Les propositions de l’Alliance : L’éducation et la formation professionnelle au cœur des préoccupations

« Poursuivre et élargir les actions engagées »

11 mars 2010, par Céline Tabou

A l’occasion d’une conférence de presse au bureau de l’Alliance à Saint-Denis, Catherine Gaud, Béatrice Leperlier, Emmanuel Lemagnen, Dominique Dambreville, Raymond Mollard et Marie-Rose Gras ont exposé le bilan de la Région, et les perspectives dans les domaines de l’éducation et de la formation à La Réunion.

La Région, présidée par Paul Vergès depuis 1998, a mis en place le Plan Régional de Développement des Formations (PRDF), qui a pour objectif « de définir des orientations à moyen terme en matière de formation professionnelle des jeunes et des adultes ». Le PRDF a été réaffirmé par la loi du 13 août 2004, comme l’a indiqué Catherine Gaud, qui a ajouté qu’aucun « moyen n’avait été donné » aux responsables.

Un bilan positif, « gage de crédibilité »

Raymond Mollard a exposé les actions menées lors de ce dernier mandat, avec l’ouverture de trois lycées HQE (Haute Qualité Environnementale), les importantes rénovations dans d’anciens établissements dont Leconte de Lisle de Saint-Denis et, entres autres, le LP de Lépervanche au Port, et le développement de l’enseignement agricole. « Les professions agricoles ont de l’avenir à La Réunion, il existe un réel engouement de la part des jeunes pour ce métier », a-t-il précisé.
Il a également mis en avant la Charte de partenariat de prévention et de lutte contre l’illettrisme, la convention Télé Formation Lecture Réunion ainsi que la mise en place d’Actions de Redynamisation Sociale, et les Ateliers Permanents de Lutte contre l’illettrisme. Dans les domaines de la formation des adultes, les centres d’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes à La Réunion (AFPAR) ont été livrés pour aider les personnes au chômage depuis longtemps à reprendre une activité. L’AFPAR s’inscrit dans le cadre du Schéma Directeur de Formation Professionnelle élaboré par la Région Réunion, qui est également son principal financeur.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’université et les étudiants ont pu bénéficier du concours régional dans la recherche, avec des Bourses doctorales.
En matière de mobilité, la Région a signé un partenariat avec le gouvernement québécois, et alloué une API (Allocation de Première Installation) renouvelable une fois, et développé des coopérations avec Erasmus, ISEP, et des conventions inter-universitaires.
Face à ce bilan positif, les candidats préconisent une réduction du taux annuel de sorties sans qualification, l’augmentation de la proportion de bacheliers dans une génération et l’accroissement du taux d’accès des classes d’âges à une qualification universitaire.

L’éducation, la priorité

L’Alliance souhaite poursuivre les projets mis en place par la Région, comme la construction de trois autres lycées HQE, la rénovation d’anciens lycées, dont le lycée Lislet Geoffroy et le L.P. de Saint-Pierre, la mise en œuvre d’Espaces Numériques de Travail, et des classes préparatoires, comme le Cycle Préparatoire Polytechnique.
En matière d’apprentissage, la Commission Permanente a voté la mise en place de formation en apprentissage dans les lycées, et à l’université.
Pour la recherche et l’enseignement supérieur, les candidats présents à la conférence de presse veulent réaliser des « grands projets structurants » : la station de l’Observatoire de physique de l’atmosphère du Maïdo, la station de traitement d’images satellites de Saint-Pierre et la construction d’une résidence d’accueil pour les chercheurs sur le campus du Tampon. Tous ces objectifs permettraient à La Réunion d’être compétitive dans le domaine de la recherche, obtenir les financements de l’Union Européenne, qui doivent être négocier cette année.
Catherine Gaud a rappelé la demande de Paul Vergès pour construire un Centre Hospitalier Universitaire de La Réunion. Ce CHUR serait non seulement pour les jeunes Réunionnais, mais également pour les étudiants de la zone Océan Indien, c’est-à-dire les Comores, Madagascar, Mayotte et l’Afrique francophone. C’est « un point fort du co-développement ». Mme Gaud souhaite la création d’un Institut régional d’administration, qui permettrait aux jeunes d’accéder aux concours de catégorie A de l’Administration. Ces jeunes pourront acquérir une première expérience professionnelle dans la zone Océan Indien, et obtenir plus facilement un emploi à La Réunion où dans cette zone.
Mme Gaud préconise également la mise en place d’un Schéma Régional des Formations Sanitaires et Sociales, qui pourra répondre aux besoins dans le secteur.

