Des associations comoriennes interrogent les candidats à l’élection présidentielle

Pour un règlement de la question de l’île comorienne de Mayotte

17 avril 2007

Madame, Monsieur le candidat,

Dans le cadre des prochaines élections présidentielles françaises, nous, les Français originaires des Comores, avons l’honneur de vous faire part de l’état de délabrement avancé qui prévaut aux Comores depuis plus de trois décennies, d’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte et de déstabilisation de l’Etat comorien.

Et, en cette période de campagne électorale, il est fort à craindre que la classe politique et l’État français n’aient guère pris la réelle mesure de la déception de ces Français originaires des trois autres îles de l’Union des Comores (beaucoup plus nombreux que ceux de l’île comorienne de Mayotte), face au calvaire récurrent subi par les Comoriens depuis l’indépendance de leur pays.

Le 22 novembre 1974, les Comoriens se sont exprimés à une large majorité (94%) pour l’indépendance de leur pays. Une déclaration unilatérale d’indépendance s’en est suivie le 6 juillet 1975. Quelques mois plus tard, le 12 novembre 1975, l’Organisation des Nations Unies (O.N.U) admet le jeune Etat comme le 143ème membre de l’organisation par la résolution 3385 (XXX). Cette même résolution réaffirme « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli... ».

Il a fallu recourir à un tripatouillage constitutionnel pour détacher, au grand dam des instances internationales, l’île de Mayotte de son giron naturel. Une décision inique et unique dans l’histoire de la décolonisation, car contraire au principe de « l’intangibilité des frontières héritées de l’administration coloniale » et à « la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » (Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960).

En 1991, lors de son voyage aux Comores, le Président F. Mitterrand n’a pas manqué de relever cette injustice, en promettant de tout mettre en œuvre pour parvenir à un règlement progressif de ce contentieux. Quelque temps plus tard, c’est son ancien Premier ministre, M. Rocard, qui, dans une conférence à l’American University de Washington, en présence de diplomates africains, reconnaît qu’« au regard du droit international, l’administration de Mayotte par la France est illégale ».

Comment peut-il en être autrement quand on sait que la présence française à Mayotte a été condamnée par pas moins d’une vingtaine de résolutions des Nations Unies, en vain.

Depuis son indépendance, l’État Comorien n’a eu de cesse de subir de la part des autorités françaises des campagnes de déstabilisation sous formes de coups d’Etat, d’assassinats et de déportation de chefs d’Etat, par mercenaires interposés, de chantage à l’aide au développement économique, à la coopération... jusqu’au “Visa Balladur” instauré par la France en 1995, établissant illégalement une frontière maritime entre Mayotte et ses trois îles sœurs. Tant et si bien qu’à coups de campagnes de désinformation et de falsification de l’Histoire des Comores, les limiers de la départementalisation arrivent à faire d’une occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte une affaire « d’immigrés clandestins ». Ces derniers (les Comoriens des autres îles), étant de droit, et au regard des résolutions et des lois internationales, sont bel et bien chez eux à Mayotte.

En 2006, il y a eu 13.253 expulsés à Mayotte pour un objectif fixé à 12.000 par le Ministre de l’Intérieur M. Nicolas Sarkozy ; c’est l’équivalent de 4 millions d’expulsions sur le territoire national (Cf. “Libération” du 15 février 2007). Rappelons surtout que ce “Visa Balladur” est à l’origine de plusieurs milliers de morts et de disparus dans le bras de mer séparant Mayotte de ses îles sœurs.

Aussi, nous sommes impatients de connaître vos positions sur :
• La suppression immédiate du “Visa Balladur” ;
• Le respect des droits de l’Homme à Mayotte en mettant un terme aux tracasseries administratives et policières que subissent les Comoriens des trois autres îles, en attendant qu’un règlement définitif du contentieux franco-comorien sur Mayotte soit trouvé ;
• L’engagement, sans tarder, de mettre en place un processus planifié de négociations entre la France et les Comores, pour sortir progressivement l’État comorien de la crise qu’elle connaît depuis plus de trois décennies ;
• La réintégration de Mayotte dans son ensemble naturel et historique, en vertu du droit international pour que l’État Comorien retrouve enfin son intégrité territoriale et son unité nationale.

