Les vœux du président de la République à l’Outre-mer

Proclamations sur le développement durable dans un climat de tension sociale

20 janvier 2010

Deux mois après le Conseil interministériel sur l’Outre-mer, il n’y a toujours pas de calendrier d’application des mesures décidées. Hier à Saint-Denis, Nicolas Sarkozy a fait part de ses intentions dans le domaine du développement durable. Mais dans le même temps, des syndicalistes qui manifestaient étaient la cible de la répression, 24 heures après que des forces de police aient empêché des jeunes de distribuer des tracts à l’aéroport de Pierrefonds.

Le 6 novembre dernier, lorsque le chef de l’État a annoncé et commenté les grandes lignes des 137 mesures du Conseil interministériel sur l’Outre-mer (CIOM), deux critiques avaient notamment été mises en avant. Tout d’abord un manque de réponse à l’urgence sociale, alors que c’est de l’urgence sociale que sont nés les États généraux qui ont débouché sur ce CIOM.
Ensuite, aucun calendrier d’application n’était annoncé.
Deux mois plus tard, c’est une première qui avait lieu hier à Saint-Denis au Parc des expositions : les vœux du président de la République à l’Outre-mer. Ce sont donc 3 millions de personnes qui étaient concernées par ce discours sans précédent, et notamment toutes celles et ceux qui ont un besoin urgent de réponse à leur détresse sociale, ainsi que tous les contributeurs aux États généraux.

Aucune échéance fixée

Au bout d’une heure de discours, Nicolas Sarkozy n’a donné aucun calendrier d’application. Les Réunionnais ne peuvent donc pas savoir si la politique de l’innovation sociale sera lancée en 2010, ils n’ont aucune garantie que l’Observatoire des prix et des revenus sera doté de moyens suffisants et d’une présidence indépendante. La feuille de route pour 2010 s’est donc limitée à des proclamations, sans les échéances contraignantes minimales : quand et quels moyens de la part de l’État dans les questions qui relèvent de sa compétence (emploi, logement, prix des carburants et minima sociaux notamment).
Le discours du chef de l’État a tout de même permis de constater une convergence entre les préoccupations de Paris aujourd’hui, et les revendications portées par les Réunionnais depuis des décennies. Nicolas Sarkozy a évoqué la nécessité d’atteindre l’autonomie énergétique. Il a insisté sur le co-développement, précisant combien il est important de donner aux élus réunionnais la possibilité de représenter la République dans les « forums régionaux ».

L’urgence sociale réprimée

Le président de la République a aussi mis l’accent sur le développement endogène, et donc l’émergence d’une économie construite à partir des forces réunionnaises, en fonction des besoins réunionnais. Nicolas Sarkozy a également exprimé la volonté de Paris de miser sur l’excellence pour apporter une solution de sortie de crise à nos pays.
Mais en même temps que le président de la République faisait part de ses intentions, une manifestation de syndicalistes était réprimée par la force à quelques centaines de mètres de là. Ces événements avaient lieu 24 heures après l’immobilisation des jeunes qui voulaient distribuer des tracts lors de l’arrivée du chef de l’État à Pierrefonds. Ces mouvements ont un point commun, ils expriment l’urgence sociale. Et ils s’expriment justement parce que six mois de concertation et 137 décisions n’ont pas permis d’apporter des réponses suffisantes à cette question de l’urgence sociale.
À la lumière de ces actes, que penser alors des vœux du président de la République ?
Des proclamations sur le développement durable dans un climat d’urgence sociale, voici le premier bilan de la visite de Nicolas Sarkozy à La Réunion.

Manuel Marchal


Le PCR solidaire des victimes de la répression

Hier sur les ondes de Télé Réunion, Maurice Gironcel a fait part de la solidarité du PCR envers les jeunes et les travailleurs victimes de la répression parce qu’ils ont voulu exprimer leurs revendications pendant le séjour du président de la République. Maurice Gironcel a également condamné les méthodes employées par les forces de police, alors que c’est dans le dialogue que se situe toute solution.

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