que la commémoration de l’Abolition de l’esclavage à La Réunion n’allait pas de soi, car elle a toujours été considérée comme la Fête de la Liberté. Déjà en 1948, pour le centenaire, le grand défilé organisé par la CGT à Saint-Denis eut lieu malgré l’interdiction du Maire de Saint-Denis. Par la suite, seuls les héritiers du CRADS, présidé par Raymond Vergès s’attachent à préserver le souvenir de cette date. Plus tard, quand le PCR fut créé, ses Sections organisaient des commémorations partout malgré le risque de la répression. Il a fallu attendre le recul de la fraude électorale et les premières municipalités dirigées par des communistes, en 1971, pour que le 20 décembre soit célébré officiellement par des institutions de La Réunion.

Cette lutte menée à La Réunion, à la Martinique, à la Guadeloupe et en Guyane pour la reconnaissance d’une date commémorative de l’Abolition de l’esclavage allait pousser le gouvernement français à faire du 20 décembre un jour férié, une revendication inscrite dans le programme commun de la gauche. Les représentants de l’État s’associèrent pour la première fois officiellement à cette fête le 20 décembre 1982.

Mais les résistances étaient tenaces, et des actions de diversion furent entreprises comme l’illustrent le choix fait par l’Église catholique de célébrer, ce jour-là, Frère Scubillion, ou l’organisation d’une Fête des Letchis à la même date par une ancienne municipalité de Saint-Denis.

3-La Liberté des Réunionnais reste à conquérir, 174 ans après l’Abolition de l’esclavage. C’est ce que rappelle notamment l’ouverture des magasins ce jour-là. Il y a un mépris manifeste de la loi et un trouble à l’ordre républicain. Sous l’Esclavage jusqu’à aujourd’hui, une ligne de classe traverse notre société ; comme toujours, le pouvoir se place du côté des forces de l’argent, des possédants.

Néanmoins, le PCR considère qu’il est possible de renverser les forces sociales rétrogrades et leurs complices. Dans tous les quartiers, dans les familles et institutions, nous assistons à la convergence Fête de la Liberté, Fêt Kaf. L’association de la langue créole et le Maloya donnent à la Liberté en terre réunionnaise un contenu revendicatif sans pareil. C’est un grand moment de l’unité réunionnaise et de fraternité. Le PCR souhaite que cette unité puisse se traduire dans des actions politiques concrètes pour remettre en cause un système mortifère qui condamne plus de la moitié de la population à l’exclusion et à la dépendance envers les transferts sociaux, les subsides publics et contrats éphémères.

19 décembre 2022,
Bureau de Presse du PCR

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