Les affaires de corruption au cœur de la campagne présidentielle

Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il décoré un porteur de valise ?

20 septembre 2011, par Manuel Marchal

Attentat de Karachi, les enveloppes de Mme Bettencourt et les porteurs de valise de billets : toute une série de scandales éclabousse le plus haut sommet de l’État. Ces affaires seront à l’ordre du jour de la campagne de la présidentielle, car la lumière est loin d’être faite sur ces dossiers.

Coup sur coup, ce sont trois affaires qui reviennent au premier plan à huit mois de la présidentielle. Ces scandales sur fond de soupçon de corruption touchent le plus haut niveau de l’État. Loin d’être résolues, ces affaires seront à n’en pas douter un des éléments de la campagne de la présidentielle.
Comme au début des années 30, la France est touchée par les conséquences d’une crise financière née aux États-Unis, et comme à cette époque, le plus haut sommet du pouvoir est éclaboussé par une série de révélations relatives à d’importants scandales présumés.
Le plus grave soupçon vient du Pakistan. Il s’agit des derniers développements de l’enquête sur l’attentat de Karachi. En 2002, cette attaque suicide avait visé des ingénieurs de l’industrie navale française. Au début de l’enquête, la piste était celle d’Al Qaeda. Mais au fil des investigations, c’est une explication beaucoup plus embarrassante pour Nicolas Sarkozy qui est échafaudée. Une hypothèse amenant à s’interroger sur l’origine des fonds du financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Ministre du Budget et porte-parole du candidat Balladur, l’actuel président de la République était au cœur du système Balladur.
L’autre affaire embarrassante concerne le financement de la campagne présidentielle du candidat Nicolas Sarkozy : c’est l’affaire Bettencourt. Une magistrate a révélé des pressions exercées par le pouvoir central sur l’appareil judiciaire lors d’investigations sur les liens entre l’héritière d’une des plus grosses fortunes de France et le trésorier de l’UMP, Éric Woerth. Cinq ans après les faits, leurs conséquences seront au cœur de la campagne présidentielle.

À quand les explications ?

Enfin, la dernière affaire est partie d’accusations sans preuve d’un ancien acteur de la Françafrique, s’auto-accusant d’avoir transporté des valises de billets livrées en main propre à Dominique de Villepin tout en affirmant que ces pratiques ont brutalement cessé avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. D’autres acteurs de ce milieu trouble ont précisé que les méthodes de la Françafrique n’ont pas disparu avec l’arrivée de ce gouvernement, ce qui sous-entend que les porteurs de valise continuent d’opérer.
Mais, ce qui donne du piment à cette affaire, c’est que ce trafiquant auto-proclamé est passé au service de Nicolas Sarkozy qui l’a décoré de la Légion d’honneur en septembre 2007. Le chef de l’État doit s’expliquer sur l’attribution de cette décoration à une personne qui dit avoir participé à un système de corruption.
Devant cette accumulation d’affaires, Nicolas Sarkozy ne peut plus rester silencieux. Candidat à sa propre réélection, il doit s’expliquer.

M.M.


François Bayrou fustige les truands «  au cœur de l’État  »

Lors du discours de clôture de l’université d’été du MoDem, François Bayrou a confirmé que les affaires de corruption seront un élément de la campagne présidentielle.
« On prétendait que les voyous étaient dans les cités et qu’on allait les nettoyer au Kärcher. On découvre qu’en réalité les voyous, les truands, les trafiquants, on les a installés au coeur de l’État (...) c’est à ceux-là, en vérité qu’il faut en premier lieu passer le Kärcher ! », a dit le président du MoDem.
Celui qui était ministre du Budget du gouvernement Balladur répondra-t-il à celui qui en était le ministre de l’Éducation nationale ?

Nicolas SarkozyPrésidentielle 2012

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