Madame, Monsieur le candidat,

Près de 200.000 Comoriens dont la grande majorité possède la citoyenneté française vivent en France métropolitaine et à La Réunion. Comme tous les Français, nous participerons au scrutin présidentiel de cette année. Nous attendons avec impatience les engagements et les mesures que vous allez prendre, dans l’éventualité de votre élection à la magistrature suprême, pour qu’une nouvelle page dans les relations entre la France et les Comores soit écrite.

Nous, organisations des Français d’origine comorienne, avons décidé d’interpeller tous les candidats à la prochaine élection présidentielle afin de connaître leurs positions sur le règlement de la question de l’île comorienne de Mayotte, source de toutes les souffrances que vit le peuple comorien depuis son indépendance. Ces positions seront diffusées par la presse comorienne et régionale afin de mieux informer les citoyens français d’origine comorienne, dans le cadre des prochaines échéances électorales.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’assurance de notre profond respect.

Signataires :


- Le Collectif Comores MasiwaMane (CCMM)
[email protected]

- Le Collectif pour la Défense de l’Unité et de l’Intégrité Territoriale des Comores
[email protected]

- La Guilde des Artistes Comoriens (GAC) [email protected]

- Le Groupe de Réflexion pour l’Intégrité Territoriale de l’Archipel des Comores (GRITAC)
[email protected]

- SOS Démocratie
[email protected]

- L’Association Comorienne des Droits de l’Homme (ACDH)
[email protected]

- Le Collectifs des Associations et des Amis des Comores (CAAC)
[email protected]

Avec le soutien de :

- L’Amicale Panafricaine
[email protected]


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Messages

  • Madame, monsieur, lesse nous tranquille on a fait notre choix alor arrettez vos betise et c’es pa la plein de vous fatigué vive Mayotte Francais ya t’otre chose ke vous devez regler g ’espere ke vous avez compri

  • Madame,Monsieur,nous prenons compte de vos difficultées a admettre que l’ensemble des Mahorais ont su prendre une bonne décision pour leur avenir et liberté.
    Je suis de mayotte et je suis très fière de la décision que mes arrères décendants ont pris pour l’avenir de leurs petits enfents. Je suis très étoné de voir que ce sont toujours les meme fuillards qui soulèvent autant de polémique pour un intéret qui ne se soucie meme pas car, ils sont parti vivre en france au lieu de rester avec leurs camarades pour se battre à leur coté. Mayotte est français et j’espère qu’elle le restera pour toujours car, si c’est pour etre dans la meme desespoire, non meri .
    Si, je me trompe, dites moi alors pourquoi etes vous partis des comores pour vivre en france si vous teniez tant à votre indépendance ? .Prouvez nous d’abord que vous etes capable de faire en sorte que vos camarades des trois iles ne vivrons pas dans la misère total et après on poura discuter de vos maguoulles politique.

    CORDIALEMENT,JE VOUS REMERCIE.
    Bounou k

  • cet article donne certaine verité mais l’auteur a oublier le principe d’auto dertermination des peuple et qui suis mahorais d’origine malgache je comprends tres bien ce principe. au cas ou on l’aurai oublier ces histoires de separation entre Mayotte et les autres Iles des comores ont existé bien avant la colonisation de ces Iles et vous le savez bien que c’est exactement pour cela que MAYOTTE A DECIDE DE RESTER FRANCAISE. Alors je ne vois pas pourquoi nous les mahorais on acceptera de vivre avec des gents qui, des puis des siecles, nous ont toujour méprisé. donc on prefere rester français. et puis franchement je ne vois pas les avantages que peut nous offrir les comores contrairement a la france et franchement les coups etat a repetition ne nous motive pas du tout. et puis au niveau international tant que la France aura le droit de veto les resolutions de l’ONU n’auront aucun éffet sur ma vie cotidienne a Mayotte.
    Mais je suis néanmoins pour l’unité des quatre iles des comores mais pour cela je crois que l’etat commorien doit offrir plus que ce que nous offre la France mais pour cela je crois qu’on doit attendre au moins 1 siecle

    desolé pour les fautes

  • DROIT DE REPONSE A MONSIEUR ROMBI

    Pour vous mettre à l’aise, je vous dirai de suite que je ne suis pas signataire de l’email qui a suscité votre réaction, pour la simple et unique raison que je n’adhère pas à la méthode de combat, mais dont j’approuve les arguments .

