Les enjeux réunionnais des élections européennes —6—

Proposer une alternative solidaire au libre-échange destructeur d’emplois

18 mai 2009, par Risham Badroudine

Nous avons analysé les différents enjeux de ces élections européennes : l’Octroi de mer, la menace sur les planteurs, les fonds structurels et les Accords de Partenariat Economique (APE). La menace est aujourd’hui réelle. Le modèle qui nous a permis de bénéficier d’une solidarité est manifestement en fin de vie, attaqué de toute part dans une Europe qui a profondément changé. Le peuple doit être informé et prendre ses décisions. Comme lorsqu’il a dit « non » à la loi de l’Europe sur la « concurrence libre et non faussé ». Or, malgré ce vote, c’est la doctrine de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) au nom de l’ultralibéralisme qui est aujourd’hui appliquée. C’est une ligne politique. Ligne politique défendue par les partis politiques de l’alternance à Paris : l’UMP et le PS. Et c’est cette ligne politique qu’il faut combattre. Comme le souligne Elie Hoarau, « la France et l’Europe cassent la politique sociale mis en place à la fin de la guerre. Aujourd’hui, nou peut oblige l’Europe a arèt cette politique ultra-libérale pour une Europe sociale et solidaire ».

Menace sur l’octroi de mer

L’Union Européenne a déjà prévu la suppression de l’Octroi de mer. Si la Commission Européenne passe à l’acte, la TVA va doubler (19,5 %) car le droit commun sera appliqué à La Réunion. Les communes verront leur budget amputé (rappelons que l’Octroi de Mer représente près de 350 millions d’euros). La conséquence sera une augmentation inévitable des impôts locaux. De même, les producteurs locaux seront menacés de ruine car l’octroi de mer permet de protéger la production locale.

Danger pour les planteurs

Egalement, de sérieuses menaces pèsent sur les planteurs. Les filières canne à La Réunion et banane aux Antilles ont bénéficié jusqu’à présent de quotas et de prix garantis, dans le cadre de l’Organisation communautaire de marché de l’Union européenne. Or, l’Union européenne s’intègre chaque jour davantage dans la mondialisation des échanges commerciaux. Elle doit donc s’adapter aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Celle-ci exige de plus en plus la suppression des quotas, des prix garantis et des aides publiques dans le cadre d’une économie libérale. De ce fait, de sérieuses menaces pèsent sur la profession à La Réunion. Nous devons défendre les intérêts de nos planteurs auprès de l’Europe et développer notre filière agricole en se fixant pour objectif l’autosuffisance alimentaire.

Les fonds structurels en péril

Avec l’élargissement de l’Union Européenne vers les pays de l’Est de l’Europe, les aides européennes disponibles vont aller en prioritairement vers ces régions plus pauvres. En 2013, les RUP (Régions Ultrapériphériques) risquent de subir une baisse des subventions, notamment en faveur des grands équipements indispensables à notre développement : routes, ports, aéroports, collèges lycées… C’est une perte importante pour notre économie. Rappelons que La Réunion a le taux de chômage le plus important des régions européennes, que 52% de notre population vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est pour ces raisons qu’il faudra continuer à se battre pour que l’Outre-mer et en particulier La Réunion continue d’être éligible à l’Objectif Convergence de l’Union Européenne afin de continuer à bénéficier des différents fonds pour notre développement.

Des emplois menacés avec les APE

Avec les APE (Accord de Partenariat Economique), les produits des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) pourront entrer à La Réunion sans droit de douane et entreront en concurrence directe avec les produits réunionnais. De nombreux emplois sont donc menacés.
C’est la doctrine de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) au nom de l’ultralibéralisme qui demande la fin de l’Octroi de mer, la baisse du prix du sucre pour les planteurs, ou les APE. C’est une ligne politique. Et tous les autres partis politiques sont aujourd’hui d’accord avec cette ligne, de l’UMP au PS. Rappelons que les socialistes, avec Dominique Strauss Khan au FMI (Fonds Monétaire International) et Pascal Lamy à l’OMC, sont à la tête de ces deux organismes qui défendent les valeurs d’un monde ultralibéral.

Combattre la doctrine ultralibérale

Tous ces partis politiques, de l’UMP au PS en passant par les Verts, ne voient les DOM qu’à partir du prisme parisien.
Il faut aujourd’hui dire non au diktat d’une Europe ultralibérale qui ne prend pas en compte la crise structurelle de l’Outre-mer issue de la colonisation et du refus par Paris d’écouter les propositions des peuples des Outre-mer pour le développement de leurs pays.

Risham Badroudine

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