Collectivités, Etat, professionnels du BTP s’engagent

Planifier au plus vite les chantiers pour éviter la crise en 2009

17 décembre 2008, par Edith Poulbassia

Éviter la baisse d’activité fatale aux emplois dans le BTP est une des grandes préoccupations des décideurs pour l’année 2009. Une charte a été signée hier à la Région dans le cadre de la Cellule économique régionale du BTP pour planifier dès maintenant les chantiers.

Contexte de crise oblige, l’heure est à l’union pour relancer l’activité économique et plus particulièrement le secteur de la construction, qui craignait il n’y a pas si longtemps la disparition de 10.000 emplois. Autour de la Cellule économique régionale du BTP, la Région, l’Etat, le Département et l’Association des maires ont signé hier une charte engageant chaque acteur à participer à la planification de la construction dès l’année 2009. La Cellule économique régionale du BTP (CERBTP) regroupe l’Etat, les collectivités, les professionnels du bâtiment, des investisseurs privés. « Etre tous mobilisés pour La Réunion, c’est fondamental », a affirmé Jean-Marie Le Bouvellec, président de la FRBTP. Objectif de cette charte selon lui, suivre l’exemple de la Route des Tamarins. C’est-à-dire réfléchir sur la planification des besoins en emplois et en métiers. 1.000 personnes ont en effet été préformés et 300 sont sortis du chômage, selon le président de la FRBTP. « Et si on arrivait à le faire pour La Réunion », à savoir travailler sur la formation et développer l’employabilité des Réunionnais. C’est l’un des espoirs de ce plan de relance de l’économie.

« Aucune raison de retarder les travaux »

Mais encore faut-il parer au plus presser : préserver les emplois existants, sortir du « trou d’air de l’activité ». « Toute tentative de retarder les grands chantiers risquent d’être une faute considérable vis-à-vis de l’aménagement mais aussi de l’activité des entreprises et des emplois. Il n’y a aucune raison de retarder les travaux », a déclaré Paul Vergès, président de la Région. « Un chantier est précieux quel que soit la commune et la couleur politique de la collectivité ».
Grâce à la planification de la construction, « nous allons enfin avoir la transparence », a-t-il poursuivi. Cette planification devrait permettre de fixer les dates et les délais de paiement aux entreprises. Et si les collectivités ont décidé ou décident de supprimer des projets de chantier, il reviendra à chacune d’assumer sa responsabilité en le remplaçant par un autre chantier de la même hauteur d’investissement.
Roland Robert, président de l’AMDR, a affirmé que les communes s’engageaient à fournir « le plus rapidement et exhaustivement possible les commandes de 2009 » et que les communes s’associent toutes à la signature de la charte.
De son côté, le Département s’est engagé à activer dès le début de l’année « les petits travaux », comme la maintenance des collèges, des routes, le basculement des eaux...
Le Préfet, optimiste, a désigné le BTP de « secteur moteur de l’économie » et rappelé tous les besoins en équipements structurants. Logements, stations d’épuration, d’alimentation en eau, gestion des déchets... « Il faut engager ces chantiers au plus vite », a-t-il lancé, rappelant au passage que l’Etat est à l’origine de 8 milliards de transfert public chaque année. « Il y a des chantiers importants dans les collectivités. Même si le taux de chômage a augmenté, le taux de croissance progresse, ce qui signifie que les fondamentaux sont sains. Il est trop tôt pour affirmer qu’il n’y a pas de chantier », a t-il ajouté.
En parallèle à cette charte, le Préfet Pierre-Henry Maccioni a annoncé la création de deux observatoires. « Un observatoire de la commande publique qui va dresser un tableau de bord partagé de la commande, que ce soit les marchés de travaux, de services, de prestations ». Il s’agira de s’assurer du maintien de l’effort des collectivités. Un charte sera signée en début d’année. « Un observatoire des délais de paiement, outil directement utilisé par les entreprises ». A ce jour, une collectivité a un délai de 45 jours pour payer une entreprise, le délai pour l’Etat est de 30 jours. Dans un contexte de crise, et même en situation saine, ces délais sont à l’origine des difficultés des entreprises. Le préfet a donc demandé aux collectivités de faire un effort en ce sens.

EP


O.C.P, O.D.P, Caisse-relais...

On ne peut qu’être d’accord avec M. le Préfet de La Réunion quand, hier mardi lors de la rencontre qui a vu la signature de “la charte pour la planification de la construction”, il a annoncé la création d’un « Observatoire de la Commande Publique ».
Le rôle de cet O.C.P. est évident. Il s’agit de tenir à jour et de manière dynamique le tableau de bord des marchés significatifs et d’anticiper sur l’avenir. Aussi serait alimentés les appels des offres soumises à nos entreprises.
On ne peut qu’être d’accord avec M. Maccioni quand il annonce que, dans la foulée de l’“Observatoire de la Commande Publique”, un O.D.P. (Observatoire des Délais de Paiement) sera lancé. Il s’agit, on l’aura compris, d’inciter les donneurs d’ordre, et notamment les collectivités publiques (Mairies, EPCI, Département, Région, Etat), à faire mieux que ce qu’impose la loi, c’est-à-dire 45 jours. L’idée de “descendre” à 30, voire 25 jours a été émise, en forme de souhait/défi, par le représentant de l’Etat. On ne peut qu’y souscrire. Plus vite les entreprises seront payées, mieux elles se porteront.
Et puisque l’on est dans cette (bonne) dynamique, ne devrait-on pas penser à une “Caisse-relais” alimentée par des prêts garantis par l’Etat ?
Cette Caisse-relais assurerait le paiement rapide à l’entreprise et serait renflouée par les donneurs d’ordre dans un délai légal de 45 jours. Un peu comme l’E.P.F.R., par exemple, pré-finance déjà l’acquisition des terrains au bénéfice des collectivités.
L’E.P.F.R. utilise pour ce faire une Taxe Spéciale d’Equipement et le recours à l’emprunt. Et ça marche, sous le regard attentif du Service des Domaines qui, comme chacun le sait, fixe le prix du foncier à acheter...

R. Lauret


Que se passe-t-il à RFO-Télé

Hier, une équipe de RFO-Télé a couvert la conférence de presse. Elle a réussi le tour de force de venir à la Région, et de ne pas interroger le président de la Région. Ce dernier a donc été censuré. Par contre, le préfet a pu s’exprimer.
Est-ce une marque de la nouvelle direction, ou une survivance de l’époque de l’ORTF de bien triste mémoire ? En tout cas, il est inacceptable qu’un service public ait un comportement aussi désinvolte.

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