    Cette réaction de votre part m’amène aux réflexions suivantes :
    Après avoir encaissé le mépris , la commisération dont vous faites preuve, j’ai commencé à m’interroger sur les raisons qui pouvaient justifier qu’une personne au nom tellement français soit à même de juger ce qu’était l’identité mahoraise , voire comorienne.

    Sur le fait que des personnes se réclament franco comoriennes et argumentent en faveur de Mayotte comorienne.
    Serait il permis d’après vous de juger la politique française en Irak et interdit de la juger à Mayotte ? Un franco comorien n’aurait il pas les mêmes droits citoyens qu’un français de souche pour s’interroger sur la politique coloniale, étrangère, de son pays ????? Pour vous répondre, je suis en mesure de vous informer que je milite dans certains cercles ou des français non comoriens s’offusquent de tout ce qui se passe. Sans doute, ce sont des « mauvais français » selon votre optique , des tiers -mondistes, honteusement politiquement corrects !
    D’autre part, il faudrait savoir qu’un homme ou une femme ne se réduit pas à son pays, et que derrière ,il a souvent des frères, des amis, une famille qui n’ont pas forcément le même statut et qu’il est normal, humain, moralement justifié que leur sort le préoccupe. De même, il me semble que l’identité nationale à revendiquer, dont il est tellement question depuis quelques jours, impose aussi qu’elle éradique toute mauvaise conscience, toute honte cachée et qu’une élémentaire catharsis en soit le corollaire.
    La France serait le premier pourvoyeur de fonds des Comores, et à cause de cela, les comoriens devraient se taire !
    Non ! Monsieur, la France n’est pas le premier pourvoyeur de fonds, c’est l’Union européenne , et la diaspora. J’ajouterais que dans les chiffres français ont longtemps figuré, l’entretien de conseillers militaires, de structures de la francophonie comme l’Alliance franco comorienne, de l’Ecole française, aux Comores comme dans beaucoup de pays. D’autre part, les comoriens qui effectuent des transferts de fonds vers leur pays d’origine, ne volent pas cet argent, et alors même qu’ils paient leurs impots en France comme tout le monde, ils travaillent, ils cotisent. Il ne faudrait pas confondre les sacrifices individuels avec la génerosité française.

    Vous vous faites fort de rappeler les résultats de diverses consultations à Mayotte. Laissez moi vous en rappeler une :
    En 1958, appelés à se prononcer sur l’évolution de leurs statut, les comoriens de Mayotte ont voté massivement pour l’indépendance, pendant que les autres îles votaient pour le maintien sous administration française. Cela a du vous échapper sans doute ! Pourquoi donc ne s’est il trouvé personne à ce moment là pour décider, APRES LE VOTE, qu’il convenait de considérer ce vote ile par ile ?????? Pourquoi a t-on appliqué le principe du droit des peuples en 1974 et pas en 1958 ? ???

    Au passage, je rappelle que ce principe affirme le droit des peuples à s’administrer eux mêmes dans le respect de leur culture et leur identité, et non pas à être annexé, ni à légitimer des ingérences étrangères dans leur mode de pouvoir. Il est de bon ton, sans doute de stigmatiser la position d’un parti politique français, au travers d’un journal dit de gauche, comme si ce simple fait suffisait à dénaturer une opinion qui n’ est après tout que celui de lecteurs, et comme s’il ne devait y avoir qu’une pensée unique dans des organes d’information divers. Encore heureux qu’il n’y ait pas de parti communiste aux Comores !

