Conséquence de l’extension du capitalisme au cours des 40 dernières années

Progression des inégalités dans le monde

16 décembre 2017, par Manuel Marchal

Un rapport publié jeudi sur les inégalités mondiales confirme l’objectif du système dominant dans le monde : enrichir toujours plus les nantis en s’appuyant sur l’appauvrissement des États. La Réunion est pleinement intégrée dans ce système, notamment avec une méthode particulièrement efficace de transformation d’argent public venu de France en profit privé qui repart en France.

A La Réunion, la proportion de pauvres et les inégalités sont plus grandes qu’en France. (photo Toniox)

Le Rapport sur les inégalités mondiales 2018 dresse un tableau sur l’évolution de la richesse en fonction de la classe sociale, et cela à l’échelle du monde depuis 1980. Il a notamment recours à la Base de données mondiale sur les patrimoines et les revenus.

Il s’avère qu’au cours de ces 40 dernières années, les inégalités ont augmenté partout dans le monde mais à des rythmes différents. La Russie et la Chine sont cités comme les deux pays où l’enrichissement des plus nantis a été le plus rapide depuis 1980. Il est à noter qu’au cours de cette période, la Russie et la Chine ont vécu le passage d’une économie socialiste vers le capitalisme. Le rapport souligne néanmoins qu’au sein de ces sociétés socialistes, le problème des inégalités de revenus n’avait pas été réglé.

En 1980, 10 % des Russes les plus aisés possédaient 21 % des richesses produites. La même année, 10 % des Chinois les plus riches captaient 27 % du montant total des revenus. Pour ces deux pays, ces valeurs sont respectivement passées en 2017 à 46 % et à 41 %, ce qui les place aujourd’hui devant l’Europe et derrière les États-Unis.

Privatiser les profits et nationaliser les pertes

Le rapport note également que ce sont les plus riches qui ont bénéficié le plus de la croissance permise par ce système économique. Le 1 % représentant les plus nantis a ainsi capté 27 % des richesses produites au cours des 40 dernières années. Les 50 % les plus pauvres ont dû se contenter d’une hausse de 12 % des revenus qu’ils se partagent durant la même période.

Au sein de cette moitié de la population mondiale, la situation n’est pas uniforme. La hausse des revenus chez les plus pauvres a ainsi été plus importante dans les pays émergents. Ceux qui ont vu leur revenu augmenter le plus faiblement sont « la classe moyenne mondiale », composée des classes moyennes et populaires d’Europe et d’Amérique du Nord. Cette situation n’est pas étonnante, car ce sont les principales cibles des politiques d’austérité et de privatisation menées depuis 40 ans dans ces régions du monde.

De plus, le rapport constate une diminution de la richesse publique partout dans le monde alors que sur la même période, les détenteurs de patrimoine privé se sont enrichis. C’est la preuve d’un transfert organisé du bien public vers les intérêts privés. Cela correspond à une logique du système en place : privatiser les profits et nationaliser les pertes. Cela avait été mis en œuvre lors de la crise des subprimes. Ce sont les États qui ont mobilisé des fonds publics considérables pour sauver des banques victimes de spéculations hasardeuses. La dette privée devient de la dette publique, prétexte choisi pour accentuer les politiques d’austérité à l’œuvre depuis 40 ans. Dans le même temps, les intérêts des plus riches sont protégés. Le Budget 2018 de la France en est l’illustration, avec un cadeau fiscal de 3 milliards d’euros à la tranche des plus riches contribuables.

La Réunion dans ce système

La Réunion est intégrée à ce système qui domine le monde. Les lois votées en France s’y appliquent mécaniquement. Elles structurent la transformation des transferts publics en profits privés. Avec la main-mise des groupes extérieurs sur l’économie réunionnaise, ces profits créés grâce à l’argent public retournent souvent en Europe. La Réunion n’est alors qu’un intermédiaire dans une transaction qui équivaut à une subvention de l’État français à des entreprises privées de son pays implantées dans d’anciennes colonies intégrées à la République.

Au final, la puissance publique ressort affaiblie tandis que le privé se renforce. Ce système contribue aussi à faire de La Réunion un territoire plus inégalitaire que la France.

Le rapport sur les inégalités mondiales met donc l’accent sur les conséquences de l’extension dans le monde du système capitaliste. Si cette tendance se poursuit, les inégalités vont s’aggraver. Pour que l’égalité entre tous les êtres humains ne soient pas un vain mot, il est donc nécessaire de dépasser de système.

M.M.

MondialisationA la Une de l’actuImpasse du modèle

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus