La violence institutionnelle en pratique

Pourquoi avoir exclu le Conseil général et la Région du programme de la visite du Premier ministre ?

16 juillet 2009, par Manuel Marchal

Le 23 mars 2008, un plan élaboré par un piètre stratège échoue lamentablement : Nassimah Dindar est élue présidente du Conseil général par 65% des suffrages. C’est le point de départ d’une rancœur tenace qui vient d’atteindre des sommets lors de la visite de François Fillon. Cela a eu pour conséquence d’amener à enfermer le Premier ministre dans un programme sectaire et partisan, symbolisé par la tenue au Tampon des États-généraux. Pendant ce temps, le Conseil général et la Région étaient exclus du programme de François Fillon.

Alors qu’au lendemain des élections cantonales du 16 mars 2008, aucun parti ne détenait seul la majorité au Conseil général, un piètre stratège s’est fait fort de créer une majorité avec un seul parti, espérant vendre cette idée à d’autres élus, et en croyant que les élus de l’Alliance et du PS allaient cautionner leur propre exclusion. Il s’agissait de créer les conditions pour élire un nouveau président du Conseil général centriste à la place de la présidente sortante, pourtant membre de l’UMP.
On a vu que ce plan a échoué sur toute la ligne. Tout d’abord, ce groupe d’élus autoproclamé majoritaire a été incapable de réunir un quorum lors de la première assemblée plénière suivant les élections cantonales, le 20 mars. Puis trois jours plus tard, ce groupe s’est trouvé mis en minorité par une large majorité d’élus rassemblés autour de la candidature de la présidente sortante. À la différence du piètre stratège et de ses amis, tous les autres élus ont compris le principal enseignement de ces élections : le peuple a demandé aux différents partis de s’entendre et de travailler ensemble à construire un projet. Cette défaite est le point de départ d’une rancœur qui vient de culminer lors de la visite de François Fillon.

Du boycott de la visite d’Yves Jégo aux États-généraux

En avril 2008 a lieu le premier épisode de cette opération "reconquête". C’est le boycott de la première visite du nouveau secrétaire d’État à l’Outre-mer, Yves Jégo. Ce boycott s’inscrit dans une tactique : faire reposer sur la Direction nationale de l’UMP et sur Nassimah Dindar la responsabilité de l’échec de la prise de contrôle du Conseil général.
Deuxième étape, c’est la promesse de démissions massives de l’UMP avec à la clé la création d’un nouveau parti, Objectif Réunion. Dès le départ, ce parti se définit comme une force d’opposition au Conseil général. Et son délégué général, Didier Robert, annonce la couleur. Il affirme qu’il ne peut pas être entendu par l’UMP, ce qui justifie la création d’un parti dont l’objectif est de dépasser l’UMP. Objectif Réunion annonce qu’il va présenter son projet à la population. C’était au mois de septembre 2008. Depuis, la troisième étape tarde à se concrétiser : où est le projet de Didier Robert ?
Au mois de février, le président de la République a annoncé le lancement des États-généraux. C’est donc le moment pour tous ceux qui ont un projet de se faire entendre. Le Parti communiste réunionnais prend l’initiative de décliner publiquement ses propositions dans plusieurs domaines. Le PCR s’implique dans les États-généraux alors qu’ils ont été lancés par un président de la République qui n’est pas de son bord politique. Pendant ce temps, que fait Didier Robert ?

Quelle contribution de Didier Robert aux États-généraux ?

Les États-généraux sont pourtant l’occasion rêvée pour Didier Robert de faire connaître ses propositions. De plus, c’est dans la commune dont il est le maire que se déroule la réunion des États-généraux en présence du Premier ministre. Manifestement, il n’a pas saisi cette occasion car il n’a rien à présenter, aucun projet si ce n’est une opposition stérile qui a coûté aux entreprises réunionnaises l’annulation d’un investissement de 110 millions d’euros par Didier Robert, la rocade du Tampon.
Ces éléments amènent à s’interroger sur les raisons qui ont poussé les organisateurs du séjour du Premier ministre à choisir Le Tampon comme site d’accueil de la restitution des États-généraux à La Réunion, et à exclure le Conseil général et la Région du programme de la visite de François Fillon.
Pourquoi en effet vouloir donner une importance démesurée à un élu qui fait du sectarisme partisan sa ligne de conduite ? La réponse tient sans doute dans l’échec d’un piètre stratège au lendemain des élections cantonales. 17 mois après son élection, la majorité du Conseil général s’est élargie et sa présidente est toujours là. Est-ce la raison qui a poussé certains à juger utile d’exclure cette présidente UMP du programme de la visite d’un Premier ministre UMP ?
Il est un fait : le Conseil général symbolise l’échec total de la stratégie de Didier Robert. Quant à la Région, la délocalisation de la signature du GIP GERRI à la Technopole le vendredi après-midi amène à se demander si dans l’esprit des initiateurs du programme de François Fillon, le blocus de l’institution organisé impunément jeudi matin par Joël Mongin et ses amis était censé se prolonger durant toute la visite du Premier ministre ?

(à suivre)

Outre-merFrançois FillonDidier Robert

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