    Peut-être êtes vous trop jeune pour avoir assisté aux lobbyings des milieux d’affaires franco-mahorais et aux déportations, intimidations contre les partisans de l’indépendance lors de la consultation de 1975 ? Mais je ne doute pas que la probité indispensable à votre métier ne vous ait pas amené à vous informer.

    Vous parlez d’une unité comorienne qui n’existe pas ? Peut on vous rappeler qu’il existait autrefois un pays qui s’appelait la Prusse, qu’en France , l’Aquitaine fut longtemps anglaise et que Nice et Monaco faisait partie du Comté Venessin, donc annexées à Venise et qu’aujourd’hui il y a une France unie, une Allemagne féderale unie et même réunie, une Italie Unie.
    L’Unité des Comores a été réalisée par le colonisateur , qui aujourd’hui se déjuge lui même. Pourquoi donc ? Serait-ce de la repentance, que vous execrez tant ?
    Par quel paradoxe, autre que les intérêts de quelques clans ?

    Vous attribuez aux femmes mahoraises le courage d’avoir voulu s’opposer à une certaine sultanisation des Comores et aux conflits qui en suivraient en 1974, alors même que le pays n’était pas encore indépendant et toujours jacobinisé par la France. Vous oubliez que c’est la perte des potentialités économiques dues au transfert de la capitale qui a motivé leur position., comme ceux qui prétendent que c’est la peur du marasme politique et économique qui s’ensuivrait, alors même qu’à moins de savoir que la France s’appliquerait à déstabiliser le pays, ce n’était pas obligatoirement prévisible. Je note d’ailleurs que bien souvent, cela ne les a pas empéché d’épouser des comoriens d’en face, et que bien souvent l’un de leurs parents venait d’ailleurs.
    Vous parlez des affres du passé, en omettant de dire que les razzias sur Mayotte n’ont pas été le fait des autres îles, mais de Madagascar, ce qui constitue pour le moins un « travestissement « de l’histoire , qu’en 1974 , Les Comores étaient déjà détachées de Madagascar. Quand aux « génocides inter-îles »dont vous parlez, il serait urgent que vous justifiez des termes aussi précis par des indications historiques incontestées et éprouvées, ou que vous appreniez le poids des mots, à défaut de rapporter les légendes des salons d’extrème droite.

    Vous vous permettez de porter un jugement méprisant sur notre mode d’administration en raillant le nombre de nos ministres.
    Vous oubliez que l’héritage colonial a transformé notre pays en un pays jacobin , non décentralisé, et en réponse , je me permettrais de vous renvoyer à la pléthore d’exécutifs qui gouvernent la France : maires, conseils géneraux, conseils régionaux, gouvernements et présidence ! Un simple département français a beaucoup plus de personnel exécutif que les Comores ! Le cas français est unique en Europe et j’aimerais lire votre réaction si un quelconque pays se permettait d’en parler avec autant de mépris !

    Tout en n’omettant pas de nous livrer votre opinion sur ce que serait le néocolonialisme, comment qualifiez vous l’attitude qui consiste à porter des jugements sur le mode de gestion d’un pays qui pourtant dispose de son « droit à disposer de lui même », preuve en même temps de votre envie de lui imposer une modèle qui viendrait d’ailleurs ?

    Enfin, vous parlez du politiquement correct ! Je n’en retiens qu’un principe, c’est l’adhésion aux principes des droits de l’homme affirmé par les nations Unies. Vous raillez et traitez de nauséabond ce que vous appelez le « panafricanisme », qui selon vous serait honteux. Au nom de quoi le serait il davantage que l’européanisme qui sévit en Europe ? Parce que ce dernier ne prétend concilier que des valeurs économiques ?

