La violence institutionnelle en pratique

Pourquoi avoir organisé les États généraux au Tampon ?

15 juillet 2009, par Manuel Marchal

Dans son édition de lundi, ’Témoignages’ avait mis le doigt sur la manipulation orchestrée par ceux qui ont préparé le programme du Premier ministre. Lors de l’inauguration de la Route des Tamarins, François Fillon avait évité de tomber dans le piège qui consistait à lui faire endosser une critique des collectivités locales sur la base de mensonges. Le lendemain, c’est au Tampon que ceux qui ont préparé sa visite ont tenté à nouveau de le manipuler. Le procédé était tellement grossier que c’est à se demander si certains n’ont pas voulu ridiculiser François Fillon.

« D’abord je voudrais saluer les 1.600 personnes qui sont dans cette salle mais qui sont aussi à l’extérieur et qui suivent nos travaux » : manifestement, quelqu’un n’a pas hésité à faire endosser à François Fillon une fausse information. Le Premier ministre n’avait pas la possibilité de compter toutes les personnes qui étaient présentes ce vendredi matin au Tampon. Cela amène à se demander qui a donc pris l’initiative de chercher à ridiculiser le chef du gouvernement en lui donnant cette fausse nouvelle ? Tous les observateurs ont en effet constaté que le nombre de personnes présentes dans la salle et sous le chapiteau était de quelques centaines de personnes, malgré l’apport des supporters de Cyrille Hamilcaro.
Cet épisode de la visite du Premier ministre permet d’apporter un éclairage sur le choix du Tampon comme lieu de restitution des États généraux de l’Outre-mer.

Le résultat d’un programme sectaire

Car tous les Réunionnais savent que Didier Robert a refusé la rocade, un investissement de 110 millions d’euros pour sa commune payé par la Région. Tout comme les Réunionnais savent aussi que 70% du budget de la Région est consacré à l’investissement, et que le Conseil général injecte dans l’économie réunionnaise des fonds aussi importants que ceux liés au chantier du basculement des eaux, ou à la construction des collèges.
D’où cette surprise : comment se faisait-il que le Conseil général et la Région, deux collectivités qui investissent, n’étaient pas sur le programme de la visite de François Fillon, mais par contre, la commune dirigée par Didier Robert, qui refuse les investissements, accueillait ce qui était présenté comme le temps fort de la 2ème journée du déplacement du Premier ministre : la restitution des États généraux en présence du chef du gouvernement.
Mais cette surprise n’en est plus une lorsque l’on constate que le programme préparé pour François Fillon était d’un sectarisme digne de Perreau-Pradier. Vu sous cet angle, le choix du Tampon s’explique et car il fait apparaître clairement le questionnement suivant :
Est-ce une manière de dire à ceux qui critiquent Didier Robert que le Premier ministre soutient les décisions du maire du Tampon, puisqu’il vient dans cette commune présider un épisode de la plus grande consultation lancée dans l’Outre-mer par un gouvernement ? Comment ne pas voir dans cette étape du programme une manipulation au service de cette politique sectaire qui a inspiré le programme proposé au Premier ministre ?
Pour valider la thèse des sectaires, il faut qu’un maximum de personnes vienne applaudir au Tampon ce vendredi matin. Autrement dit, il s’agissait de faire croire au Premier ministre et aux membres du gouvernement en visite officielle que l’orientation politique menée par le maire du Tampon recueille une large adhésion des Réunionnais. C’est-à-dire de démontrer que les Réunionnais applaudissent des deux mains le choix de Didier Robert d’empêcher un investissement de plus de 110 millions d’euros dans sa commune, ce qui a largement contribuer à la suppression de milliers d’emplois dans notre île. Alors, pour atteindre cet objectif, les organisateurs de ce déplacement au Tampon n’ont lésiné devant rien.

Echec lamentable d’une manipulation

Le procédé n’est pas sans rappeler celui utiliser la veille lors de l’inauguration de la Route des Tamarins. Rappelons qu’il a consisté à disposer les camions des transporteurs dans le champ des caméras pour tenter de faire croire aux ministres et aux médias venus de France que les Réunionnais sont remontés contre les collectivités !
Aussi grossier que le passage fustigeant les collectivités dans le discours proposé la veille au Premier ministre lors de l’inauguration de la Route des Tamarins, ce procédé a également été un échec retentissant pour ses initiateurs. Est-ce pour masquer le flop de cette manœuvre qu’il a fallu faire endosser à François Fillon une fausse information qu’il a dit devant les caméras de télévision ?
Autant d’éléments amènent à se demander si l’objectif de cette manipulation n’était pas de ridiculiser le Premier ministre ?

(à suivre)

Manuel Marchal


Une prime à ceux qui refusent les investissements ?

Tout d’abord, si on considère que les États généraux sont une concertation allant au-delà des partis, il est étrange que l’événement phare de cette manifestation à La Réunion ait lieu dans la commune dirigée par un élu qui s’affirme publiquement comme un opposant au Conseil général et à la Région. Autrement dit, Didier Robert remet sous le feu des projecteurs une manière de faire de la politique que tout le monde croyait révolue : l’opposition pour de simples motifs partisans. Son refus de la rocade du Tampon en est l’exemple le plus frappant. S’il a refusé le projet qu’il avait toujours voté quand il était adjoint, c’est uniquement parce qu’il vient de la Région.
Nul doute qu’un lieu plus neutre aurait été plus logique. Chacun se souvient que des manifestations présidées par un ministre, comme le Grenelle de l’environnement, avaient lieu dans des endroits où le premier critère était la capacité d’accueillir l’événement.
En outre, pour nombre d’observateurs, le choix de la commune dirigée par Didier Robert pour abriter un temps fort de la visite du chef du gouvernement apparaissait pour le moins contradictoire avec la politique de relance mise en place par l’État. En effet, au moment où l’État appelle à l’accélération des chantiers, affichant sa convergence avec des collectivités telles que le Conseil général ou la Région, le maire du Tampon décide d’annuler un investissement de 110 millions d’euros en refusant la rocade !


Oubli ou volonté de faire du chiffre ?

C’est ainsi que des participants aux ateliers des États généraux ont été conviés à venir à la réunion en présence du Premier ministre… pour finalement n’être autorisés qu’à regarder la télévision sous le chapiteau installé à côté de la salle. La lettre inscrite sur leur invitation leur interdisait dès le départ d’entrer dans la salle, mais apparemment, cette consigne n’a pas été clairement rappelée. Oubli ou volonté de faire du chiffre ? Car pourquoi demander à quelqu’un de faire des kilomètres pour regarder à la télévision une émission au Tampon, alors qu’elle peut voir la même chose chez elle ?

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