Céline Tabou


Une Conférence Permanente pour l’Emploi réunissant toutes les compétences

Dans le domaine de la formation professionnelle, Emmanuel Lemagnen propose de « mettre en relation les formations et l’économie », afin que les entreprises participent à la formation des jeunes et des adultes dans des secteurs où il manque de la matière grise. Il a aussi mis en évidence l’apparition de quota de jeunes diplômés au chômage. Pour cela, il souhaite la réalisation d’un espace d’entreprise virtuelle. Cet espace permettra aux jeunes diplômés d’acquérir des compétences. Cependant, l’objectif est de faire signer un accord avec le Medef et le CGPME, pour qu’ils acceptent que cette expérience soit considérée comme professionnelle.
De son côté, Marie-Rose Gras propose l’instauration d’une Conférence Permanente pour l’Emploi réunissant toutes les compétences (État, collectivités, organisations patronales, syndicats de salariés et associations de lutte contre le chômage et la précarité). Le but est également de faire vivre le Plan Régional de Développement des Formations, qui est « un outil essentiel contre la crise », car il « s’axe sur la cohésion sociale ». En effet, Mme Gras explique qu’il est aujourd’hui primordial de s’occuper des 52% de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, car elles sont aussi des personnes ayant des emplois précaires qu’il « faut professionnaliser et accompagner dans l’emploi ».


Deux "cités de vie" pour les étudiants

La représentante de L’Alliance des Jeunes pour la Formation et l’Emploi à La Réunion (AJFER), Béatrice Leperlier, a expliqué que l’augmentation à venir du nombre d’étudiants risque d’accentuer les problèmes de logement. L’important aujourd’hui est la construction de deux "cités de vie" pour pallier au manque de logement chez les étudiants. Ces "cités de vie" fourniront l’essentiel : épicerie, laverie, cinéma, théâtre, entre autres, pour « encourager à l’épanouissement des jeunes ».


Lutte contre l’illettrisme : « mettre en place une politique »

Pour lutter contre l’illettrisme, Dominique Dambreville propose « d’établir les compétences de chacun, et d’arrêter l’hémorragie » qui sévit à La Réunion.
« Un Réunionnais sur 8 est illettré »,
a précisé M. Mollard. Ce chiffre inquiète d’autant plus que « le problème peut être pris dès le jeune âge. A 18 mois, c’est le moment idéal pour connaître le rôle des parents, des responsables de crèches et de garderies, et des animateurs, afin de savoir ce dont a besoin l’enfant », préconise Mme Dambreville. La directrice du Centre de lecture du Brûlé a expliqué « qu’il ne s’agit plus de dénoncer, mais de mettre en place une politique pour lutter contre l’illettrisme ». Cette politique s’oriente sur la mise en commun des moyens humain et financier, pour rénover les lieux de lecture, et de réinvestir dans les équipements.


L’Alliance soutient les grévistes du lycée professionnel de Saint-Benoît

La conférence de presse a également été l’occasion pour l’Alliance de diffuser un communiqué, intitulé « L’Alliance, solidaire des défenseurs du service public », afin de soutenir les enseignants en grève à Saint-Benoît. Présent lors de cette conférence, Olivier Morin, porte-parole de la délégation du L.P. Patu de Rosemont de Saint-Benoît, a remercié les candidats de leur soutien. « Nous avons sollicité les autres têtes de liste, mais seule l’Alliance a eu une position claire » sur la décision « arbitraire » prise par le recteur pour retirer le lycée de la carte des Zones d’Enseignement Prioritaire (ZEP).
Les grévistes ont été reçus par le recteur, mais attendent maintenant une réponse claire de la part du ministère, d’ici avril-mai 2010. M. Morin attend de l’Alliance, en plus de son soutien, qu’elle envoie un courrier au recteur et que la Région intervienne auprès du recteur afin que le lycée professionnel Patu de Rosemont ne soit pas retiré de la carte des Z.E.P. « Nous souhaitons également des précisions sur les critères pris en considération pour qualifier un établissement en ZUS ».
L’Alliance a indiqué dans son communiqué apporter « sa solidarité à l’ensemble des personnels et des familles en lutte, et réaffirme sa ferme détermination à défendre et promouvoir le Service Public d’Education et de Formation ».

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