    Vous sous entendez enfin qu’une partie de l’humanité devrait s’asseoir sur les dommages qu’elle a subi, en évoquant un « révisionnisme historique » ? Sans doute au nom d’une supériorité de la race blanche, parce que ceux qui réclament réparation ne sont que des noirs, des amérindiens, et que ce qui a été reconnu comme légitime pour les juifs ne pourraient l’être pour eux. En quoi, ces derniers ont-ils été indemnisés autrement que par des espèces sonnantes et trébuchantes et la protection de l’Etat d’Israel. ?
    Je ne mets nullement en cause le principe, je dis simplement que ce qui est normal et légal pour les uns doit l’être pour les autres !
    Relevons simplement que les indemnisations juives sont accordées à des personnes et que les autres peuples les réclament pour les nations.
    IL ne me semple pas que sauf réactions subjectives et marginales, les comoriens réclament autre chose que simple reconnaissance et amitié. Et, je crois que nombreux sont les pays et les mouvements qui réclament l’abolition de leur dette, et ailleurs qu’en Afrique.

    En fait, vous savez que ce n’était pas le fonds du problème, mais vous en profitez pour déballer toutes vos convictions racistes, colonialistes. Et, lorsque vous caricaturez les actes des « méchants blancs », vous omettez de citer les sans doute nombreuses fois ou un peuple du Sud est allé agresser, spolier ceux de l’Occident, à moins que vous considériez que l’arrivée des Arabes jusqu’à Poitiers justifie à elle seule tout ce que les siècles ont apporté ensuite, ce qui serait de la plus extrême arrogance, alors que l’heure est à l’amitié, à la fraternité et que le 11 septembre justifierait à postériori le forfait.

    Vous noterez cependant que les revendications des Comoriens se bornent à réclamer la fin des ingérences françaises, la reconnaissance de l’intégrité de leur nation.

    Enfin, pour répondre à une de vos questions sous-jacentes : En quoi Mayotte qui selon vous n’a aucune vocation à être comorienne en aurait-elle une à être française ?? Parce que plus d’un mahorais sur trois n’y parle pas le français, parce que 90% sont musulmans, parce que leurs ancêtres n’y sont pas plus gaulois que les vôtres, parce que les principes de la République Française : Liberté, Egalité, Fraternité sont incapables de s’y appliquer ??
    Pire même, certains osent déclamer l’origine malgache des mahorais, raison pour laquelle ils sont sans doute animistes ou chrétiens ce qui a échappé aux observateurs !
    Je ne saurais trop vous recommander d’aller au plus tôt vous occuper de la Corse, où semble-t-il des revendications identitaires urgentes s’expriment également !

    Alors, vous osez parler de votre amour pour les Comores et Mayotte ? Qu’en aimez vous ? les plages et les paysages où les êtres qui y habitent ? Ou cette « attachante » population ne le serait que silencieuse, et dépourvue de conscience politique .

    Vous prônez une coopération entre les iles ! Il faudrait d’abord que la France developpe Mayotte et ce ne serait pas si mal , et vous voulez faire agir et travailler ensemble des populations pendant que les préfets , les élus ostracisent, discriminent, malmènent ceux d’en face, pendant qu’on insuffle jour après jour la haine de l’autre et les fausses affirmations d’une différence qui n’est que de statut ? Pour appeler à la coopération, Monsieur, il faut aussi appeler chacun au respect de l’autre !

    Alors pour l’avenir ? Il ne vous a pas échappé que les Comores se sont dotées d’une Constitution fédéraliste, qui prévoit une large autonomie pour chaque île , qu’avant de parler de coopération, il faut parler d’amitié et que ce n’est pas par une intervention comme la vôtre, railleuse, méprisante que celle ci s’établira.

    Je vous accorde que c’est en faisant pression sur leur pouvoir que les comoriens feront avancer leurs revendications, mais pour cela, il faudrait aussi qu’ils aient un interlocuteur honnête qui ne pratique pas la politique du backchich secret déshonorant autant pour ceux qui le donnent que pour ceux qui le reçoivent et qu’il pratique le dialogue autrement qu’en suscitant la destabilisation et en envoyant des mercenaires.

    Que vous le reconnaissiez ou non, Mayotte fait encore partie du tiers monde, même si le terme n’est plus politiquement correct, et là, est le vrai problème !

