La lutte contre la vie chère passe aussi par l’intégration de La Réunion dans sa région

Présidentielle : les peuples des outre-mer doivent pouvoir discuter avec leurs voisins

19 avril 2022, par Manuel Marchal

La lutte contre la vie chère implique non seulement la transparence sur la formation des prix, mais aussi de donner la possibilité aux Réunionnais de décider eux-mêmes d’où ils importent ce qu’ils ne produisent pas. Cela suppose un renforcement des liens entre La Réunion et ses voisins qui peuvent remplacer la lointaine et coûteuse Europe comme source de nos approvisionnements. Pour cela, il est essentiel que les Réunionnais puissent avoir le droit de discuter avec leurs voisins.

L’intégration à une Europe située à l’autre bout du monde pousse nombre de Réunionnais à tourner le dos à leurs voisins. Cette intégration isole les peuples des outre-mer d’autres peuples avec qui ils partagent pourtant de nombreux liens historiques et culturels, et avec lesquels ils avaient d’importantes relations commerciales. L’utilisation des technologies de communication renforce cet isolement et cette relation quasi-exclusive avec l’Europe. Les Réunionnais sont la cible permanente d’un flux d’informations en provenance de ce continent, et ont nettement moins de moyens pour savoir ce qu’il se passe dans leur environnement immédiat. Il en découle un décalage préjudiciable entre les débats importés dans notre île et la situation réelle de La Réunion, avec pour conséquence la montée du sentiment d’abandon de la part des victimes de la crise qui considèrent que leurs problèmes n’ont pas l’attention qu’ils méritent. Pas étonnant alors que l’abstentionnisme aux élections progresse.

Qui discute avec les voisins de La Réunion ?

La crise sanitaire et surtout la guerre en Ukraine rappellent la nécessité de raccourcir nos circuits d’approvisionnement, et donc de nous tourner vers nos voisins. Or, cette politique de voisinage échappe aux Réunionnais. Elle est gérée depuis Paris, notamment par un ambassadeur en poste à 10.000 kilomètres de La Réunion. Fort logiquement, les décisions prises découlent d’abord des intérêts propres que la France compte défendre dans l’océan Indien, mais ceux des représentants d’un peuple de 65 millions d’habitants à 10.000 kilomètres d’ici sont-ils les mêmes que ceux du peuple réunionnais qui compte moins d’un million d’habitants, dont la moitié est condamnée à vivre dans une grande précarité ?
Il est clair qu’avec l’extrême droite au pouvoir, cette tendance ne fera que se renforcer. L’idéologie raciste de ce parti regroupe des nostalgiques de la colonisation qui refusent toute responsabilité aux peuples des outre-mer, car ils ne reconnaissent pas l’existence de ces peuples des outre-mer. Rappelons qu’à La Réunion, l’extrême droite s’était opposé à l’abolition du statut colonial, qu’elle était contre la création de la Sécurité sociale et de l’impôt sur le revenu entre autres, et qu’elle n’hésitait pas à s’opposer de manière violente au verdict des urnes.

Accompagner le rapprochement avec nos voisins

Le moment n’est-il pas venu pour Paris de prendre conscience qu’une partie de la solution de la crise se situe dans le rapprochement entre les Réunionnais et leurs voisins ? Déjà sur la seule question de l’approvisionnement, une compagnie maritime régionale permettant aux Réunionnais de s’approvisionner au plus près atténuerait les effets d’une crise en Europe sur la vie quotidienne de la population. C’est un moyen de lutter contre la flambée des prix qui fait souffrir la population.
Qui mieux que les Réunionnais sont les mieux placés pour discuter avec leurs voisins des conditions de ce rapprochement ? Ce raisonnement n’est-il pas valable pour tous les départements d’outre-mer ?
De dirigeant, l’État deviendrait alors un accompagnateur de forces vives encouragées à prendre des responsabilités afin d’agir dans l’intérêt de leur peuple, un peuple dont elles connaissent la situation de crise extrême qu’il subit et qui ne veut plus voir ses souffrances se prolonger encore 5 années supplémentaires.

M.M. 

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