4 février 2024 : 30e anniversaire de la disparition de la présidente fondatrice de l’UFR
PCR : l’exemple des luttes d’Isnelle Amelin
5 février, par
Ce 4 février à Saint-Denis, le Parti communiste réunionnais organisait une célébration rendant hommage à Isnelle Amelin, à l’occasion du 30e anniversaire de sa disparition. Militante dans l’humanitaire, elle devint syndicaliste, militante communiste et fondatrice de la première organisation féministe à La Réunion. Isnelle Amelin fut notamment la première présidente de l’Union des femmes de La Réunion (UFR).
La promotion d’adhésion 2024 du PCR s’appelle d’ailleurs « Isnelle Amelin ».
« Cette année, nous célébrons les 30 ans de la disparition de Isnelle Amelin. Pour cette occasion le Parti Communiste Réunionnais a décidé de lui rendre hommage de diverses manières. La première est de lui dédier la promotion d’adhésion 2024 », indique un communiqué du PCR.
A Saint-Denis, cette initiative s’est traduite par une évocation historique hier 4 février, date anniversaire de son décès. Le PCR avait donné rendez-vous Place Paul-Vergès, à proximité du Petit-Marché, dans le bas de la rue du Maréchal Leclerc à Saint-Denis. La maison d’Isnelle Amelin se situait à proximité, dans ce quartier populaire de la capitale. Elle habitait non loin du siège de la CGTR, la cour Basile, de « Témoignages » alors dans la rue du Maréchal Leclerc, et du siège du PCR. Lors des premières municipales au suffrage universel, ce fut le Docteur Raymond Vergès qui devint maire de Saint-Denis. Isnelle Amelin baignait dans ce militantisme de masse, où les luttes de la CGT et du Parti communiste étaient très liées. Vint alors le temps de la répression pour donner une façade légale à l’expulsion des communistes de toute position de pouvoir. Saint-Denis était alors un des bastions de la lutte contre la fraude électorale. Isnelle Amelin faisait partie de cette génération de militants qui avait une certitude : prendre des coups.
Au début des années 1980, la municipalité de Saint-Denis, dirigée par Auguste Legros, exproprie Isnelle Amelin au motif suivant : le projet de construire une école sur son terrain. Il s’est ensuite avéré que le projet était finalement un parking. Isnelle Amelin réussit à obtenir un arrêt de la Cour de Cassation annulant l’arrêté d’expulsion. Mais la Mairie venait de raser la maison à l’aide d’un bulldozer… Son activité militante lui avait coûté sa maison et son terrain en plein coeur de Saint-Denis.
Au coeur des luttes de libération
La campagne d’adhésion 2024 du PCR porte le nom « Isnelle Amelin » à l’occasion du 30e anniversaire de la disparition de cette grande militante.
Ce dimanche 4 février, le PCR a présenté une brochure consacrée à Isnelle Amelin. Elle faisait partie d’une classe sociale aisée, elle s’est mise au service de la lutte pour le progrès social. La lutte contre la pauvreté était son combat quotidien. Car à cette époque, la misère faisait des ravages à La Réunion. Cette brochure rappelle notamment ceci :
« En 1927, à 20 ans, après son brevet élémentaire, elle est employée à la Banque de La Réunion. Toute sa famille meurt du paludisme et de la tuberculose alors qu’elle a 25 ans. À 33 ans elle épouse Raoul Amelin, un inspecteur de police et militant communiste. Ils s’engagent ensemble dans le combat contre les injustices sociales. La Réunion était encore une colonie.
En 1945, les femmes votent pour la première fois en France et dans ses colonies.
Elle fera partie des premières femmes élues. D’abord, conseillère municipale de Saint-Denis à partir de 1945 aux côtés du maire Raymond Vergès, puis conseillère générale de la Fédération Réunionnaise du Parti Communiste Français. Elle s’engage, avec le Docteur Raymond Vergès, à sauver les jeunes enfants et les personnes âgées isolées, en mettant à la disposition de tous des vaccins en prévention des épidémies ».
Engagement syndical et politique
Cet engagement humanitaire s’accompagne d’un engagement syndical et politique :
« Isnelle Amelin rejoint la CGT à partir de 1944. Elle crée le Syndicat général des employés de banque et de commerce dans lequel elle sera secrétaire générale de 1945 à 1955.
En 1945, elle cofonde le Comité Républicain d’action démocratique et sociale (CRADS) qui souhaite abolir le statut colonial. C’est d’ailleurs l’élection de Raymond Vergès et de Léon de Lépervanche du CRADS, le 21 octobre 1945, comme députés, qui a abouti a loi du 19 mars 1946, changeant le statut colonial de La Réunion en département français d’Outre-Mer. Elle s’investit aussi dans le mouvement de décolonisation de Madagascar ».
Ces engagements lui valurent la répression :
« en voulant éviter une fraude électorale alors qu’elle est déléguée dans un bureau de vote à Saint-Denis, elle est gravement blessée par ceux qui veulent voler l’urne.
À la suite de cela, et en raison de ses « activités militantes jugées subversives », elle est contrainte à la retraite anticipée et sa propriété est réquisitionnée par le pouvoir en place. »
Présidente fondatrice de l’Union des femmes de La Réunion (UFR)
La brochure rappelle qu’Isnelle Amelin était notamment connue pour son engagement féministe sur toute l’île. En 1946, elle est une des fondatrices de la Fédération réunionnaise de l’Union des femmes françaises (UFF), première organisation féministe de l’histoire de l’île dans laquelle elle est secrétaire générale.
Elle milite pour la fin des réglementations coloniales ainsi que pour conquérir des droits sociaux comme les allocations familiales, la Sécurité sociale, l’allocation chômage ou encore l’assistance médicale gratuite.
Elle fut une des fondatrices, en 1958, de l’Union des femmes de La Réunion. Elle fut la première présidente de l’UFR. « Elle soutient, notamment, les travailleuses (employées de maison, blanchisseuses, etc.) dont elle porte les luttes et pour lesquelles elle met en place les premières crèches ».
Son nom a été donné à un lycée professionnel de la commune de Sainte-Marie en 2005, ainsi qu’à deux écoles maternelles à La Possession et à Saint-Pierre (Ravine des Cabris) et à une crèche municipale au Port.