    IL y a un mouvement mondial qui tend à rétablir l’équilibre des relations entre pays du sud et du nord, à tous les niveaux, politiques, économiques même si je conçois que cela vous hérisse, et c’est seulement dans ce mouvement là que sera la solution. Pendant que les pêcheurs mahorais et comoriens périssent lentement, l’Union Européenne moyennant quelques pourboires vient piller les ressources halieutiques des îles.
    Chacun cherche les moyens de survivre pendant que les bobos parisiens se font livrer des sushis devant leur poste de télé . J’ignore si l’intêret des mahorais est d’être comorien, mais je sais une chose, c’est qu’il n’est pas de devenir européen. Car ne vous y trompez pas, aujourd’hui, ils veulent chasser les comoriens des autres iles de chez eux, mais demain comment s’y prendront-ils pour chasser les polonais, les hongrois ??? Il n’y a pas fondamentalement de différence !

    Et puisque vous avez osé invoquer le modèle Mauricien, il serait bon que vous nous rappeliez combien de fois des mercenaires britanniques ont débarqué à Port Louis, et quelle est la partie Mauricienne que les britanniques ont continué à occuper ! Par la même occasion, donnez nous à comparer l’après décolonisation britannique et française !

    Comment la France a pillé ses colonies, comment les colons ne cherchaient qu’à rapatrier le fruit de leurs rapines et comment la Grande Bretagne les a au contraire dotées d’infrastructures, de pôles de développement, et comment les colons anglais se sont établis sur place pour investir sur place et y prospérer. ! Rien que cette différence là, voyez vous , justifie que l’on ne regarde pas le passé avec l’ironie et le dégout que vous exprimez envers tous les « mauvais pensants » à qui vous avez voulu répondre.

    Alors, Monsieur, je ne vous dénie pas le droit d’avoir votre opinion, ni de vous réfugier dans un mode de pensée candidien . Je trouverais même injuste de vous culpabiliser pour les résultats de l’histoire. Je ne souhaite après tout que vous engager à user de respect, à supprimer les anathèmes et les jugements de valeur méprisants lorsque vous souhaitez convaincre , d’autant plus que vous êtes protégé des malheurs qui frappent les comoriens des quatre iles et qu’il est facile de juger les malheurs des autres lorsqu’on échappe aux affres qui les frappent, qu’on ne parle pas aux miséreux, même s’ils vivent en France comme on discute dans les salons entre intellos !

    J’ignore par quoi passe l’avenir de Mayotte ou des Comores.
    Je sais une chose, c’est que tout peut être envisagé, dès lors que les solutions passent par le dialogue, la concertation, la réforme et pas par l’affrontement, la politique du fait accompli.
    Peut-être un jour, Mayotte sera-t-elle une simple entité indépendante dans l’Archipel, détachée de la France, et peut-être aurons nous un pays recomposé dans un ensemble plus grand de l’Océan indien , à l’instar de l’Europe ?
    Je trouve cependant, arrogant et honteux pour la France de s’arcquebouter ainsi pour l’occupation d’une ile qu’elle maintient dans un état de sous développement déplorable, comme d’ailleurs certaines régons de Guyane et d’ailleurs, car dans ce cas, la fin ne justifie pas les moyens. Si elle veut à tout prix faire le bonheur des mahorais, qu’elle assume ses devoirs ! Et qu’on ne vienne pas nous dire que ce sont des invasions comoriennes qui freinent son dessein, car n’importe quel observateur honnête pourrait décrire ce que serait Mayotte sans les apports informels économiques des autres comoriens. La disparition soudaine de cette « émigration clandestine » causerait des dêgats conséquents à l’économie de l’ile.
    L’heure libérale qui sonne va imposer à Mayotte de trouver elle même les forces et les énergies pour faire face, car l’époque de l’état providence est hélas révolue. Et, cela c’est une autre affaire !

    ZAID NOURDINE, altermondialiste, franco-comorien
    http://ilesdelalune.over-blog.com
    [email protected]


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