Loi-programme

Prendre en compte les conditions de l’intégration de La Réunion à la mondialisation

15 septembre 2007, par Manuel Marchal

Destinées à relancer l’activité économique par le biais d’aide ciblée sur des secteurs qui peuvent avoir vocation à exporter, les Zones franches globales d’activités sont programmées pour les dix prochaines années. Mais dès janvier prochain, une donnée nouvelle doit être prise en compte : l’entrée en vigueur des Accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique.

À La Réunion, trois secteurs, peut-être quatre, vont pouvoir bénéficier de la mesure phare du projet pour l’Outre-mer de Nicolas Sarkozy : la Zone franche globale d’activités. L’agro-nutrition en milieu tropical, les énergies renouvelables et le tourisme figurent dans le document de travail sur la loi-programme. La mobilisation des socioprofessionnels et des élus pourra peut-être déboucher sur l’éligibilité du secteur des technologies de l’information et de la communication.
Pensées pour répondre au mot d’ordre du "développement endogène" soutenu par le Président de la République, les ZFGA ciblent des secteurs précis qui présentent comme caractéristique d’avoir un fort potentiel en termes de créations d’emplois. Des secteurs qui seront amenés à croître dans un contexte d’ouverture de La Réunion sur le monde.

Une mondialisation ultra-libérale des échanges

Par exemple, les énergies renouvelables permettent à La Réunion de se positionner comme un pôle de compétences dans ce secteur à l’échelle mondiale. Ce sont des produits et un savoir-faire qui peuvent être exportés.
Or, en ce moment, les règles du commerce mondial évoluent. Et La Réunion n’est pas à l’écart de ces changements.
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pousse à un abaissement continuel des droits de douane et à une plus grande ouverture des économies. L’objectif à terme est l’émergence d’un marché mondial. L’Union européenne traduit cette orientation par de nombreuses réformes au sein de son aire de compétence : c’est par exemple la nouvelle OCM Sucre. Elle organise également ses relations avec d’autres blocs économiques dans cet esprit.
Actuellement sont en cours les négociations des Accords de partenariat économique (APE). Les APE vont régir les relations commerciales entre l’Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). La Réunion présente pour particularité d’être une région de l’Union européenne, au contact direct de pays ACP comme Madagascar, Maurice, l’Afrique du Sud ou la Tanzanie.
Si les APE respectent à la lettre les orientations de l’OMC et s’appliquent mécaniquement à La Réunion, alors s’ouvre une période de grands bouleversements.

L’échéance se compte en jours

En effet, ces pays ACP peuvent produire les mêmes choses que La Réunion. Autrement dit, leurs marchandises pourraient envahir et concurrencer celle des producteurs réunionnais avec un avantage de taille. Car du fait de l’écart de développement qui sépare La Réunion des pays environnants, chez ces derniers, le coût de fabrication d’un produit est très nettement inférieur.
Dans ces conditions, comment les producteurs réunionnais pourront-ils espérer écouler le fruit de leur travail à La Réunion, voire l’exporter ?
L’échéance se rapproche. Les APE doivent être signés avant la fin de l’année pour entrer en vigueur dès l’an prochain. Une date qui coïncide avec le lancement de la Zone franche globale d’activités.
Cela souligne l’importance de deux points.
Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler combien il est essentiel que la spécificité de La Réunion soit reconnue durablement dans ces APE, pour que leur entrée en vigueur ne signifie pas la ruine de nombreux producteurs de biens et de services.
Ensuite, les mesures prises dans le cadre de la loi-programme ne doivent pas faire l’impasse sur cette menace. Sachant que les Zones franches globales d’activités courent sur dix ans, c’est une donnée qui doit être prise en compte.

Manuel Marchal

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

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