“Plan de cohésion sociale”, “lutte contre l’exclusion”

Pour mieux faire passer l’ultralibéralisme ?

7 juillet 2004

Moins d’une semaine après la présentation du “plan de cohésion sociale” par Jean-Louis Borloo, le gouvernement tente encore de faire l’actualité sur ce thème. Des mots doux et de beaux discours pour tenter de faire oublier la politique salée de casse sociale menée par l’équipe de Jean-Pierre Raffarin.

L’ouverture hier à l’Institut Pasteur de Paris de la première conférence nationale de lutte contre l’exclusion et pour l’insertion (CNLE) doit permettre au gouvernement de crédibiliser la nouvelle posture "sociale" voulue par le chef de l’État au lendemain de la déroute des élections régionales. Cette conférence nationale rassemble les associations de lutte contre l’exclusion, des usagers et des syndicats.
Elle sera suivie d’un comité interministériel de lutte contre l’exclusion à Matignon. Il devrait entre autres réunir, en présence de Jean-Pierre Raffarin, Jean-Louis Borloo (Cohésion sociale), Nelly Olin (Lutte contre l’exclusion), Gérard Larcher (Travail) et Marc-Philippe Daubresse (Logement).
Agir contre l’exclusion reste une urgence, puisque, selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale paru en mars, environ 3,5 millions de personnes vivaient en France au-dessous du seuil de pauvreté en 2001. Un chiffre qui donne le tournis. Et qui permet de mieux mesurer la faiblesse des annonces gouvernementale. À peine 570 millions d’euros sur trois ans pour financer quinze mesures sur l’accès des exclus à la santé, au logement et au travail.

Mesures cosmétiques

Les 41 associations (ATD, Emmaüs, Médecins du monde...) réunies dans le collectif Alerte, qui ont déjà fait connaître leur "attente principale" risquent d’être déçues. Alerte demandait la revalorisation du revenu minimum d’insertion (RMI, actuellement de 417,88 euros mensuels pour une personne seule), le gouvernement lui oppose la réforme du RMA et le contrat d’activité. 250.000 contrats d’activité seront financés et ouverts aux personnes percevant les minima sociaux.
Rémunérés à 75% du SMIC, ces sous-emplois s’inscrivent, selon Nelly Olin, dans la logique du gouvernement et du plan Borloo de "l’insertion par l’activité". Pas question d’évoquer même l’idée de l’insertion par l’emploi ou la formation. Alors qu’au même moment, Gérard Larcher annonce des assouplissements supplémentaires sur les 35 heures et le torpillage du droit du travail au profit du "contrat de projet".
Les autres mesures du plan de lutte contre l’exclusion sont essentiellement cosmétiques. Ainsi, le renforcement du dispositif d’accueil et d’hébergement se traduit par la création d’à peine 6.000 places en "maisons-relais".
Parmi les autres mesures, le Premier ministre devrait notamment annoncer le renforcement de la lutte contre l’illettrisme et l’instauration d’un guichet unique pour les personnes en difficulté, en quête de logement ou d’emploi. Nelly Olin évoque également le lancement d’une grande campagne de communication "pour changer le regard porté sur les exclus".

Débauche d’affichage social

Comme déjà annoncé par le premier ministre, le seuil d’accès à la couverture maladie universelle (CMU) sera relevé pour les foyers avec des enfants à charge. Ce qui devrait, selon les pouvoirs publics, permettre à 300.000 enfants de bénéficier d’une complémentaire de santé gratuite. Mais pas question par contre de revenir sur la réforme de l’aide médicale d’État pour les sans-papiers.
Les associations restent dubitatives et se demandent quel est l’intérêt de cette conférence ainsi que du comité interministériel, alors que le gouvernement vient d’annoncer le plan Borloo. La démarche du gouvernement fait irrésistiblement penser à une simple politique d’annonces et d’occupation du terrain médiatique.
Une façon théâtrale de mettre en scène le fameux "juillet social" autour des deux grandes réformes "sociales" de l’été : le plan de cohésion sociale et la "réforme" de l’assurance maladie visant à "renouveler totalement le pacte social", avant d’engager l’offensive sur les 35 heures et le droit du travail.


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