Le Parti communiste réunionnais, l’escalade militaire au Moyen-Orient et l’ode à la paix de Jean-Luc Mélenchon

PCR : « nous sommes des militants pour la paix »

13 avril 2017, par Manuel Marchal

Quelques jours après l’ôde à la paix de Jean-Luc Mélenchon, le Parti communiste réunionnais a donné hier sa position suite aux bombardements de Khan Cheikhoun par l’armée syrienne et d’une base aérienne par 59 missiles tirés sur ordre du président des États-Unis. Il met en garde contre toute tentative de manipuler l’opinion, plaide pour une procédure respectueuse du droit international, et rappelle que les pays riverains de l’océan Indien sont concernés par les conséquences de cette escalade. Pour le PCR, le mot d’ordre « océan Indien Zone de paix » est donc plus que jamais d’actualité.

Philippe Yée Chong Tchi Kan, Julie Pontalba et Yvan Dejean.

Sous la présidence de Julie Pontalba, la conférence de presse a commencé par une intervention de Philippe Yée Chong Tchi Kan, membre du Secrétariat du PCR. Il est revenu tout d’abord sur le bombardement de Khan Cheikhoun le 4 avril par l’armée syrienne. Plus de 80 victimes sont décédées dans cette zone contrôlée par les rebelles. Dans la nuit du 6 au 7 avril, 59 missiles ont été tirés par la marine américaine sur une base aérienne syrienne.

Le bombardement américain n’annonce rien de bon

Pour le PCR, l’origine chimique des décès À Khan Cheikhoun « ne fait aucun doute ». « Les responsables du massacre doivent être condamnés et sanctionnés », a souligné Philippe Yée Chong Tchi Kan. « Cette sanction doit être placée dans le cadre du droit et des instances internationales. Toute escalade martiale doit être proscrite », poursuit-il rappelant que « le PCR condamne l’action unilatérale ». Deux thèses s’affrontent. Les alliés du gouvernement syrien affirment que des bombes ont touché un entrepôt rebelle où des armes chimiques s’avéraient être stockées dont le poison s’est ensuite répandu dans l’atmosphère. Washington et les pays de l’OTAN impute la responsabilité des décès à l’usage d’arme chimique par l’aviation syrienne.

Le bombardement américain méconnaît l’enquête, la procédure contradictoire, le respect d’un territoire d’un État souverain et n’augure rien de bon pour la paix dans le monde, a-t-il déclaré. Le PCR rappelle à la vigilance, évoquant deux faits historiques. Ce furent les mensonges d’État qui ont entraîné l’entrée en guerre des États-Unis à deux reprises contre l’Irak. L’intervention en 2003 était justifiée par les armes de destruction massive prétendument détenues par l’armée irakienne. Le rôle de Colin Powell, ministre des Armées des États-Unis est restée gravée dans les mémoire. Au Conseil de Sécurité, il a brandi une fiole supposée contenir une arme chimique. « On sait que tout cela étaient faux. Les États-Unis et la Grande-Bretagne le savaient mais ils ont utilisé cela pour faire accepter à l’opinion l’entrée en guerre ». C’est ce qu’a démontré le livre-confidence de Colin Powell.

Deux mensonges d’État

Auparavant en 1990, il y eut l’affaire des couveuses. Le président Bush a demandé à son Parlement l’autorisation d’attaquer l’Irak qui occupait le Koweit. Il devait faire face à une opposition des députés. Intervient alors le témoignage d’une infirmière koweitienne sur l’attaque d’un hôpital pendant l’invasion de son pays. Elle a affirmé que des couveuses avaient été renversées par l’armée irakienne, et que les bébés tombés à terre étaient morts faute de soin. Les faits ont ensuite démontré que « c’était un faux témoignage de la fille de l’ambassade du Koweit à Washington ». Mais cela a permis d’emporter la décision du Congrès pour l’entrée en guerre contre l’Irak.

Le PCR craint un embrasement et appelle à la paix. « Il ne faut pas se laisser entraîner par une propagande d’État », dit Philippe Yée Chong Tchi Kan, « la décision de Trump est dangereuse, cela menace notre région ».

Cette prise de position se situe dans la tradition du PCR, traduite par son mot d’ordre « océan Indien zone de paix ».

Océan Indien zone de paix

Yvan Dejean, porte-parole du PCR, a expliqué que l’ôde à la paix de Jean-Luc Mélenchon lors de son discours de Marseille « n’a pas laissé insensible le PCR ». En effet, à moins de 2500 kilomètres de La Réunion, la base de Diego Garcia est le point de départ de bombardiers qui frappent dans le Moyen-Orient. La construction de cette base a entraîné la déportation de tous les habitants de l’archipel des Chagos vers Maurice surtout, et les Seychelles. « La Réunion au coeur d’un conflit mondial, tout comme les îles de l’océan Indien et les États riverains », avertit Yvan Dejean.

Le PCR milite pour un océan Indien zone de paix. D’où l’appel à ce que les Chagossiens retrouvent leur île, et l’hommage rendu aux actions du Comité de Solidarité Chagos-La Réunion.

L’attachement à la paix est une constante pour le PCR. Yvan Dejean s’est d’abord référé à une rencontre tenue les 13 et 14 octobre 1974 à Antananarivo. Les partis progressistes réunis à cette occasion ont adopté une déclaration pour un océan indien zone de paix et contre les bases militaires étrangères, soulignait la déclaration montrée par le porte-parole du PCR. Du 14 et 17 novembre 1974, une conférence internationale sur l’océan indien contre les bases militaires étrangères et pour la paix tirait les mêmes conclusions, dans son document final présenté par Yvan Dejean.

Sur le problème des kwassa kwassa, de la même manière la force ne résoudra rien. La solution réside dans un développement harmonieux de tout l’archipel des Comores, dit-il en substance.

La montée des tensions et le recours à la force sont pour le PCR l’illustration de la crise d’un modèle et ses conséquences militaires. C’est la bataille pour le contrôle des matières premières. De plus, l’absence de résolution de la question palestinienne nourrit depuis plus d’un demi-siècle les conflits au Moyen-Orient. Yvan Dejean a donc plaidé pour une résolution négociée des tensions, rappelant qu’au PCR, « nous sommes des militants pour la paix ».

M.M.

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