Lutte contre la pauvreté

Premières décisions du Conseil municipal des Pauvres

5 août 2013, par Céline Tabou

Voici les cinq premières délibérations du Conseil municipal des Pauvres, toutes ont été adoptées à l’unanimité.

Le premier Conseil municipal des Pauvres vote à main levée pour ses premières décisions.
(photo C.T.)


Exposé des motifs :

En 2000, la France a signé les accords de l’ONU pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le premier des 8 objectifs est : l’éradication de la grande pauvreté dans le monde avant 2015.

À La Réunion, plus de la moitié de notre population vit sous le seuil de pauvreté ; plus de 165.000 Réunionnais sont au chômage ; plus de 132.000 personnes souffrent d’illettrisme ; plus de 25.000 demandes de logements sont sans solutions.

Beaucoup vivent avec moins de 5 euros/jour !

Nous ne pouvons fermer les yeux sur ces constats. C’est le sens de l’Appel de l’Ermitage pour l’abolition de l’extrême pauvreté, avant 2015 !

Le Comité de l’Appel de l’Ermitage a interpellé le Président de la République, par courrier le 19 mars 2013, pour le rappeler à ses obligations internationales et envers les pauvres de La Réunion.

Le Comité de l’Appel de l’Ermitage interpellera à nouveau le Président de la République ainsi que son gouvernement à l’occasion de la venue de M. François Chérèque, chargé de mission sur la pauvreté. 

Proposition :

Le Conseil municipal des Pauvres demande à toutes les collectivités de La Réunion d’inscrire en priorité de leur prochaine assemblée l’abolition de l’extrême pauvreté à La Réunion, avant 2015.

Vote :

La proposition est adoptée à l’unanimité.

Délibération n° 2 :

Abolir les privilèges financiers des élus

Exposé des motifs :

N’importe quel citoyen peut être élu. Un élu est au service de la population qui l’a élu.

Comme plus de la moitié de la population de La Réunion vit en dessous du seuil de pauvreté, comme beaucoup n’ont même pas 5 euros/jour pour vivre, il est indécent de voir des personnes, élues par des électeurs qui n’ont rien, percevoir chaque mois, jusqu’à plusieurs années de revenus d’un de leurs citoyens-électeurs !

Il convient de recentrer les motivations des élus vers le service à rendre à la population, plutôt que rechercher un profit financier de son mandat.

Proposition :

Le Conseil municipal des Pauvres demande à toutes les collectivités de La Réunion d’abolir les indemnités des élus ; et de transférer l’équivalent de ce budget dans un fonds pour la création d’activités en faveur des plus les pauvres.

Vote :

La proposition est adoptée à l’unanimité.
Délibération n° 3 :

Représentativité sociale : les pauvres sur les listes électorales

Exposé des motifs :

La représentation politique doit refléter la représentation sociale de la population. C’est ce qui a motivé la loi sur le droit de vote des femmes en 1944, et la loi sur la parité homme/femme aux candidatures électorales.

Comme la moitié de la population de La Réunion vit en dessous du seuil de pauvreté, il n’est pas juste que la totalité des élus soit issue de la couche sociale des 10% les plus riches.

Proposition :

Le Conseil municipal des Pauvres demande que la représentation sociale soit respectée lors la constitution des futures listes électorales municipales ; c’est-à-dire que la moitié des candidatures soient des pauvres.

Vote :

La proposition est adoptée à l’unanimité.
Délibération n° 4 :

Création d’un centre communal d’activités génératrices de revenus

Exposé des motifs :

Chaque commune comporte un Conseil Communal d’Actions Sociales. Le CCAS est très utile pour aider ponctuellement les pauvres, mais il est inefficace pour abolir l’extrême pauvreté. Il est nécessaire de compléter son fonctionnement par des actions socio-économiques durables.

La création d’un Centre Communal d’Activités Génératrices de Revenus, un CCAGR, aura pour mission de favoriser une politique d’activités de proximité qui procurent un complément de revenus durables aux pauvres.

Proposition :

Le Conseil municipal des Pauvres demande à toutes les Communes de La Réunion de créer un Centre Communal d’Activités Génératrices de Revenus.

Vote :

La proposition est adoptée à l’unanimité.
Délibération n° 5 :

L’accueil des services publics en créole

Exposé des motifs :

La moitié de la population de La Réunion vit sous le seuil de pauvreté, et plus de 132.000 souffrent d’illettrisme. À cause de ces handicaps sociaux, cette population accède difficilement aux services publics qui ne s’expriment qu’en français. Elle ne comprend pas ou ne peut pas se faire comprendre de ces administrations.

Les services publics doivent se rendre accessibles en s’adaptant à la culture de la population qu’ils reçoivent (langue, niveau d’études…) et en simplifiant ses documents.

Proposition :

Le Conseil municipal des Pauvres demande à toutes les administrations d’organiser l’accueil et les services au public également en créole.

Vote :

La proposition est adoptée à l’unanimité.
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