Vœux du gouvernement

’Priorité à l’emploi’, disent-ils. Justement !...

2 janvier 2006

Dans leurs vœux à la nation pour 2006, le président Chirac et le ministre de l’Outre-mer François Baroin ont tous deux mis l’accent sur la priorité qu’ils veulent accorder à la politique pour l’emploi. Cela ne peut “tomber mieux” pour l’Outre-mer, et La Réunion en particulier, où la situation de l’emploi est beaucoup plus dégradée que dans l’Hexagone.

La "priorité" rappelée par le chef de l’État et le ministre réaffirme du même coup les prérogatives du gouvernement dans la politique de l’emploi, au cas où certains auraient tendance à l’oublier, y compris au sein de la majorité gouvernementale.
Cela fait en quelque sorte 2 bonnes nouvelles en une : le gouvernement assume pleinement sa compétence et, en plus, il en fait une priorité. Pour ceux dont l’emploi est actuellement menacé comme pour ceux qui en cherchent un, parfois depuis très longtemps, cet engagement gouvernemental ne peut être reçu que comme un encouragement à accentuer toutes les actions qui, ici, mettent en exergue l’urgence d’un plan pour l’emploi conçu de façon concertée, cohérente et aussi globale que possible.
Les syndicats, dans les services relevant du secteur public et para-public, pourraient utilement rappeler le nombre d’emplois manquants dans les divers secteurs. Et tous ceux, associatifs ou non, œuvrant dans les services, qui ont vu partir un emploi-jeune sans pouvoir le remplacer, peuvent aussi contribuer à une évaluation des besoins : pour la petite enfance, pour les personnes âgées, pour les malades ou les personnes handicapées, etc... Dans un premier temps, il y a peut-être un “état des lieux” à réajuster, puisqu’il doit l’être en permanence. Mais il y a surtout des batailles urgentes à mener : contre la progression de l’épidémie de chikungunya, il est impossible d’accepter le refus de la DRASS d’engager une lutte organisée reposant sur la constitution de “brigades” spécialement formées aux actions requises.
Dans un autre domaine, pas moins essentiel, sur la base de l’état des lieux de l’illettrisme établi par l’INSEE (pour la première fois depuis 1996) et dans la perspective d’un plan d’action programmé par la Région, il faudra aussi réfléchir à la façon d’organiser les actions au plan régional, ainsi qu’aux formations et aux emplois à prévoir.
Ce ne sont pas les pistes de réflexion et d’action qui manquent. Les Réunionnais attendent des responsables politiques, à quelque niveau qu’ils agissent, une traduction concrète des discours tenus.
C’est peut-être aussi le moment de rappeler qu’une véritable lutte pour l’emploi se mesure au nombre d’emplois pérennes créés, en référence à des besoins qui, parce qu’ils s’inscrivent dans les évolutions en profondeur d’une société, sont eux aussi des besoins pérennes.
Ceci est très éloigné d’une politique qui penserait combattre le chômage par une augmentation vertigineuse des emplois précaires, reconduits de court terme en court terme.
Mais ni le président Chirac ni le ministre de l’Outre-mer n’ont laissé voir, dans leur allocution, qu’ils inscrivaient la priorité de la lutte pour l’emploi dans un recours lui aussi prioritaire aux emplois précaires.
Il y a donc de saines batailles à mener en perspective. De quoi commencer l’année 2006 avec des objectifs... prioritaires.

P. David


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