Contribution à la Reconstruction du PCR

Pour une commission SINCÉRITÉ

12 septembre 2012

La Reconstruction ne se fait pas sans remise à plat. Et pour avancer, l’autocritique est très importante quand elle est saine et permet d’aller vers une prise de conscience. Voici une contribution au débat.

1 - Un parti a besoin de moyens financiers pour fonctionner et pour avancer (en particulier, mais pas seulement, sur le plan de la communication). Le nôtre n’échappe pas à la règle. Sinon il est voué à l’échec et à un affaiblissement pouvant signifier sa fin. Qui l’ignore parmi nous ? Personne.
Or, depuis une très (trop) longue période, nous avons privé notre Parti de son potentiel financier, qui existe pourtant. Dans le même temps, KOI est dans un coma prolongé, peut-être déjà mort. Dans le même temps, "Témoignages" dispose d’une équipe qui s’est réduite comme une peau de chagrin. Dans le même temps, notre Parti se sépare de ses quelques permanents. Tout cela faute de moyens financiers… qui existent pourtant bel et bien et qui ne sont pas négligeables.
Ce potentiel — qui a valeur de “trésor” vu qu’il conditionne la survie du Parti —, où est-il caché ? La réponse nous la connaissons tous : il est caché sur nos comptes ! Il est caché dans nos poches ! Les indemnités de nos élu(e)s, élu(e)s du PCR, élu(e)s sous la bannière et avec l’identité du Parti, nos indemnités sont soustraites à ce même Parti (à de rares exceptions près, dont celle, notable, du Port) ! Comment cela est-il devenu possible ?… accepté de notre groupe ?... pire, occulté, rendu sujet figé, gelé, impénétrable, sujet tabou ?
Certes, va-t-on dire, pas “sujet tabou”… puisqu’on en a parlé. Mais vue sous cet angle, la chose est encore plus inquiétante, le mal plus profond. On en a parlé, en effet, oui, on a voté des résolutions sur les indemnités lors de deux congrès successifs, on a promulgué des chartes, on s’est fait signer des engagements. Mais tous ces textes n’ont servi qu’une pièce d’un théâtre d’illusions. Car RIEN n’a changé. L’argent est resté là où il était, sur les comptes individuels ou sur les comptes d’associations, en tout cas hors de portée d’un Parti financièrement aux abois.
Ne s’agit-il pas là d’un fait avéré de “non-assistance à personne en danger”, en l’occurrence de “non-assistance à parti en danger” ? Quelqu’un est en train de se noyer, nous sommes regroupés sur la berge et nous le voyons sombrer, nous n’intervenons pas pour le sauver et nous le laissons couler… tout en proclamant à tous les échos notre attachement pour le noyé (Un exemple entre cent autres, cette phrase dans "Témoignages" du 3 septembre : « Dans la lutte que mène le PCR, “Témoignages” est essentiel. Rien n’est plus précieux à nos yeux que “Témoignages” » (citation du camarade Elie).

2 - Une chose est saisissante à observer. C’est le grand écart existant entre la réalité — le fait que nous détournons de notre Parti les ressources auxquelles il a légitimement droit — et nos déclarations sur “la reconstruction basée sur nos valeurs”, sur nos “principes”, sur la “fraternité”, sur la “solidarité”. “Solidarité” ? Nous ne sommes pas solidaires envers nous-mêmes. “Unité” ? Quelle unité alors qu’au contraire, c’est l’intérêt personnel qui a pris le pas sur l’intérêt collectif. “Fraternité” ? Quelle fraternité, quand on continue à geler à son profit les moyens du Parti.

3 - La pierre d’achoppement est là, dans l’absence de SINCÉRITÉ de nos discours. Ce que nous faisons ne colle pas avec ce que nous disons. Est-ce outrancier que de dire que c’est même le contraire, en ce qui concerne la rétention de l’argent du Parti. La sincérité doit être rétablie, au premier plan de nos valeurs. Sans elle, nos prises de position sont disqualifiées, même si elles sont justes (Exemple, quand le PCR appelle les Réunionnais à « renforcer leur unité dans la solidarité » ("Témoignages" du 31 août, citation du camarade Jean-Max). A côté des 4 commissions créées, une s’impose tout de suite : une COMMISSION SINCÉRITÉ.

4 - Sincérité et donc transparence…
Si l’on avait adhéré sincèrement à ce qu’on peut lire dans l’hommage rendu à la mémoire de Jean-Marcel Courteaud ("Témoignages" du 3 septembre) — « Il est l’exemple des valeurs que le PCR veut remettre en avant, la solidarité, le refus des honneurs, le refus de l’argent » —, nous aurions, immédiatement après l’onde de choc des 10 et 17 juin derniers, saisi radicalement l’occasion d’opérer notre révolution mentale par rapport à l’argent.
Nous aurions opté, immédiatement et concrètement, pour les versements qui s’imposent, de par nos propres règles maintes fois édictées, et de par notre morale communiste élémentaire. Nous aurions affiché le lever de rideau de la TRANSPARENCE, indemnités reçues, indemnités versées, documents à l’appui. Cette autocritique suivie d’effet aurait produit une rupture nette et franche avec un passé peu glorieux, une rupture sur laquelle s’appuyer pour retrouver la CONFIANCE du PEUPLE. Transparence et sincérité doivent constituer le socle de notre reconstruction, un socle solide, irréfutable, opposable à tout procès sur le thème de notre rapport à l’argent.

4bis - En ce qui concerne la mise en œuvre de la restitution (pourcentage, prise en compte des situations particulières, dialogue, cas des cumuls de mandats et donc des indemnités…), elle doit nous demander beaucoup d’attention. Mais le PRINCIPE, lui, doit avoir pour nous FORCE de LOI.

5 - C’est ainsi que nous redeviendrons CRÉDIBLES. Le peuple sait, le peuple sent nos contradictions et nos manques. La lourde défaite de juin dernier s’explique certes par beaucoup de facteurs, de nature différente — organisation, communication, lien aux luttes, etc. Mais est-il outrancier de penser ceci : la cause de l’incompréhension des Réunionnais face à notre projet — pourtant le seul à même d’ouvrir les perspectives de développement pour La Réunion —, c’est, en amont et en première instance, la PERTE DE CONFIANCE à notre égard. Perte de confiance due pour une part importante à notre rapport disons trouble à l’argent, sur lequel, dans le cadre de la commission Sincérité, il nous faut réfléchir ensemble.

6 - Pour terminer sur une note d’espoir, des signes encourageants sont annoncés et doivent se traduire par un “dégel” imminent des montants jusqu’à présent “gelés”. L’espoir renaît, dès lors que c’est en nous-mêmes que nous allons puiser la régénération de nos forces.

Alain Dreneau, 8 septembre 2012

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