Koud’kongn de Raymond Mollard

Présidence, Alliance, cohérence ...

16 avril 2007

En l’absence de véritable débat de fond sur les enjeux du scrutin du 22 avril, les médias se cristallisent sur les prises de position (ou les silences...) de telle ou telle organisation, de tel ou tel leader d’opinion, en faveur de tel ou tel des candidats du premier tour. Et de surenchères en révélations, de supputations en procès d’intentions, faute d’élever le débat, ils font, jour après jour, monter la mayonnaise du sensationnel ou des frustrations pour aguicher le chaland. Bien sûr, la polémique et le goût du scandale nourrissent la vente de papier, en revanche, seuls la cohérence, le dialogue et le respect peuvent nourrir la démocratie. Entre les deux, le choix est facile à faire, et devrait s’imposer à chaque citoyen en ces derniers jours précédant le scrutin. C’est, en tout état de cause, celui qui est le mien : je le fais aussi bien en tant que militant des luttes sociales qu’au titre de défenseur du service public et de membre résolu de l’Alliance.

L’Alliance s’est constituée, il y a 3 ans, sur une dynamique de rassemblement ouverte aux partis politiques et aux militants associatifs et syndicaux venus de ce qu’il est convenu d’appeler la “société civile”. Le premier texte qui nous a réunis, sous la thématique générale “Un nouveau contrat social pour un développement durable”, définissait en ces termes notre attitude commune face aux défis de l’avenir : « La concertation permanente entre les forces vives réunionnaises et la Région doit permettre la constitution de ce “front réunionnais” opposable à n’importe quel gouvernement, pour la défense intransigeante des intérêts de La Réunion ».

Le succès de notre liste aux élections régionales de 2004 a donné la mesure de l’écho que notre appel avait rencontré auprès des Réunionnaises et des Réunionnais, succès qui s’est confirmé de manière éclatante lors du rassemblement organisé le dimanche 24 mai à la Halle des Manifestations du Port. Dans mon intervention ce jour-là, je dénonçais le conglomérat d’égoïsmes sur lequel avait tenté en vain de s’appuyer la droite, et j’ajoutais : « Nous avons, en constituant l’Alliance, fait un choix différent : celui d’appeler l’ensemble des forces progressistes de l’île à mettre en commun leur capacité d’action, tout en préservant la souveraineté interne de chaque organisation, en respectant l’identité de chaque composante et les choix de valeurs de chaque individu ».
Je prétends que ce choix de l’Alliance garde toute sa pertinence pour le présent, et demeure porteur d’immenses espoirs pour les luttes à venir.
Ce choix, nous avons vu quelle a été son efficacité, au service de La Réunion et de ses habitants, tant dans la définition et la mise en œuvre d’une politique éducative (PRDF) que d’une politique de développement durable (PR2D). Nous avons vu à quel rassemblement victorieux il a conduit lors des élections européennes et à l’occasion du référendum sur la Constitution européenne. Nous avons vu quel succès historique il a ouvert à notre région par la signature, le 19 janvier dernier, du Protocole de Matignon, puis du Contrat de Projet Etat-Région (CPER) et du Programme Opérationnel Européen (POE).

J’affirme, pour ma part - c’est ma conviction la plus profonde -, que ces choix de l’Alliance conservent toute leur pertinence pour le présent et sont seuls porteurs d’avenir pour la jeunesse, les salariés, les demandeurs d’emploi, le service public, les acteurs économiques, toutes les forces engagées ici dans le combat du développement économique, culturel et social.

Le scrutin du 22 avril ne doit pas être ce gouffre sans fond dans lequel certains voudraient voir s’engloutir à jamais le flot de la dynamique régionale. La source reste la même, abondante et féconde, et que le fleuve se divise momentanément en plusieurs bras implique simplement qu’il se donne rendez-vous à lui-même, quels que soient les choix du premier tour, pour retrouver la plénitude de son débit à l’occasion du second tour, puis des luttes intenses et nombreuses qui resteront à conduire, au service de La Réunion, dans tous les cas de figure.

S’il doit y avoir après le premier tour, et je ne suis pas seul à l’espérer ardemment, une alternative gauche-droite, chacun connaît très clairement dès aujourd’hui la candidature qui pourra se dresser face à Sarkozy, à Bayrou ou à Le Pen, bref, à la droite ou à l’extrême droite, et qui réunira à coup sûr toutes ces « forces vives réunionnaises » qui se reconnaissent dans la démarche et dans les succès de l’Alliance. J’ai fait, pour ma part, en conscience, le choix du vote unitaire pour la candidate de gauche dès le premier tour, tout en respectant sans le moindre état d’âme les choix différents qu’ont faits d’autres composantes de l’Alliance. Car, j’en suis plus que jamais persuadé, seule « la défense intransigeante des intérêts de La Réunion » pourra continuer, demain comme aujourd’hui, d’inspirer et d’orienter l’action de tous. Dans le respect du cheminement de chacun.


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